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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Par des rapports de police, évidemment. Or, on sait que dès lors qu’ils abordent des histoires d’alcôve, par définition invérifiables, ces rapports doivent autant à la malveillance et à l’imagination des prétendus témoins qu’à la vérité. Mais ceux qui connaissaient Bonaparte de près pouvaient se demander comment il conciliait ses discours sur la moralité avec ses propres maîtresses. Et pourquoi il avait accordé son consentement au mariage de Talleyrand avec sa « honteuse » maîtresse.
    Bref, Lucien était écarté des discussions sur la succession. Mais Joseph et Louis n’en demeuraient pas moins pour Joséphine de redoutables adversaires.
    Fouché tenta de la rasséréner : la perspective pour Louis de devenir régent grâce à l’adoption de son fils par Napoléon atténuerait son hostilité ; car si Bonaparte divorçait pour en épouser une autre, celle-ci pourrait lui donner des héritiers, et les rêves de régence de Louis s’envoleraient pour toujours. Louis avait tout intérêt à maintenir le statu quo.
    Mais les Bonaparte n’étaient jamais contents. Le soir du 18 mai, après la proclamation du sénatus-consulte nommant Napoléon Bonaparte empereur, un grand dîner réunit la famille à Saint-Cloud. Les femmes furent toutes présentes, Laetitia, Élisa, Pauline et Caroline ; et elles furent toutes d’une humeur exécrable. La nomination de Joseph au titre de Grand Électeur et de Louis à celui de connétable les avait jetées dans une exaltation furieuse. Élisa et Caroline avaient fondu en larmes à l’idée qu’elles ne seraient que Mmes Bacciocchi et Murat. Joséphine et Hortense assistèrent à un déferlement de vapeurs sulfureuses dans un tapage ponctué d’évanouissements.
    On eût résumé tout cela en deux mots : « Et nous ? »
    — À vous entendre, s’écria Napoléon, on croirait que je vous ai volé l’héritage du feu roi notre père !
    Au risque de se rompre le cou, Caroline tomba par terre, en proie à une crise de nerfs. Aussi, elle était démonstrative.
    Pour calmer son monde, Napoléon mit les choses au clair quelques jours plus tard : sa mère serait Madame Mère, mère de Sa Majesté l’Empereur. Et ses soeurs seraient Altesses impériales.
    Elles furent bien contentes. Le calme revint. Ou peu s’en faut : la totalité du clan s’était parallèlement soudée autour d’une résolution ; Joséphine ne devrait en aucun cas être couronnée ni recevoir l’onction sacrée. Car il deviendrait alors impossible de déloger la Beauharnais.
    D’autres crises de nerfs restaient donc en réserve.
    Lit conjugal déserté, infidélités répétées, menaces sur la vie de son époux, les circonstances n’étaient guère riantes pour Joséphine au cours de l’hiver 1803-1804.
    Les sautes d’humeur de Napoléon devenaient alarmantes. Témoin l’affaire Despeaux. Un jour que l’une des marchandes de modes les plus fameuses, Mlle Despeaux, attendait dans le Salon bleu, près de la chambre à coucher de l’impératrice, que celle-ci voulût bien la recevoir, Napoléon fit irruption et la toisa.
    — Qui êtes-vous ? lui demanda-t-il d’un ton furieux.
    Quand elle eut décliné ses nom et qualités, il entra dans la chambre à coucher en criant comme un fou :
    — Qui a fait venir cette femme ? Je veux absolument le savoir !
    Mais personne n’avait mandé Mlle Despeaux, elle était venue de son fait pour proposer sa marchandise ; personne ne put donc répondre à l’Empereur. Cependant il était entré dans un accès de rage que Joséphine, qui prenait alors un bain de pieds, pendant que le coiffeur la frisait, ne savait comment conjurer. Et il criait comme un forcené :
    — Je veux connaître la coupable ! Je vous ferai toutes mettre en prison !
    Femmes de chambre, coiffeur, le personnel prit alors la fuite, épouvanté. Joséphine, terrifiée, resta seule avec sa première femme de chambre, Mlle Avrillion. L’Empereur sortit sans avoir décoléré. L’instant suivant, il fit appeler le duc de Rovigo et lui ordonna de faire arrêter Mlle Despeaux par la gendarmerie et de la faire incarcérer à la prison de la Force. Le duc tenta de le calmer ; en vain. La malheureuse marchande de modes passa la nuit au greffe.
    Le lendemain, Joséphine était allée prier son mari de révoquer l’ordre d’arrestation. Revenu à lui, il y avait consenti. La malheureuse Despeaux en était cependant tombée malade, et l’impératrice

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