Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
Vom Netzwerk:
jacobins, qualifiés d’anarchistes ; soixante-quinze furent déportés aux Seychelles, soixante-douze y moururent.
    Pour Joséphine, l’attentat fut comme un sacrement de sang : elle se sentait plus unie que jamais à Bonaparte.

 
    23
 
Un général en robe de crêpe
    Ni Bonaparte ni Joséphine ne s’attardèrent sur le chagrin d’Hortense après la rupture décidée par Duroc sur provocation de son beau-père manqué. Chacun avait ses raisons : lui voulait unir un de ses frères à une héritière de la noblesse et elle voyait dans une telle union un moyen de régler le problème de la succession. Si elle ne pouvait donner une descendance à son mari, un neveu portant le nom de Bonaparte aurait des chances de le satisfaire.
    L’heureux élu fut Louis, qui avait vingt-deux ans. Bonaparte espérait, en effet, que ce jeune homme, dont il était quasiment devenu le tuteur, devînt un jour son héritier.
    Avant de la chapitrer sur les mérites du parti qu’on lui destinait, sa mère et Bonaparte déléguèrent Bourrienne à Hortense pour l’informer de leur choix. On eût pu trouver mieux comme messager de l’hyménée, car l’homme était vilain.
    — Votre mère, lui déclara-t-il, ne pourrait supporter la pensée de vous voir unie à un prince étranger qui vous séparerait d’elle pour toujours. Son malheur, vous le savez, est de ne plus espérer d’enfants. Il est en vous de le réparer et d’en prévenir peut-être un plus grand : sachez qu’on ne cesse de former des intrigues autour du Consul pour l’amener au divorce. Votre mariage est seul capable de resserrer et de raffermir des noeuds dont dépend le bonheur de votre mère.
    Avec sa bouche de lézard et ses yeux clignotant dans des paupières flétries, on eut dit un momon proférant une sentence de la destinée. Hortense comprit que l’union proposée servirait les desseins de l’un et de l’autre, mais ce furent évidemment ceux de sa mère qui la retinrent.
    Elle n’avait aucun goût pour Louis, qui tenait plus du bellâtre ombrageux et suffisant que du tendre soupirant, et il n’avait cure, lui non plus, de cette sylphide blonde dont il devinait les exigences. De plus, le prestige d’épousailles avec le frère du Premier consul était terni par les singularités de l’homme. Louis avait jadis été charmant, mais une mystérieuse affection lui avait gâté le comportement. Il se croyait en butte à des persécuteurs ténébreux et certains auteurs attribuent ses maux physiques à une gonorrhée. Les déboires de la galanterie étaient alors communs, d’où les mérites de la chasteté recommandée par les augures. Une autre explication voudrait que Louis se fût mal remis d’une chute de cheval où il avait subi un violent choc sur le crâne. Le voyant un jour, à Marseille, passer à cheval, Andoche Junot aurait été agacé par l’air avantageux du bellâtre ; il aurait alors effrayé la monture, qui se cabra et jeta son cavalier par terre. Et Louis, qui subit un choc crânien, en serait resté atteint.
    Il fallait en tout cas beaucoup d’inattention ou d’égoïsme pour assortir pareil personnage à une tendre et ravissante jeune fille telle qu’Hortense, mais les intérêts supérieurs aveuglèrent un couple qui semblait désormais promis aux plus hautes destinées.
    La légitimité de Bonaparte s’affirmait, en effet, au fur et à mesure que la France se relevait de l’effroyable cataclysme économique et social de la Révolution de 1789. La restauration du culte catholique, entérinée par le concordat signé avec le pape Pie VII en 1801, proclama le rétablissement de la paix sociale et coupa les griffes des royalistes. Le retour officieux à la semaine de sept jours, qui remplaçait donc la décade, satisfit les travailleurs pour des raisons aussi prosaïques que religieuses : ils pouvaient de nouveau se reposer le septième et non le dixième jour.
    L’émotion fut vive à Paris quand, le dimanche de Pâques, dès 7 heures, les cloches des églises emplirent l’air, comme elles ne l’avaient pas fait depuis dix ans. Les oreilles des vieux fidèles se tendirent pour reconnaître Emmanuel, la plus profonde des cloches de Notre-Dame, répandre ses solennelles notes de bronze sur la Seine. À cette même heure, la foule s’était massée pour admirer l’équipage du Premier consul en route vers la cathédrale, escorté de son état-major, de dragons, de hussards, de grenadiers et de mamelouks, tous en

Weitere Kostenlose Bücher