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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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oreilles ;
Que, fier de lire dans leur texte les Français, Racine, La Bruyère, La Fontaine, Michelet et Victor Hugo, j'ai honte d'être sujet de Méline.
Et je jure que Zola est innocent.
Et je déclare :
Que je n'ai pas de respect pour nos chefs d'armée qu'une longue paix a rendus fiers d'être soldats ;
Que j'ai assisté trois fois à des grandes manoeuvres et que tout m'y a paru désordre, puffisme, inintelligence et enfantillage. Des trois officiers qui ont fait de moi un caporal ahuri, le capitaine était un médiocre ambitieux, le lieutenant, un petit bout d'homme à femmes, le sous-lieutenant, un jeune homme convenable qui a dû démissionner.
    Je déclare que je me sens un goût subit et passionné pour les barricades, et je voudrais être ours afin de manier aisément les pavés les plus gros, que, puisque nos ministres s'en fichent, à partir de ce soir je tiens à la République, qui m'inspire un respect, une tendresse que je ne me connaissais pas. Je déclare que le mot Justice est le plus beau de la langue des hommes, et qu'il faut pleurer si les hommes ne le comprennent plus.
Zola est un homme heureux. Il a trouvé sa raison d'être, et il doit remercier ses pauvres jurés qui lui font cadeau d'une année d'héroïsme.
Et je déclare que je ne dis pas : « Ah ! si je n'avais pas une femme et des enfants !... » Mais je dis : « C'est parce que j'ai une femme et des enfants, c'est parce que j'ai été un homme quand ça ne me coûtait rien, qu'il faut que j'en sois un encore quand ça peut me coûter tout ! »
Parce qu'ils ne sont pas Juifs, ils se croient beaux, intelligents et honnêtes. Barrès, infecté de coquetterie.
J'acquitte Zola. Loin d'organiser le silence autour de lui, il faut crier : « Vive Zola ! » Il faut hurler ce cri de toutes nos profondeurs.
Barrès, ce gentil génie parfumé, pas plus soldat que Coppée. Et je déclare en passant que l'attitude papelarde et moribonde de Coppée nous dégoûterait de la poésie, s'il était poëte.
    Barrès, qui avait reçu sur les doigts pendant la bataille, qui s'était aventuré et qui se tenait coi, et que revoilà avec sa figure de corbeau apprivoisé et son bec habitué aux fouilles délicates, Barrès parlant de patrie, qu'il confond avec sa section électorale, et de l'armée, dont il n'est pas !
Quelle intéressante contradiction ! Écrivain, vous méprisez la foule ; député, vous ne vous fiez qu'à elle. Grand écrivain, mais petit homme qui n'attend pas que le peuple lui offre une place à la Chambre, petit homme qui mendie.
Notre gouvernement de pékins est si aimable pour nos guerriers que, pour ne pas être en reste, ils lui ont promis qu'à la prochaine guerre ils se mettraient tous en civil.
Coppée qui porte sa culotte de peau jusque sur la figure.
Barrès colle sur le nez des Juifs les plaisanteries qu'il peut décoller du sien. Cet écrivain admirable se résigne au jeu des petits papiers électoraux.
L'heure triste. On crie le verdict. Des hommes essoufflés comme s'ils couraient au bout du monde. Une larme de pitié, de rage et de honte.
Ah ! que les livres deviennent lourds !
L'opinion publique, cette masse poisseuse et poilue.
Une armée, ce chromo humain. Des officiers qui se croient quelque importance parce qu'ils sont coloriés comme des pommes d'api.
    28 février.
- Zut ! dit Baïe.
- Qu'est-ce que tu as dit ?
- Rien. C'est de l'anglais.
Le moineau piquant graines et insectes : on ne vit pas seulement de pain.
Vive l'armée ! Avec ça, que les officiers la connaissent ! S'ils entendaient deux ou trois dialogues de chambrée, ils frissonneraient.
Nous, nous sommes à peu près garés. Je plains les jeunes qui viennent.
Je déteste l'émotion : c'est trop long, beaucoup plus long que la joie et le rire.
La cascade de son rire sous les vannes de ses dents.
Le Pain de ménage. Guitry récite sa petite fable : « Je la questionne souvent... » Et nous le laissons aller sans souffler, et, tout à coup, il dit :
- Oh ! vous me laissez tout seul sur la route, avec mon petit panier, comme un petit garçon qui va à l'école et qui a envie de pleurer !
Et Brandès lui dit :
- Vous nous embêtez. Apprenez donc votre rôle, à la fin !
Loge de Brandès. Avec le concours de son habilleuse, elle passe de sa robe dans son peignoir. Je n'y ai vu que du feu. Puis, elle se débarbouille. Que de choses une jolie femme peut ôter de son visage !
    Elle en ôte tout le théâtre.
Comme je n'étais pas en habit, l'huissier m'a dit : « Qui

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