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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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droit de choisir lui revenait donc exclusivement. Cependant les ambitions de Joseph et de Louis ne s’arrêtèrent pas à cette clause : ils obtinrent de leur frère qu’il n’adoptât pas d’enfant avant la dix-huitième année de celui-ci, se réservant ainsi, dans le cas où l’enfant serait mineur, le droit d’exercer une régence, l’un comme Grand Électeur, l’autre comme connétable. Ils reçurent pour l’occasion de grasses pensions pour les aider à tenir leur rang sous ces titres mirobolants, dans la future cour impériale.
    Chez les Bonaparte, les affaires de famille étaient des affaires d’État et inversement.
    Un autre imbroglio l’avait démontré.
    C’était celui de Lucien, tenu à l’écart de ces arrangements : il avait, en effet, commis l’erreur d’épouser une demoiselle qui ne convenait pas à Napoléon, Alexandrine de Bleschamp. Ravissante créature que l’écrivain Fontanes, familier de Lucien, décrit comme « aussi avide que coquette », elle avait, le 24 mai 1803 et dès avant le mariage, donné un enfant à Lucien, le petit Charles Lucien. Le mariage fut secret, autant que le passage reliant la résidence officielle de Lucien, l’hôtel de Brienne, à la maison qu’habitait la dame de Bleschamp. Abandonnée par un mari agent de change, Hippolyte Jouberthon, qui avait fui à Saint-Domingue, elle s’était sans doute empressée de donner des gages à un protecteur aussi remarquable qu’un frère du Premier consul.
    Officiellement ignoré de Napoléon, le mariage le contraria fort quand il le découvrit ou feignit de le découvrir – Fouché l’en avait à coup sûr informé. En effet, la raison d’État – autant dire l’intérêt de Napoléon – aurait voulu que Lucien épousât Marie-Louise d’Espagne, veuve depuis peu de Louis Ier, roi d’Étrurie ; cela aurait affermi l’influence de la France en Italie du Nord. Peu après, le 26 octobre, et comme par défi, Lucien fit suivre le mariage religieux d’un mariage civil, où il n’invita pas non plus celui qui était encore Bonaparte. Il l’en informa par lettre. La missive arriva à la Malmaison, alors que Joséphine et son époux écoutaient un concert.
    L’effet en fut épouvantable.
    — Qu’on arrête la musique ! cria Bonaparte.
    Il alla dans sa chambre et, sous les yeux de Joséphine épouvantée, arpenta le parquet en marmonnant furieusement :
    — Trahison ! Trahison ! C’est une trahison !
    Puis il fit appeler Murat et l’envoya en pleine nuit signifier à Lucien que le mariage était nul, parce qu’il n’avait pas été reconnu par le Premier consul.
    Joséphine ne portait pas plus d’amitié à Lucien qu’il ne lui en avait témoigné, et la défaveur de celui-ci auprès de Napoléon eût dû la réjouir ; mais les débordements d’humeur de son époux, de plus en plus fréquents, ne pouvaient que la mettre mal à l’aise : ils semaient le désordre partout. Elle était, elle, informée du mariage de Lucien, pour la bonne raison que celui-ci avait présenté sa femme à Hortense, comme au reste de la famille, puisqu’elle était sa belle-soeur, et Hortense l’avait évidemment rapporté à sa mère. Mais Joséphine avait jugé inutile d’agiter Napoléon, qui finirait bien assez tôt par apprendre le mariage s’il n’en était déjà informé, et elle avait ensuite refusé de recevoir Alexandrine. Là-dessus, Lucien, piqué au vif, lui avait rappelé son passé. Elle avait alors révélé l’offense à Napoléon, et une scène s’était ensuivie entre les deux frères.
    — Vous voyez où vous conduisent votre entêtement et votre sot amour pour une femme galante ! s’était écrié Napoléon.
    — Au moins la mienne est jeune et jolie, rétorqua Lucien, envenimant la péripétie.
    Napoléon était entré dans une colère noire, une de plus.
    Le soir, il s’était livré à un nouvel éclat devant sa famille, assorti d’une longue tirade sur la moralité :
    — Je veux rétablir les moeurs et l’on m’amène une telle femme dans ma famille ! Je suis le chef d’une nation à laquelle je dois compte non seulement de mes actions, mais des exemples que je lui donne… Le peuple français est moral. Ses chefs doivent bien l’être. Qui ne marche pas avec moi est contre moi. J’ai des devoirs et je les appliquerai. Je serai inébranlable…
    Sans doute le passé de l’épouse de Lucien avait-il été excessivement galant. Comment Napoléon le savait-il ?

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