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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Toute à toi.
    Jean-Pierre Collot est le fournisseur des vivres et de la viande de l’armée d’Italie ; on voit donc que les affaires continuent.
    Elles prirent même un tour fâcheux : l’on commença à jaser sur les frères Bodin et leurs malversations ; Joséphine en écrivit à Barras, le 10 juin 1798 :
    J’apprends, mon cher Barras, que le général Brune fait ce qu’il peut pour casser le marché de la compagnie Bodin. Écrivez, je vous prie, au général Brune en leur faveur. Nous leur devons bien l’un et l’autre tout notre intérêt, et j’espère, mon cher Barras, que vous vous opposerez à ce que l’on fasse une infamie à la compagnie Bodin…
    C’est dit on ne peut plus clairement : Barras participait aux bénéfices que Joséphine et Charles tiraient des frères Bodin.
    Comment le ménage Bonaparte put-il survivre dans ces conditions ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer.
    Le principal est que Bonaparte était trop absorbé par ses tâches et ses ambitions pour s’occuper de ses affaires conjugales. Il venait d’être nommé général en chef de l’armée d’Angleterre, dans la délirante perspective d’un débarquement en Angleterre montée par le Directoire, et, quand il n’était pas en tournée des ports de la Manche, il consacrait ses journées à travailler avec les Directeurs, le ministre de la Marine, des banquiers, généralement jusqu’au soir où il retrouvait son épouse pour un dîner organisé rue de la Victoire ou à la Chaumière, à moins que ce fût chez un Barras ou un autre. Quand il se couchait, il était évidemment fourbu et se levait tôt.
    Par ailleurs, la partie était loin d’être gagnée pour lui et il avait plus que jamais besoin du soutien de Joséphine. Le 27 janvier, la présomption lui avait inspiré un faux pas : Bonaparte avait demandé à Barras de le faire nommer au Directoire. Il n’avait pas pris garde au fait que les autres Directeurs se méfiaient de ce jeune homme trop glorieux et trop renfermé, trop austère et visiblement trop ambitieux. De surcroît, l’insurrection romaine et l’impopularité croissante de la République de Rome fondée par les soins de Joseph ne plaidaient guère en faveur du clan Bonaparte. Un courant anti-bonapartiste jacobin se dessinait à Paris et l’étoile du « petit caporal » clignotait.
    Aussi le général devait-il déployer ses dons de séduction particuliers auprès des Directeurs et des gens au pouvoir, déjà relevés par l’ambassadeur du roi de Prusse : « Bonaparte a le talent d’attirer et de captiver les hommes. »
    Quelle que fût la faveur qu’il accordait au mari de sa maîtresse, Barras avait refusé. Il n’avait certes pas oublié la prédiction de Pichegru : « Il vous mangera. » Et Bonaparte, furieux, avait alors quitté son bureau en claquant quasiment la porte.
    Mais il n’avait pas renoncé. Toute son énergie était alors concentrée sur l’élimination de ses rivaux à une élection au Directoire, ces généraux qui partageaient la gloire de ses victoires, Masséna, Joubert et Augereau ; ce dernier avait aussi bien réussi le coup de Fructidor que lui-même celui de Vendémiaire. Hoche était mort et Carnot, qui avait échappé de peu à l’arrestation lors du coup de Fructidor, était exilé en Suisse. Rival supplémentaire, un « diable d’homme » qui avait servi sous ses ordres en Italie, Jean Bernadotte, mais qui possédait le détestable avantage de le dominer d’une tête. Bonaparte savait que celui-là ne l’aimait pas davantage que les Directeurs, à l'exception de Barras.
    Dans ce contexte, Bonaparte avait plus besoin de Joséphine qu’elle de lui. Elle connaissait beaucoup de gens influents et surtout elle avait de l’ascendant sur Barras, qui l’écoutait. Et il avait aussi besoin de Barras. Son prestige souffrirait considérablement d’un divorce. L’amour-propre, sans parler de l’amour, céda le pas à l’orgueil.
    Un troisième facteur était le caractère obsessionnel du sentiment de Bonaparte pour Joséphine, qui s’était affirmé dès le début de leur relation et qui irait se renforçant au fil des années et jusqu’au divorce.
    Il avait du pain sur la planche, ce n’était pas le moment de susciter un orage dans son couple.
    Les jacobins commençaient à critiquer vivement ce général ténébreux, et la presse le rapportait. La façade vertueuse des Bonaparte ne dupait plus grand monde et beaucoup s’indignaient de

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