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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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de Poulangy,
qui ont accompagné tous deux Jeanne à Chinon. Le premier convient mal dans la
mesure où c’est un simple écuyer qui habite Vaucouleurs et semble n’avoir
jamais vu Jeanne avant qu’elle ne se présente à Baudricourt. Le second convient
mieux : il est chevalier et il a fréquenté Domrémy, on ne sait trop à
quelle date. Est-ce lui qui entraîne Jeanne à l’abri des hauts murs du château
de l’Isle ? Les Bourguignons au XV e siècle optaient plutôt pour
des connaissances discrètement acquises auprès des hommes d’armes qui fréquentaient
l’auberge de La Rousse à Neufchâteau ! L’élève Jeanne avait pour elle, de
toute façon, son côté garçon manqué et son courage.
     

Auprès des
dames ?
    A contrario, les bonnes manières et les prières
s’apprennent toujours au Moyen Âge auprès du sexe féminin : mères,
marraines, épouses du seigneur local. Mais à Domrémy, qui est un petit village,
les dames sont rares, d’autant que le seigneur n’y réside plus depuis 1412.
C’est au passé que les témoins de 1456 expliquent que les mère et épouse de
Pierre de Bourlémont venaient jadis une fois l’an sous l’Arbre, le jour des
Fontaines. Mais cela ne leur aurait pas donné beaucoup de temps pour former
Jeannette, laquelle venait tout juste de naître en 1412 ! Depuis, elles ne
sont pas revenues.
    Nos mythographes cherchent. Le témoignage de Jean Morel,
l’un des nombreux parrains de la Pucelle, établirait, pensent-ils [31] , l’existence de rencontres entre Jeanne
et de gentes dames à l’ermitage de Bermont. Le témoignage est ici truqué. Jean
Morel dit simplement que Jeanne allait fréquemment à Bermont. Elle n’y
rencontrait personne en particulier. Par ailleurs, il connaît bien des dames
qui résident en quelque sorte de façon stable au village. Ce sont les fées de
l’Arbre ! Mais les fées marraines ou enseignantes de nos contes de
Perrault n’apparaissent guère avant le début du XVII e siècle. Les
fées ou dames de Domrémy sont seulement les garantes des récoltes paysannes. Ni
nobles, ni enseignantes, ni d’ailleurs réelles.
     

Yolande d’Aragon ?
    Le surgissement de la reine Yolande dans l’histoire de
Jeanne d’Arc est chose récente. Yolande est la fille du roi d’Aragon,
Jean I er et de Yolande de Bar. Née vers 1380, elle épouse à
vingt ans Louis II d’Anjou, comte de Provence et roi des Deux-Siciles.
Elle lui donnera six enfants (dont Marie, épouse de Charles VII, et le bon
roi René). Veuve en 1417, elle s’affirme comme une excellente politique,
plaçant ses hommes auprès du dauphin, sans jamais oublier les intérêts du clan
angevin. Elle assure à René la succession de Bar, par adoption, et la
succession de Lorraine, par mariage. Elle s’affirme en Provence et finance les
expéditions en Italie de son fils Louis III comme elle l’avait fait pour
celles de son époux. Cultivée, pieuse, habile, la reine de Sicile a fait le
succès de l’État angevin durant trente ans. A-t-elle pour autant fait le succès
de Charles VII et inventé Jeanne, comme les mythographes le disent ?
C’est beaucoup moins certain.
    Yolande fait une entrée assez discrète dans la biographie de
Charles VII, écrite par Vallet de Viriville en 1862. « Il suffirait
de réunir les traits épars de la reine pour reconstituer une physionomie des
plus attachantes… que le mystère recouvre, car l’intervention de Yolande n’eut
jamais rien d’officiel… » Autrement dit, il n’y a pas de preuves mais…
Yolande fut bien la « bonne mère » de Charles VII, qu’elle éleva
avec ses propres enfants quand les fiançailles du dauphin avec Marie eurent été
décidées. En revanche, jamais elle n’a répondu à la reine Isabeau [32]  : « Femme en puissance d’amant
n’a pas besoin d’enfant. Le garde mien. » Les chroniques de Bourdigné, ici
alléguées, sont muettes ! Par la suite, les mythographes attribuent
volontiers à l’absence de la reine Yolande toutes les catastrophes du règne
(meurtre de Jean sans Peur ou traité de Troyes) et à sa présence, toutes les
décisions judicieuses. Il est vrai que les Angevins sont nombreux et influents
dans l’entourage royal. Ont-ils pour autant favorisé l’arrivée de Jeanne
d’Arc ?
    Oui, disent les mythographes depuis Lesigne en 1889. Domrémy
est en Barrois, Baudricourt serait un fidèle de la maison d’Anjou qui
contrôlerait Vaucouleurs. Voilà deux affiliations bien

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