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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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menaces de divorce qu’agitait Bonaparte se réalisaient. En tant que Mme Charles, elle cesserait d’exister. Un changement invisible, mais considérable, advint : Charles ne fut plus que cela, un plaisir. Mais c’était bien le seul qui lui restât.
    Afin de le protéger, elle retourna donc au printemps 1799 voir la Malmaison, que Bonaparte avait jugée trop chère. Elle convint du prix de 290 000 francs pour le château, 75 hectares de parc,
    312 hectares de terres cultivées, prairies, vignes, blé, une ferme avec sept vaches, douze chevaux et cent cinquante moutons, plus une partie du mobilier de la propriétaire, une dame Lecoulteux du Molay. Elle ne versa qu’un acompte et les intérêts. Pour le reste, elle aviserait.
    Charles y habita, parfois plusieurs jours d’affilée. Joséphine s’y était crue à l’abri des racontars ; elle déchanta vite : les Bonaparte firent courir le bruit qu’on l’y avait vue se promenant dans les jardins, au bras d’un jeune homme blond, sans doute son fils…
    Les escarbilles des prétendues lettres d’Eugène et de Bonaparte, publiées par les journaux anglais et répandues par des bienveillants, commencèrent alors à voleter autour d’elle.
    Mais le pays avait alors d’autres soucis.
    La patrie était en danger à l’extérieur et à l’intérieur.
    Les Anglais étaient parvenus à reconstituer le front qui permettrait d’endiguer l’infection républicaine et peut-être d’occuper la France et d’y restaurer la royauté. La Deuxième Coalition remportait des victoires en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas. Les succès de l’armée d’Italie étaient oubliés : les armées austro-russes, sous la direction du maréchal Alexandre Souvoroff, reconquéraient les territoires d’Italie encore plus rapidement que les Français les avaient conquis, de même que la Hollande et la Rhénanie.
    Une insurrection royaliste enflamma la Haute-Garonne et des troubles éclatèrent à Toulouse.
    Le pays allait vers la guerre civile. Comme lors des coups de Vendémiaire et de Fructidor, le Directoire eut besoin d’un militaire et d’une armée pour défendre la République. Car l’âme de la République n’était plus dans la rue, mais dans cette ébauche de gouvernement qui ne s’était pas encore doté d’une véritable Constitution. Sieyès s’affirma comme son sauveur. Il avait alors pris l’ascendant sur les autres Directeurs et son influence s’étendait sur les Cinq-Cents, grâce à l’appui de Lucien Bonaparte. Le coup d’État apparut comme l’unique moyen de juguler les débordements jacobins aussi bien que royalistes.
    Bonaparte étant enlisé en Égypte, les deux hommes avaient d’abord considéré Bernadotte comme garant de leur entreprise. Mais il se révéla que ce dernier était partisan des jacobins. Le choix se reporta ensuite sur Joubert, qui dirigeait l’armée d’Italie. Las ! Le 15 août, ce général perdit la vie dans la désastreuse bataille de Novi. Lucien pressentit ensuite le général MacDonald. Celui-ci ne voulut rien entendre.
    — Ah, que votre frère n’est-il ici ! déplora Sieyès, s’adressant à Lucien Bonaparte.
    Les premiers succès des armées de la République en septembre repoussèrent la peur d’une invasion des alliés : ce fut d’abord victoire de Guillaume Brune contre les Anglais et les Russes en Hollande, puis contre les Autrichiens et les Russes à Zurich. Quand il l’apprit, Sieyès s’estima assez fort pour exiger la démission de Bernadotte ; celui-ci la lui accorda, exprimant publiquement au directeur ses remerciements pour avoir accepté une démission qui ne lui avait pas été offerte. Mais la mise à l’écart forcée de Bernadotte servait d’avertissement aux éléments les plus jacobins de l’armée, dont les généraux Augereau et Jourdan.
    Le candidat suivant fut entrepris : c’était le général Moreau. Il ne fut pas enthousiaste. Et moins encore quand le télégraphe annonça le débarquement de Bonaparte à Fréjus. Le 13 octobre, Moreau se trouvait dans le bureau de Sieyès ; un messager entra pour annoncer que Bonaparte était aux portes de Paris.
    — Voilà votre homme, déclara Moreau.
    Quand il alla voir Barras, le soir de son retour à Paris, celui où il aurait trouvé « la maison vide », Bonaparte ne savait quasiment rien de la situation en France ni en Europe. D’où la longueur de l’entretien, Barras ayant dû lui exposer la menace de guerre civile, la

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