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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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sa célébrité naissante, très malheureux. Sa mort me ferait beaucoup, beaucoup de chagrin.
Oh ! je vous en supplie, laissez-moi être un peu ridicule.
    Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature.
La cigogne sur sa tige de roseau.
Même en plein jour il faut allumer son cerveau à alcool.
L'amitié vide plus que l'amour.
Bernard et sa bouche comme une barque légère et rose dans le fleuve noir de sa barbe.
A la prochaine guerre, il me faudra supposer tout le temps que Guillaume m'a donné une gifle.
Bernard Lazare tend un doigt à Scholl, qui lui dit :
- Où voulez-vous que je le mette ?
Allais et Ponchon dînaient chez Lebaudy, qui, se levant de table, leur dit :
- Quand je pense qu'il n'y a que vous deux, ici, qui ne m'ayez pas encore tapé !
Pourquoi demandes-tu des billets de théâtre aux auteurs, puisque tu ne pourras pas leur dire que tu t'es embêté à leur pièce ?
23 janvier
Rostand. Il est d'une santé si frêle qu'on hésitera toujours à ne pas lui trouver de talent.
24 janvier.
Oh ! ces villages où je passe et qui ne me verront plus !
Elle dit, quand elle a épousé Veber :
- Je fais un mariage d'humour.
    Comme on jouait au jeu innocent du gant, Veber jeta le sien sur la tête de Beaubourg et lui brisa son lorgnon sur les yeux. Tout le monde était un peu ému. La fiancée de Veber lui dit :
- Vous avez gagné une rose et six macarons.
Un borgne, c'est un infirme qui n'a droit qu'à un demi-chien.
25 janvier.
Premier aveu : je ne comprends pas toujours Shakespeare. Deuxième aveu : je n'aime pas toujours Shakespeare. Troisième aveu : Shakespeare m'embête toujours.
Pleuré en lisant La Grand'mère, de Victor Hugo.
29 janvier.
Leconte de Lisle à Rostand :
- Vous avez l'air si peu content des Romanesques que je commence à me défier : ça doit être bien.
31 janvier.
Un style gros et glissant comme le pavé de Paris par un temps brumeux.
1er février.
Madame Lepic, les yeux cousus de fil blanc.
Poil de carotte. Notes inutilisées de « La Chambre de la cave ». - Il voudrait pousser la hardiesse jusqu'à appeler sa mère madame, discuter sur le sentiment de la famille, sur le théâtre. « Je serais un ange ! » - « Tu vas te faire mal au pied », dit grand frère Félix.
    Madame Lepic est allée se coucher en emportant la lumière. Mon affection a sa raison d'être. Madame prévient monsieur qu'elle va se coucher. Il est peut-être allé trop loin. Soufflant la lampe, elle lui dit : « Si tu crois que je vais user de la lumière pour toi !... » Si les autres s'éloignent, sa mère lui reste. Le garde-manger, l'auge. On y calmerait sa soif sans boire. D'énormes barreaux l'empêchent d'aller se jeter dans le puits. A droite, à gauche, derrière lui, il écoute ronfler sa famille. Ses rêves. Il se réveille en sueur et il pleure de joie.
Charles Morice. Il faut prononcer son nom comme « Charbovary » sans insister.
Mallarmé. Ses vers sont un peu de la musique, oui, comme les vers libres sont un peu du dessin
3 février.
A La Revue blanche. Hier soir, Muhlfeld, Baragnon, Thadée et Alexandre Natanson reconnaissaient du talent à Maupassant, et qu'on l'avait calomnié, et à Loti, et à Bourget. Ce n'est pas tant difficile, de forcer l'admiration d'un jeune. Il faut connaître la serrure, et c'est un tour de clef à donner.
Nos lits n'étaient pas pleins d'odeurs précisément légères.
- Il y a, dit-elle, dans Victor Hugo, de jolies expressions.
- Lautrec est si petit, dit Mme T. Bernard, qu'il me donne le vertige.
Le poêle bourré fait craquer ses os de fonte.
    La neige s'attardait çà et là, comme il reste quelquefois du savon dans les oreilles.
Oh ! en amitié, quand on s'est confié ses secrets d'argent, ça tourne mal.
- Quand mènerez-vous votre fille dans le monde ? disait M. Legrand.
- Oh ! répondait Mme Morneau, les bons chevaux, on vient les chercher à l'écurie : inutile de les mener à la foire.
Madame de Sévigné, dit-on, a écrit ses lettres pour la postérité. Elle a joliment bien fait ! Préféreriez-vous des brouillons mal écrits ?
Elle n'aime pas les enterrements civils : c'est trop triste.
Ses yeux dorment comme deux oiseaux.
La lâcheté des mains quand il faut l'applaudir.
Son oeil, toujours inquiet comme une marguerite qu'on fait tourner entre ses doigts.
Et avec quel miel empoisonné il me disait : « C'est une opinion qui vous est personnelle ! »
Sa tête tourne sur son cou avec la lenteur d'un soleil de jardin.
- Hélas ! dit Tristan Bernard,

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