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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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expérimenté avec Alexandre de Beauharnais, mais le souvenir n’en était pas plus agréable pour autant. La dévotion à son égard que clamait Bonaparte ne changeait rien au fait qu’il entendait être son maître absolu comme il se préparait à l’être du monde.
    Elle devenait l’ombre d’un époux de plus en plus étincelant. Au lieu d’avoir chaud à son soleil, elle frissonnait. Elle éprouvait le besoin de Paris et de ses amis, là-bas au moins, elle rayonnait.
    Avait-elle renoncé à Hippolyte Charles ? Tout indique le contraire.

 
    14
 
La porteuse de gloire
    Sitôt le traité signé, les Bonaparte évoquèrent leur retour à Paris. Cela faisait plus d’un an qu’ils en étaient partis. Mais chacun avait ses raisons d’aspirer à regagner la capitale. Joséphine y retrouverait amis et liberté, une liberté sans doute relative, mais certainement plus grande que sous les yeux de tous ces espions qui hantaient le palais Mombello, Bonaparte, lui, aspirait à cueillir les lauriers qui lui revenaient et à imposer le silence à ces médiocres esprits qui critiquaient le traité de Campo-Formio. Il avait déjà arraché au Directoire le droit de représenter la France à la convention internationale qui garanti-rait le droit d’occuper la rive gauche du Rhin et Mayence, et qui devait se tenir à Rastadt, en Autriche.
    Ils firent donc leurs adieux à Milan et préparèrent leurs bagages. Et il y en eut ! Tous ces cadeaux qu’on leur offrait depuis des mois, tableaux, sculptures, antiquités, meubles, bijoux… Joséphine les fit expédier en avance rue Chantereine, à l’exception des bijoux, serrés dans une mallette qui ne la quittait jamais. Puis un caprice la piqua : comment partir d’Italie sans avoir visité Rome ? Elle en fit part à son époux, qui prévint son frère Joseph, depuis peu ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, afin qu’elle fût reçue avec les honneurs dus à son rang. Sur quoi, ils s’embrassèrent et se promirent de se retrouver à Paris.
    Par un nouveau caprice, du moins pouvait-on supposer que c’en fut un, Joséphine changea d’avis et jugea qu’elle préférait voir Venise plutôt que Rome. Tandis que Joseph Bonaparte l’attendait dans la Ville éternelle, elle fut reçue dans la Sérénissime par une foule enthousiaste jusqu’au délire et sans doute ignorante du fait que Bonaparte avait jeté la ville dans le giron de l’Autriche. Les pillages et saccages des soldats français lui furent pardonnés et elle devint la vedette des Vénitiens. Elle s’installa au palais des Doges. Chaque fois qu’elle en sortait, elle était escortée par deux fringants officiers, Auguste Marmont, l’un des aides de camp de son époux, et Hippolyte Charles !
    Le caprice n’en avait donc pas été un. Les amants associés avaient pris rendez-vous grâce à des échanges de billets qui ne nous sont pas parvenus : Charles, en effet, fit détruire sa correspondance avant sa mort. L’amant infidèle était accouru de Milan dès que la voie avait été libre.
    Mirage surgi des eaux, théâtre de reflets irisés auxquels s’amarraient des palais roses, labyrinthe de canaux où glissaient de grands poignards à lame courbe, qu’on appelait gondoles, la Sérénissime agit sur Joséphine à la façon d’un philtre. Il évoqua les ivresses de la beauté et ranima celles du plaisir, auxquelles elle se jugeait trop jeune pour renoncer. Qu’importaient les vapeurs nauséabondes qui, la nuit, montaient des canaux jusqu’à ses fenêtres et l’humidité automnale qui s’insinuait partout, Venise lui rapporta l’haleine d’Hippolyte et les parfums de son corps.
    Un choc l’y attendait : un matin, elle apprit la mort de Hoche. Elle l’avait fauché à vingt-neuf ans, peu après son retour de la tentative ratée d’invasion de l’Angleterre, et dans son lit, comme l’avait étrangement prévu Bonaparte. Joséphine ne put retenir ses larmes. Un amant qui s’en va emporte un lambeau de soi. Elle fut encore plus blessée en apprenant que des jeunes filles avaient défilé à son enterrement, portant des banderoles sur lesquelles on lisait : « Il aurait été le Bonaparte du Rhin. » Puis l’anxiété la prit : qu’étaient devenues les lettres qu’elle lui avait adressées ? Grand ciel, si Napoléon découvrait qu’elle avait été la maîtresse du rival qui l’exécrait le plus…
    Charles para au danger : l’un de ses amis, le brigadier polonais

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