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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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temps ? Alors qu’il y a dans le cerveau humain de fabuleux trésors de sensations qu’il faut découvrir, se contenter de ces quelques infiniment pauvres impressions qu’on ose appeler amour, joie, délire… allons donc ! Il faut vivre ! Il faut découvrir l’homme ! Il faut lever l’un après l’autre ces voiles épais qui couvrent sa vue, son oreille, tous ses sens… Il faut le temps ! Il faut l’éternité !…
    Passavant frémissait et frissonnait.
    Ce fut étrange. Doucement, il rengaina sa dague.
    Saïtano l’avait-il donc subjugué, conquis, émerveillé ?… Non. Ne faisons pas notre chevalier plus beau qu’il n’était. Tout simplement, il songeait :
    – C’est un fou. Comment oserais-je faire du mal à un pauvre fou ?
    Avait-il raison ? Oui, sans doute. Ce n’était pas un homme de rêve que notre pauvre chevalier. Seulement, son cœur venait de parler. Et qui sait si ce n’est pas là la suprême science ?
    Quant à Saïtano, peu à peu, il se calmait. Il avait dédaigné de remarquer le geste magnanime du chevalier. Il se pencha sur lui, et d’une voix extraordinairement douce :
    – Mon enfant, vous me plaisez. Nul ne m’a plu autant que vous. Je vois en vous un être exceptionnel puisque vous avez pu me charmer moi-même. Vos projets à mon égard importent peu. Ne me tuez pas, c’est tout. Le reste est peu de chose. Si vous me mutilez, comme vous en avez l’intention, je souffrirai et ma souffrance ne vous donnera aucune satisfaction… votre cœur n’est pas fait pour se plaire à des douleurs. Je vous parle comme à l’un des meilleurs êtres que j’aie connus au monde.
    – Mais alors, s’écria naturellement le chevalier, pourquoi diable avez-vous essayé de me tuer ? Je ne parle pas des carrières, mais de la table de marbre !…
    Saïtano répondit :
    – Je voulais vous ressusciter. Comprenez-vous ? Mais comprenez donc que je poursuis la découverte sublime qui fera de l’homme le maître du temps et de l’espace ! Mais saisissez donc que je tente la grande, la merveilleuse expérience ! Vous ne savez pas ce qu’on peut faire avec la transfusion du sang ! Les pauvres expériences tentées par Nicolas Flamel avec des animaux ont donné des résultats capables d’affoler la raison humaine. Or j’ai volé les formules de Nicolas Flamel. Comme lui, j’ai fait de l’or, j’ai fait des diamants. Comme lui, j’ai, par des transfusions de sang, de nerfs, de muscles, de cerveaux, obtenu la transformation des bêtes. Vous ne savez pas ! vous ne savez pas que la vie, en apparence éteinte, peut se rallumer, que du sang vivant versé dans les veines vidées d’un cadavre peut faire revivre ce cadavre !… Et alors… ne voyez-vous pas que c’est la fenêtre ouverte sur le mystère du Grand Œuvre ! Ne comprenez-vous pas que si j’étais parvenu à faire palpiter votre cœur, « à vous, mort », c’était la définitive preuve que l’homme peut faire la vie !…
    Le sorcier s’arrêta pour respirer longuement, puis continua avec la même fougue furieuse :
    – Faire de la vie ! Suspendre la mort ! Écoutez, écoutez ! Déjà j’ai composé l’élixir sacré capable de remettre en mouvement le balancier arrêté, le cœur qui règle le grand mécanisme. Oui, vous dis-je ! Cet élixir, cette liqueur qui est déjà dans mes mains une arme terrible, je l’ai composée, moi, Saïtano, et je l’ai éprouvée sur un cadavre qui s’est remis à vivre : le cadavre de Laurence d’Ambrun !
    Le chevalier de Passavant fut aussitôt debout, très pâle, frémissant.
    – Sorcier, gronda-t-il sourdement, tu as dit le cadavre de Laurence d’Ambrun !
    – Eh oui ! Laurence d’Ambrun ! Celle-là même que vous appeliez votre sœur ! Celle-là même que votre généreuse mère avait accueillie en son logis ! Celle-là même à qui vous avez continué cette hospitalité. Je l’ai vue morte… et je l’ai vue revivre !
    Une secrète terreur commençait à s’infiltrer dans l’esprit du jeune homme. Et en même temps, un ardent désir d’en savoir plus long le tourmentait. Il cria :
    – Parleras-tu, cette fois ? Diras-tu cette fois la vérité ?
    – Oui, par le ciel ! Toute la vérité que je pourrai dire en ce moment, je la dirai. Car je vois bien que le destin ne vous a pas marqué pour la grande expérience, je vois que vous êtes suscité par les puissances contre le seul homme qui m’ait inspiré une haine

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