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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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pénétreraient jamais à l’intérieur du pays ; les Anglais avaient reçu l’ordre d’ériger des barricades dans les rues de Londres. Ce ne seraient pas trente, quarante ni cinquante mille hommes qui pourraient occuper une île aussi grande que l’Angleterre.
    Son idée, d’ailleurs suggérée par Talleyrand, était une expédition en Égypte ; mais c’étaient les Directeurs qui n’y croyaient pas : l’Égypte appartenait à la Turquie et une guerre avec cet empire risquait d’en entraîner une avec son voisin, la Russie. La Méditerranée grouillait de navires anglais et la flotte française n’y était pas plus avantagée.
    Bref, c’étaient deux projets aussi absurdes l’un que l’autre et particulièrement inopportuns : le traité de Rastadt n’avait pas encore été signé que l’on percevait des signes alarmants en Europe ; une nouvelle coalition était en cours de montage contre la France. On voyait bien que l’invasion de l’Angleterre était une utopie inspirée par les délires révolutionnaires, et l’expédition d’Égypte, une coquecigrue qui ne ferait pas plus de mal à l’Angleterre qu’un coup de pied à une chaise et que l’aventure ne servirait que la gloire de Napoléon. Dans le meilleur des cas.
    Les Directeurs promirent les navires et consentirent à Bonaparte le budget demandé. Il y demeura hostile. Lors d’une séance particulièrement houleuse, il menaça de démissionner de son poste de l’armée d’Angleterre. Reubell, qui détestait le projet égyptien, trempa une plume dans l’encrier, traça quelques mots sur un billet et le lui tendit :
    Général, le Directoire attend votre lettre .
    Il n’y en eut pas. Le 5 mars 1798, onze jours donc avant l’entrevue avec Joseph Bonaparte qui avait inspiré la lettre révélatrice de Joséphine, le Directoire accepta le projet égyptien. Non par complaisance, mais parce qu’il se rendait aux arguments de Bonaparte : le succès du projet de débarquement en Angleterre était douteux et l’échec serait cuisant pour le Directoire devant l’opinion nationale et aux yeux des puissances étrangères.
    C’était le jour même où une armée française avait été défaite en Suisse. Car l’agitation républicaine avait aussi gagné ce pays depuis la conquête de la Lombardie par les Français. La « République lémanique » était déchirée par la guerre. Le général Guillaume Brune lança une contre-offensive, s’empara de Berne et, sur l’ordre de Napoléon, y saisit une grande quantité d’or au Trésor de la ville.
    La tension ne cessait de monter rue de la Victoire. Joséphine céda ; elle accepta de suivre son époux là-bas, Dieu savait où. Elle percevait bien les forces hostiles qui se dressaient contre lui. Mais, depuis le bal de l’hôtel de Gallifet, elle avait bien compris que c’était grâce à lui qu’elle était la première dame de Paris et du pays. Elle aimait Hippolyte, mais cela ne signifiait pas qu’elle dût sacrifier son avenir et celui de ses enfants ; elle avait besoin de Bonaparte, mais cela ne signifiait pas non plus qu’elle dût sacrifier son amant.
    Il changea alors d’avis. Non, il serait pour elle risqué de l’accompagner.
    Puis il en changea encore.
    Mais quand diantre partirait-on ?
    Bonaparte lui-même l’ignorait. Il avait maintes fois changé d’avis. Ayant rassemblé une commission des sciences et des arts qui le suivrait dans ce voyage vers nulle part, il l’envoya attendre à Toulon. Il prit une première fois congé du Directoire et ne partit pas.
    Joséphine mit ces délais à profit pour choisir une maison de campagne. Elle jeta son dévolu sur la Malmaison, proche de Paris, mais Bonaparte en trouva le prix trop élevé.
    Un nouveau départ pour l’Égypte fut fixé au 28 avril. Il n’eut pas lieu non plus. Bonaparte se méfiait des espions qui alerteraient les Anglais de son départ. Or ils pullulaient.
    Joséphine évita de se plaindre de cette incertitude ; elle vivait comme l’oiseau sur la branche.
    Le 5 mai, le couple Bonaparte dîna avec Barras, puis il alla voir Talma jouer Macbeth. Au retour, Joséphine, qui s’apprêtait à se mettre au lit, fut priée de faire rapidement ses bagages. À 4 heures du matin, la berline de Bonaparte en rejoignit plusieurs autres, où avaient pris place Joseph et Louis Bonaparte, Eugène de Beauharnais, Bourrienne, Duroc, Lavalette et quelques autres. Le jour s’était heureusement levé quand, à

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