Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
dirigeait vers l’Hôtel Saint-Pol. Près d’elle marchait Passavant. Bois-Redon était soucieux et se disait : Qui sait si ce n’est pas le nouveau capitaine des gardes de la reine ? Bruscaille, Bragaille et Brancaillon boitaient, mais fiers comme ils ne l’avaient jamais été, se disaient : Nous sommes l’escorte du chevalier de Passavant !
    On arriva à l’Hôtel Saint-Pol.
    Bois-Redon appela, cria le mot de passe, jura, tempêta jusqu’à ce que le passage fût libre. Au moment de s’engager sur le pont-levis, la reine regarda fixement le chevalier, et, d’un accent glacial :
    – Si vous avez peur, vous êtes libre de vous retirer.
    Passavant, pour toute réponse, marcha en avant. Bientôt il fut sous la voûte qui séparait les deux grosses tours de garde. Il entendit la grand’porte se refermer derrière lui. Il eut un long frisson, mais, maîtrisant ses nerfs, il marcha résolument vers le palais de la reine.
    Cependant, une scène courte mais intéressante pour nous se déroulait devant la grand’porte de l’Hôtel Saint-Pol. En effet, lorsqu’ils virent le chevalier entrer dans la forteresse royale, Bruscaille, Bragaille et Brancaillon, naturellement, voulurent entrer aussi, Bois-Redon les arrêta un moment, attendit que la reine et Passavant fussent assez loin, puis repoussant Brancaillon d’une secousse :
    – Hors d’ici ! fit-il rudement. L’Hôtel Saint-Pol n’est pas un chenil, je pense !
    Brancaillon, qui avait fléchi sous le coup, Brancaillon, qui se croyait l’homme le plus fort de Paris, toisa Bois-Redon, non sans quelque jalouse admiration, et dit simplement :
    – Tiens ! Vous êtes fort, vous !
    Bois-Redon, à son tour, inspecta Brancaillon en connaisseur. Lui aussi se croyait l’homme le plus fort de Paris. Le compliment de cet autre colosse le toucha. Mais revenant à son idée :
    – Oui, je suis fort, et je vous le montrerai à tous trois quand vous voudrez. En attendant, hors d’ici !
    – Mais, objecta Bruscaille comme un irrésistible argument, puisque nous sommes son escorte !
    – L’escorte de qui ? hurla Bois-Redon. De la reine, peut-être ?
    Ils haussèrent les épaules. Et Bragaille, simplement :
    – L’escorte du chevalier de Passavant ! Vous l’avez bien entendu ?
    Le capitaine déjà s’en allait et disparaissait dans l’Hôtel Saint-Pol. Quelques instants plus tard, les trois délivrés virent sortir une quinzaine d’archers qui criaient ; « Au large, truands ! »
    – Diable ! fit Bruscaille, il va grêler tout à l’heure. Allons-nous-en !
    – Pourtant, dit Brancaillon en levant le nez, le temps est clair…
    Quelques flèches qui sifflèrent lui apprirent de quelle grêle Bruscaille avait voulu parler. Tous trois détalèrent, et, comme la nuit était encore profonde aucun d’eux ne fut atteint. Assemblés dans un angle que formaient deux maisons, ils tinrent conseil.
    – Nous sommes sans gîte, dit Bruscaille qui résuma la situation. Nous ne possédons pas une maille à nous trois. Nous sommes affaiblis par les damnées cordes du sorcier. Nous avons faim. Nous avons soif. Nous avons froid. Voilà. Que devons-nous faire ?
    – J’ai une idée, dit Bragaille : nous irons passer le reste de la nuit dans l’église de Saint-Jacques de la Boucherie, c’est un lieu d’asile.
    – Oui, et le sieur Gendry qui devait être pendu s’en est bien aperçu, puisque, s’étant réfugié dans Saint-Jacques de la Boucherie, on l’y laissa mourir de faim plutôt que de le saisir pour le pendre.
    – Je connais le bedeau, insista Bragaille.
    – Nous donnera-t-il à manger et à boire ?
    – Non, bien qu’il ait souvent des provisions de galettes qu’on lui apporte pour payer les cierges qu’il ne met pas, le ladre.
    – Eh bien, fit Bruscaille, voici, mon idée à moi : Nous devons retourner à l’hôtel de Bourgogne et dire à Monseigneur : voyez que nous avons la peau dure à cuire puisque nous avons échappé au sorcier à qui vous nous avez fait porter tout endormis…
    – Et alors ? fit Bragaille goguenard.
    – Alors, monseigneur sera saisi d’admiration et nous gardera.
    – Pour nous pendre… Non, je n’irai pas.
    – J’ai une idée, fit tout à coup Brancaillon.
    – Toi ? s’écrièrent-ils d’un ton qui n’avait rien de flatteur.
    – Je vous emmène chez Marion Bonnecoste qui a un faible pour moi, comme vous savez ou ne savez pas ; je la connais, c’est une bonne

Weitere Kostenlose Bücher