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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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de régner dans le ménage et Bonaparte a accordé assez de crédit au rapport de son frère pour interroger Joséphine, sans quoi il eût congédié Joseph et lui aurait interdit d’espionner sa femme. Mais peut-être a-t-il lui-même requis cet espionnage.
    Les accusations de Joseph portent sur deux points : l’infidélité de Joséphine et ses opérations financières sur les fournitures de l’armée, qui pourraient faire taxer Bonaparte de corruption. Les rumeurs de concussion organisée, à laquelle participe Joséphine, commencent, en effet, à se répandre et l’on connaît les noms des principaux organisateurs ; telle est la raison des révélations de Joseph à son frère, que l’affaire risque d’éclabousser. Est-ce la première fois que celui-ci en entend parler ? Il n’a en tout cas pas pris les mesures nécessaires pour y mettre fin, comme on le verra par la suite. Quant à Joséphine, elle n’en a visiblement cure : elle se sait protégée par Barras.
    Ce ne sont pas les activités commerciales de Joséphine qui pourraient contrarier Bonaparte. L’homme déclarera à plus d’une reprise :
    — Il n’y a qu’une chose à faire dans ce monde, c’est d’acquérir de l’argent et encore plus d’argent, du pouvoir et encore plus de pouvoir. Tout le reste est insignifiant.
    De plus, si Joséphine gagne de l’argent, elle peut au moins payer une partie de ses dettes. Lui-même n’hésite pas à conseiller les siens quand une bonne affaire est à portée de main ; il écrit ainsi à Joseph :
    Si tu veux une excellente occasion, tu devrais venir acheter la propriété de Monsieur de M. Je suis sûr que tu peux l’avoir pour 80 000 francs comptant. Avant la Révolution, elle en valait 250 000.
    Non, c’est la teneur sentimentale des révélations de Joseph qui l’irrite. Bonaparte a de bonnes raisons de prêter foi aux accusations de son frère : à son retour à Paris de l’une des tournées sur la Manche, la camériste de Joséphine, Louise Compoint, était venue se plaindre à lui : elle avait été chassée parce que sa maîtresse avait découvert qu’elle entretenait une liaison avec Junot ; et la camériste avait raconté que, lors de son voyage en Italie, Joséphine avait partagé sa berline avec Hippolyte Charles et qu’à l’auberge leurs chambres étaient voisines. Méprisable délation, dont Bonaparte avait cependant fait usage : il avait sommé Joséphine de dire la vérité, mais celle-ci avait, à son ordinaire, fondu en larmes et dénégations. Les larmes étaient ses armes : Bonaparte ne lui avait-il pas écrit :
    « Tes larmes m’ôtent la raison » ?
    Mais le doute était semé.
    L’essentiel des faits signalés à Bonaparte par son frère est avéré : comme l’atteste la lettre même de Joséphine, « le citoyen Bodin » existe bien, Joséphine en a déjà fait mention à Hippolyte Charles : ils sont en fait trois frères, Louis, Charles et Victor Bodin, natifs de Romans comme Hippolyte Charles, et ils ont fondé une compagnie de fournitures aux armées pour laquelle travaille ce dernier ; ils bénéficient des complicités de Joséphine, de Barras et du ministre de la Guerre, Barthélemy Louis Joseph Schérer, lesquels se partageront cette année-là un million et demi de francs en dessous-de-table. C’est un vaste réseau ; sa part des gains permettra à Joséphine d’apurer en partie ses dettes colossales. Celui chez qui habite Charles est un certain Victor.
    La suite de la lettre est encore plus compromettante et contraint de réviser bien des images romanesques du couple Bonaparte :
    Oui, mon Hippolyte, ils ont toute ma haine ; toi seul as ma tendresse, mon amour. Ils doivent voir combien je les abhorre par l’état affreux dans lequel je suis depuis plusieurs jours. Ils voient les regrets, le désespoir que j’éprouve de la privation de te voir aussi souvent que je le désire. Hippolyte, je me donnerai la mort. Oui, je veux finir [une vie] qui me sera désormais à charge si elle ne peut t’être consacrée. Hélas, qu’ai-je donc fait à ces monstres ? Mais ils auront beau faire, je ne serai jamais la victime de leurs atrocités.
    On en demeure confondu : Joséphine exècre donc le clan Bonaparte, non seulement Joseph, qui ne semble revenu à Paris que pour lui nuire, mais également sa belle-soeur Julie et la soeur de celle-ci, Désirée Clary, premier amour de Bonaparte et forcément jalouse de la popularité de celle

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