Jack Nicholson
lorsqu’ils étaient adolescents) résidait également avec sa femme dans l’un des immeubles du groupe.
Furcillo-Rose avait quitté le show-business. Reproduisant étrangement l’ancienne occupation d’Ethel May, il dirigeait désormais une série de salons de beauté. Il possédait aussi des chevaux, participait à des courses, et écrivait des articles sur le golf dans des journaux locaux.
L’autre candidat potentiel à la paternité de Jack, Eddie King, résidait lui aussi dans les environs, et continuait de vivre de son travail de musicien et d’acteur. King était resté proche de la famille Nicholson. Plus tard, Eddie King Jr, l’enfant qu’avait eu Eddie King de son mariage avec l’une de ses partenaires danseuses, s’installa dans la résidence de Walnut Street où vivaient Lorraine et Ethel May.
Ethel May et Victoria Rose étaient toujours très amies. Quand la petite Donna venait à Walnut Street, elle s’asseyait parfois devant la piscine pour tenir compagnie aux deux vieilles femmes. Elle les considérait toutes les deux comme ses grands-mères. Si tout ce qui touchait à Jack restait un sujet délicat, Victoria avait conservé l’album qu’elle avait confectionné dans les années 1930 avec des coupures de journaux locaux et les lettres que s’étaient échangées June et Don, un document qui fournissait quelques indications sur Jack.
Parfois, la situation rendait Furcillo-Rose complètement fou ; parfois, il acceptait stoïquement la frustration et la tristesse qu’il ressentait, et essayait de vivre dans le présent. Mais si quelqu’un l’interrogeait sur June Nicholson, il n’hésitait pas à dire qu’il avait eu un enfant avec elle, un fils qu’Ethel May lui avait demandé de renier et qui vivait désormais dans la lointaine Californie.
Furcillo-Rose se concentrait désormais sur Donna, la prunelle de ses yeux. Donna se préparait à entrer au lycée à Two Rivers, où sa mère travaillait depuis longtemps comme professeur d’art. Parmi les camarades de Donna, il y avait tout un groupe d’adolescents de la côte nord, les enfants des membres du cercle qui avaient connu June et Don dans les années 1930, enfants qui avaient grandi en écoutant les rumeurs au sujet de l’acteur Jack Nicholson. Les visites de Jack dans le New Jersey se firent de moins en moins fréquentes, limitées à un court séjour en été quand il trouvait assez de temps et d’argent pour prendre un billet d’avion. Nicholson ressentait déjà la distance qui séparait l’endroit où il était venu au monde et celui vers lequel il se dirigeait. Ce qui rendait ses visites de plus en plus tendues.
Les anciens voisins et camarades de classe de Jack qui rencontrèrent le jeune acteur sur les plages du New Jersey au début des années 1960 furent frappés par la façon dont l’ancien vice-président de la classe de dernière année avait changé. Il était mince. Il ne se coiffait plus. Il portait des sandales et des jeans. Il parlait des vertus de la marijuana et commit l’erreur de proposer des joints aux mauvaises personnes. La côte nord était restée une poche de culture de l’ère Eisenhower, pas tout à fait prête pour les chocs sismiques culturels des sixties.
Vers la fin de l’année 1963 ou le début de l’année 1964, Jack passa de l’herbe au haschisch, et même à des drogues plus puissantes, telles que le LSD (acide lysergique diéthylamide). Cette drogue fabriquée en laboratoire, puissant hallucinogène, n’en était qu’à son stade expérimental sur la côte ouest, où on lui attribuait une valeur thérapeutique légale. Les gens qui consommaient du LSD étaient transportés vers un état mental anormal qui engendrait généralement hyperactivité, profonde anxiété, visions oniriques et sens accru de la perception. Les artistes et les intellectuels, notamment, recherchaient dans cette expérience qui ouvrait l’esprit un moyen de progresser d’un point de vue créatif xxi .
« À cette époque, avant l’ère hippie, la plupart d’entre nous considérions le LSD comme une expérience religieuse, religieuse dans le sens d’extension de l’esprit et de la conscience », explique John Hackett, l’un des amis de Nicholson. « On faisait très attention. À l’époque, il y avait deux règles à respecter. Un, il fallait le prendre avec un voyageur très expérimenté qui ne faisait lui-même pas de trip au même moment ; et deux, au cours de la séance, il y avait
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