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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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roi d’Italie ? Le faste et l’étiquette qu’il instaura autour de lui et des siens l’eussent donné à croire. En mai 1797, il quitta le palais Serbelloni et s’installa dans la proche campagne, au palais Mombello, vaste édifice baroque dont la magnificence ne le cédait en rien à celui du précédent. Il y était le seul maître des lieux. Son quartier général occupait une aile, le reste était dévolu à sa famille et à ses fidèles. Ce devint un petit Versailles en terre étrangère. Tous les États italiens y dépêchèrent des ambassadeurs, l’Autriche en envoya même deux.
    Joséphine y invita des amis de Paris.
    Bonaparte y imposa un protocole rigoureux, imité des cours royales : préséances, révérences, convenances, formules de politesse, tout fut prescrit.
    Désormais soumise à la surveillance constante de tout un monde, Joséphine ne pouvait plus espérer voir Hippolyte. Elle invoqua d’abord des raisons de santé pour retourner à Paris, puis y renonça ; les raisons de coeur devaient s’incliner devant la raison d’État, mais pas l’intérêt ; Hippolyte, en effet, était resté en Italie, et il demeurait son principal associé dans les affaires. Et il y en avait beaucoup à faire ; elle pourrait toujours communiquer avec lui lors des va-et-vient d’officiers dans le palais. Il reparut d’ailleurs peu après l’installation à Mombello.
    Bonaparte fit venir sa famille. De plus en plus soucieux du bon ton, il avait, deux ans auparavant, inscrit son jeune frère Jérôme à l’académie McDermott, où celui-ci s’était lié d’amitié avec Eugène ; tous deux furent mandés à Mombello. La matrone du clan, Laetitia, vint aussi. Elle montra une mine pincée, sinon outragée : elle, comme le reste de la famille, n’avait été informée du mariage de Napoléon qu’à l’occasion d’un bref séjour de celui-ci à Marseille, où il lui avait remis la lettre de courtoisie écrite par Joséphine. Elle n’avait pas donné son consentement à cette union et son fils ne le lui avait même pas demandé.
    L’indignation perça sous la courtoisie de convenance, et Joséphine ne manqua pas de la percevoir. Mais, consciente de l’influence de la mère sur le fils prodige, la bru lui témoigna toute l’aménité dont elle était capable. Cela ne changea cependant rien à l’hostilité de la vieille dame corse à l’égard de cette intruse : mise comme une jeunesse, celle-ci n’avait pas encore donné un seul descendant à Napoléon, et aucune rondeur n’annonçait qu’elle le fît bientôt. De plus, formée dans le respect de la rude vertu qui régnait en Corse, elle se scandalisa de voir son glorieux fils embrasser sa femme sur la bouche et lui caresser la poitrine en public. Joséphine n’eût pu en jurer, mais elle soupçonna que les ragots de Joseph avaient renforcé le préjugé de la mamma à son égard.
    Maria-Anna, dite Élisa, vingt ans, était trop infortunée pour s’exclure des faveurs de celle qui était la maîtresse des lieux et l’idole de son frère : « Ces choses que nous appelons bras et jambes semblaient avoir été collées au hasard sur son corps », écrivit d’elle sans charité Mme de Rémusat, qui jugeait l’ensemble « fort désagréable », car Élisa, de surcroît, avait l’humeur ombrageuse. Elle peinait donc à trouver un mari et la bienveillance que lui témoigna Joséphine ne fut certes pas superflue. Elle échappa à son destin de bréhaigne grâce à l’assentiment d’un militaire corse, Félix Bacciocchi, personnage sans relief. Bonaparte en fut mécontent, mais l’insistance de Joséphine emporta son assentiment à l’union civile d’une soeur laide avec un capitaine terne.
    Marie-Paulette, dite Pauline, dix-sept ans, partagea d’emblée le dédain de sa mère à l’égard de Joséphine, et celle-ci apprit assez vite que cette péronnelle l’appelait « la Vieille ». Caqueteuse incessante, impertinente et flirteuse enflammée, elle était à l’évidence émoustillée par la présence de tous ces officiers qui,
     le soir, dansaient fièrement avec des cavalières en robes légères et fleuries. Pour elle, qui sortait de sa province marseillaise, sous la féroce surveillance maternelle, c’en fut trop. Elle porta d’abord son dévolu sur nul autre qu’Hippolyte Charles. Sans doute était-ce un défi à Joséphine ; elle en fut pour ses frais. Elle reporta alors ses ardeurs sur Victor Leclerc, l’aide de

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