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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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se soustraire à une condamnation capitale… et voilà qu’on me le condamne comme un voleur de mouchoirs !
    Joséphine avait, avant le jugement, commis l’imprudence de joindre son opinion à celle de Fouché : le Premier consul n’aurait pas dû influencer les juges, ni donner à ses agents des ordres semblables. Bonaparte explosa :
    — Craignez, madame, que je n’en donne de plus sévères encore ! Gardez au moins le silence, ne me provoquez pas par une audace qui commence à détruire en moi toute disposition à l’indulgence.
    — Je n’en demanderai jamais pour eux, surtout si vous faites parler la justice, répliqua Joséphine, exaspérée.
    Ce fut l’une des occasions, peu nombreuses, où elle exprima son opinion sur un sujet politique, sans craindre de contrarier un époux qui devenait de plus en plus autoritaire, voire criminel. Elle ne souleva donc plus la question quand la peine de Moreau fut commuée en bannissement : il partirait pour l’Amérique.
    Il y eut tout de même vingt condamnations à mort, dont celle de Cadoudal.
    Joséphine crut pouvoir respirer plus librement. Erreur : une épreuve bien plus importante se préparait.

 
    27
 
L’ombre qui corrigeait les gestes
de son maître
    Jacobin ou monarchiste, partisan ou adversaire de Bonaparte, nul ne pouvait plus le nier : la France n’était gouvernée que par un seul homme. Et Joséphine vit enfler l’ambition de son époux jusqu’au point suprême : aucun fauteuil ne pourrait plus le satisfaire, il voulait un trône.
    Après avoir purgé le Tribunat d’une quinzaine de députés qui s’obstinaient dans leurs fantaisies républicaines, Bonaparte se vit offrir, ou plus exactement fit mine de se voir offrir le titre d’empereur. Le 28 floréal de l’an XII (18 mai 1804), les sénateurs arrivèrent à Saint-Cloud pour présenter à Napoléon Bonaparte le sénatus-consulte ou décret lui confiant le rôle d’empereur de la République.
    Empereur de la République, le choc des mots n’effrayait pas les tribuns. Il n’effraya pas Napoléon Bonaparte non plus. Des pièces de monnaie furent frappées portant sur le côté face « Napoléon Empereur » et sur le côté pile « République Française ». La face hilare de l’absurdité circula entre toutes les mains.
    Qu’y pouvait redire une créole, fût-elle la première bénéficiaire de cette métamorphose ?
    Avant de devenir Napoléon, Bonaparte avait beaucoup hésité sur le titre convenant au pouvoir suprême. « Roi », il ne pouvait, c’eût été se mettre à la place des Bourbons, donc à leur niveau, et il eût risqué de passer pour une contrefaçon, sinon un usurpateur. « Empereur » fut donc le titre qu’il arrêta, ce qui amusait beaucoup Talleyrand :
    — La combinaison de Charlemagne avec l’Empire romain lui a vraiment tourné la tête, confia-t-il à Mme de Rémusat.
    Vingt et un coups de canon firent vibrer l’air de la capitale. Le peuple commença à se familiariser avec ce prénom extraordinaire, Napoléon.
    C’était la conséquence du complot, jugea l’opinion. Quelles que fussent les réserves qu’elle conservait sur la façon dont le pouvoir avait dirigé l’enquête et les débats juridiques, le sentiment y prévalait qu’il y avait bien eu un complot. Les verdicts n’avaient pas encore été rendus – ils ne le furent que le 25 juin – que Bonaparte exploitait l’émotion populaire et franchissait le dernier pas le séparant du pouvoir absolu.
    Pour dissiper l’impression que cette tonitruante décision aurait été imposée au peuple par des députés serviles, Bonaparte décida qu’elle devrait être confirmée par plébiscite. Le peuple approuva le choix de ses chambres.
    Pour Joséphine, l’élévation de Napoléon Bonaparte au rang d’empereur donnait une nouvelle urgence au problème de la succession. Il en avait lui-même été conscient, car l’article IV du sénatus-consulte, évidemment rédigé sur ses indications formelles, spécifiait ceci : « Napoléon Bonaparte peut adopter les enfants ou petits-enfants de ses frères, pourvu qu’ils aient l’âge de dix-huit ans accomplis, et que lui-même n’ait pas d’enfants mâles au moment de l’adoption. Ses fils adoptifs entrent dans la ligne de sa descendance directe. Si, postérieurement à l’adoption, il lui survenait des enfants mâles, ses fils adoptifs ne peuvent être appelés qu’après ses descendants naturels et légitimes. »
    Le

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