Jack Nicholson
positive. Pour décrire l’expérience du héros de The Trip avec l’acide, Nicholson parle d’un voyage mental dans des montagnes russes. Mais quand American International Pictures décida de mettre un cadre à la fin du film et de le briser comme du verre – pour représenter les répercussions négatives de l’usage du LSD –, Jack, Peter Fonda, Roger Corman, et plusieurs autres personnes liées à The Trip entrèrent dans une colère noire. Ils voulaient que l’accent soit mis sur les hauts, et non sur les bas.
Au départ, la prise d’acides était considérée comme une expérience émotionnelle et créative, voire médicinale, dans le cas de Nicholson. Mais très vite, pour certains membres du cercle, Jack compris, le LSD devint une forme de divertissement. Dans la vie de Jack, l’addiction à cette drogue et quelques autres deviendrait l’équivalent de la dépendance à l’alcool, qui avait marqué l’histoire familiale.
Robert Lippert continuait d’offrir de meilleures opportunités de carrière que Roger Corman.
La spécialité de Lippert était les « runaway productions », c’est-à-dire les films tournés à l’étranger avec du matériel et des équipes de production bon marché (comprenez « non syndiqués »). Thunder Island avait rempli tous les critères de Lippert Productions, et Roos était à la recherche d’un autre projet de ce type qu’il pourrait proposer à Nicholson et à son cercle d’amis.
Il y avait deux projets qui offraient des possibilités d’emplois. Le premier, Back Door to Hell, traînait dans les bureaux depuis un certain temps. Il s’agissait d’un film sur la seconde guerre mondiale qui narrait l’histoire de trois soldats partant pour une île d’Extrême-Orient afin d’effectuer une dangereuse mission de reconnaissance. Le scénario avait besoin d’être complètement réécrit.
L’autre, Flight to Fury, n’était que l’ébauche d’une idée qui était née dans le cerveau de Roos. Il s’agissait cette fois de l’histoire d’un psychopathe qui recherchait en Asie l’endroit où avaient été cachés des bijoux volés. Le script de Flight to Fury avait quant à lui besoin d’être développé.
Au printemps 1964, Lippert envoya Roos aux Philippines pour superviser la production de deux films de Jock Mahoney, Moro Witch Doctor et Les murailles de l’enfer. Assez « orientophile » (on peut d’ailleurs voir en cela les racines de la longue association de Roos en tant que producteur avec Francis Ford Coppola, dont le film Apocalypse Now fut également tourné aux Philippines), Roos adora les Philippines et se dit qu’il pourrait facilement y produire Back Door to Hell et Flight to Fury pour un total d’environ 160 000 dollars.
Roos obtint le feu vert de Lippert. Impressionné par le style visuel baroque de L’Halluciné, qui lui plaisait d’autant plus qu’il connaissait l’histoire de sa réalisation en patchwork, Roos encouragea Lippert à engager soit Francis Ford Coppola soit Monte Hellman pour mettre en scène les deux films philippins.
Roos demanda à John Hackett de remanier le script de Back Door to Hell, tandis que Jack se vit assigner la tâche plus compliquée de créer un script à partir de rien pour Flight to Fury. Nicholson étant sur le projet, le choix du réalisateur se porta sur Hellman, qui était alors son co-scénariste. Lippert accepta toutes les recommandations de Roos. Roos faisait entièrement confiance à Jack, et Lippert faisait entièrement confiance à Roos.
Nicholson sauta sur l’occasion qui se présentait à lui. Mais en partie parce que son bébé, Jennifer, venait de naître, et en partie parce qu’il aimait jouer les jeunes filles effarouchées lors des négociations, Jack annonça à la surprise générale qu’il n’était pas sûr de vouloir rester aux Philippines pendant plusieurs mois pour jouer un rôle dans les deux films. Il déclara qu’il n’avait pas tellement envie de quitter sa famille pendant un laps de temps si long.
Déjà à cette époque, Nicholson savait se montrer très rusé quand il s’agissait de signer un contrat, et ses réticences représentaient en réalité un stratagème visant à faire monter les enchères. « Il s’est montré réticent pour aller aux Philippines, se souvient Hellman. Et il s’est tellement montré réticent qu’il a réussi à décrocher un meilleur contrat que tous les autres. Il a touché deux fois plus d’argent que moi.
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