Jack Nicholson
DeVito, dès l’époque où ce dernier avait fait ses débuts à l’écran dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. Après Vol au dessus d’un nid de coucou, Jack avait recommandé DeVito à quasiment tous les réalisateurs avec qui il avait travaillé (certains, comme Arthur Penn, avaient choisi de ne pas l’engager). Il avait dirigé DeVito dans En route vers le sud et lui avait donné la réplique dans Tendres passions (où DeVito jouait le rôle secondaire de l’un des prétendants malchanceux d’Aurora).
Les deux hommes partageaient une complicité liée à leurs origines, DeVito étant lui aussi né à Neptune et ayant tout comme Jack grandi à Asbury Park. L’acteur avait par ailleurs dans sa jeunesse fait des mises en plis dans le salon de coiffure de sa sœur. Durant les quatre longs et difficiles mois de tournage de Hoffa qui les emmenèrent à Detroit, Chicago et Pittsburgh, Nicholson et DeVito partagèrent leurs souvenirs « de personnages pittoresques et de private jokes », put-on lire dans un portrait de DeVito publié dans Vogue.
« On ne se connaissait pas à cette époque, déclara DeVito à un journaliste, mais j’avais un cousin qui était très proche de la sœur de Jack (Lorraine). J’ai beaucoup entendu parler de lui. Quand on était dans un café, il y avait toujours des discussions sur le jeune Nicholson qui était parti en Californie pour devenir acteur. » Le nom de la société de production de DeVito : Jersey Films.
Jersey était synonyme de famille, et le casting d’acteurs secondaires était rempli d’êtres chers aux yeux de Nicholson : John Ryan (qui avait fait sa première apparition à l’écran dans Cinq pièces faciles et qui avait probablement depuis joué dans plus de films de Nicholson que n’importe qui, mis à part Nicholson lui-même) dans le rôle de l’un des syndicalistes rivaux de Hoffa et John Hackett dans un autre petit rôle. Jennifer, la fille de Nicholson, faisait ses débuts à l’écran en interprétant une nonne dans une scène avec son père. Don Devlin avait à moitié pris sa retraite, mais Harold Schneider faisait toujours partie de l’équipe de ceux qui tiraient les ficelles.
Les autres acteurs de ce film tentaculaire au budget de 40 millions de dollars – qui retraçait cinq décennies de la vie de Hoffa, de ses premiers pas dans le syndicalisme et sa renommée nationale, à la trahison dont il avait été victime et son assassinat (selon la vision des choses de David Mamet) – étaient Armand Assante, J.T. Walsh, Robert Prosky, Cliff Gorman, et DeVito. DeVito ne se contenta pas de réaliser le film, il joua aussi avec beaucoup de talent un personnage qui était une synthèse du bras droit de Hoffa et de son fils adoptif, Chuckie O’Brien.
Pour interpréter Hoffa, Nicholson altéra son visage à l’aide d’un subtil maquillage et d’un faux nez et se fit coiffer comme le représentant syndical. Il s’agissait là d’artifices mineurs, mais l’illusion d’optique qu’ils créaient était telle que le maquillage de Hoffa fut nominé aux Oscars (aux côtés de ceux, beaucoup plus voyants, de Batman, le défi et de Dracula). Nicholson lut des livres et visionna des reportages sur Hoffa (il pouvait « ressortir textuellement toute une interview de Hoffa par Dick Cavett », put-on lire dans Vogue), et il rencontra les proches de Hoffa, l’avocat général de son procès, et ses amis syndicalistes.
D’un point de vue psychologique, Jack pouvait s’identifier à Hoffa. Hoffa avait beau avoir conclu un pacte faustien avec la mafia, avoir été calomnié par la presse, avoir fait l’objet d’une vendetta menée par les Kennedy, pour ses partisans, il était pratiquement un saint. L’acteur n’était-il pas lui aussi mal compris par beaucoup de gens qui pensaient « connaître » Jack Nicholson ?
« Vous savez, la plupart des gens me voient comme un type complètement dingue, capable de sauter d’un immeuble ou des trucs comme ça. Pour ma part, j’essaie de dissocier ma vie (personnelle) de mon travail (public), mais pour ce qui était de Hoffa, il y avait beaucoup de gens qui avaient intérêt à créer une image de lui qui n’avait rien de positif. »
Mamet, DeVito et Nicholson avaient intérêt à faire le contraire : à créer une image positive de Hoffa. DeVito prenait également le parti de Hoffa lors des interviews. « Si c’était un type comme Hoffa qui dirigeait le pays, je crois que je
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