Jack Nicholson
fiches ? »
Alors qu’il observait le tournage, l’essayiste Bill Davidson surprit Jack en train de se plaindre à haute voix (« encore un jour, encore 21 000 dollars ») tandis que Brando et Penn se disputaient au sujet d’une scène et que le rythme du tournage ralentissait. Le cachet de Jack était une consolation. « Il avait divisé son cachet d’un million pour 47,5 jours de travail en un salaire quotidien qui était presque calculé au penny près », notait Davidson dans le Daily Times Magazine.
Brando tapait également sur les nerfs de Harry Dean Stanton. Dans l’une des dernières scènes de l’acteur, son personnage, le justicier, devait poursuivre Calvin (Stanton) et le tuer en lui transperçant le crâne avec une « étoile de Bethlehem ». Avant le tournage de la scène, Stanton sauta sur Brando, le plaqua au sol et arracha la robe que portait le plus grand acteur de toute l’Amérique. « Je ne pouvais pas me faire à l’idée que j’allais mourir sous la main d’un homme qui portait une robe », déclara plus tard Stanton au cours d’une interview.
Pour être juste vis-à-vis de Nicholson, il faut dire que Brando avait fait pencher son personnage du côté du vaudeville et du cabaret. Il était déterminé à éclipser Jack en faisant le clown, et ses clowneries étaient brillantes. De ce fait, Jack devait se coltiner un lourd fardeau : il lui fallait jouer les scènes sérieusement et ainsi porter sur ses épaules la ligne narrative.
Alors que le tournage avançait, Nicholson commença à s’inquiéter en se disant qu’il avait trop cédé à Brando, que son personnage allait être complètement effacé de l’écran. Il lui semblait que Tom Logan avait besoin d’un crescendo dramatique de quelque sorte que ce soit. La scène explosive, sa spécialité, représentait pour lui non seulement une soupape de sûreté, mais aussi une sorte de « doudou » qui le rassurait quand tout semblait aller mal.
Il y eut une scène qui agaça particulièrement Jack. Il s’agissait de celle où le justicier, étendu dans sa baignoire et couvert de mousse, se retrouve coincé par un Logan armé.
« Je me rappelle d’une phrase clé que Jack n’arrêtait pas de répéter, comme une sorte d’hymne : "Je ne peux pas à aller au fond des choses.", se souvient McGuane. Jack trouvait que son rôle engendrait beaucoup de contraintes si bien qu’il n’avait jamais l’impression de pouvoir aller au fond des choses. Et ça ne le rendait pas heureux. Jack voulait toujours faire sa crise de colère brevetée. Et il voulait d’ailleurs la faire dans la scène bizarre de la baignoire. J’ai refusé de l’écrire. »
Dans cette scène, caractéristique de la dynamique des deux stars, Brando faisait le dos rond et jouait les minettes. Le justicier défiait littéralement Logan de lui tirer dessus, présentant même ses fesses nues comme cible. Brando avait rendu son personnage si vulnérable, si passif, si « accessible » que le personnage de Jack ne pouvait agir. Tom Logan n’avait pas d’autre choix que de faire marche arrière.
Jack détesta la passivité de cette scène. « Ça a été une rude journée pour Jack, parce que c’était un truc vraiment difficile à accepter pour un acteur », dit Penn.
Les choses prirent une tournure étrange. Une fois ses cinq semaines de travail achevées, Brando déclara qu’il était tellement content de son travail et de la splendeur pittoresque des lieux qu’il souhaitait prolonger son séjour. Quoiqu’il évitât le plateau, il continua de vivre dans sa caravane avec Christian. Il jouait de son bongo et passait ses soirées au guidon d’une Honda sur les pistes de montagne.
Mais même après le départ de Brando, les problèmes continuèrent à se multiplier. Il n’y avait pas que de son partenaire masculin que Jack devait se méfier. Il s’agissait là du premier film véritablement romantique de sa période post-Easy Rider – un film dans lequel son personnage faisait la cour à une actrice et tombait éperdument amoureux – et Jack rencontrait les mêmes problèmes à l’écran que, parfois, à la ville.
Comme cela s’était déjà produit avec Ann Robinson, qui était censée être son happy end dans The King of Marvin Gardens, Jack découvrit sur le terrain qu’il ne pouvait faire naître aucune alchimie émotionnelle ou physique entre lui et Kathleen Lloyd. Lloyd était une féministe militante au caractère
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