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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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brouillon malencontreux, je n’ai aucun doute qu’elle ait été profondément choquée.
    â€” Je ne comprends pas, fit Salaberry, totalement dépassé par les événements. Cette lettre… ce n’était qu’une simple ébauche. D’ailleurs, comme elle ne lui était pas destinée, elle n’aurait pas dû la lire, se rebiffa-t-il. Je voulais simplement tenir mon père au courant de mes démarches.
    â€” Ah! Les hommes! se découragea la dame devant tant d’aveuglement. Mettez-vous à la place d’une jeune fille qui vient de recevoir une demande en mariage pour lire, l’instant d’après, en toutes lettres et de la main même de son prétendant, qu’il l’épouse pour son argent. Si mademoiselle de Rouville a le cœur aussi pur que vous le prétendez, j’imagine facilement à quel point elle s’est sentie dupée en lisant cela. Je la plains!
    Elle hochait la tête, compatissante, imaginant le profond état d’accablement de la jeune femme.
    â€” My goodness ! s’exclama Salaberry, de rage et de dépit. Pourtant, je tiens à elle.
    Les yeux cernés du soupirant éconduit indiquaient un manque de sommeil.
    â€” Vous l’aimez, Salaberry? demanda soudainement Francis de Rottenburg.
    â€” Si je l’aime, Sir? Yes, I love her!
    â€” Alors, il ne vous reste plus qu’à livrer combat.
    â€” Que voulez-vous dire?
    â€” Partir sur-le-champ pour le lui dire, mon cher Salaberry, lui conseilla madame de Rottenburg de sa voix douce mais ferme. Tenter votre dernière chance. Vous n’avez guère d’autre choix.

    Salaberry arriva à Chambly, fourbu et mouillé. Il avait chevauché entre Longueuil et Chambly sous une pluie froide et parfois mêlée de neige. En chemin, il ne s’était arrêté que deux fois chez des habitants. La première, pour réclamer un cheval frais; et la seconde, pour se faire offrir un peu de bouillon chaud, tant il était transi. À cette dernière étape, l’habitante lui avait même offert le gîte pour la nuit, mais il avait refusé. Ce jour-là, personne n’aurait pu lui faire entendre raison et il ne se reposerait, si cela était possible, qu’une fois arrivé chez les Rouville, et pas avant d’avoir parlé à Julie. Il ne pensait qu’à elle. Tout au long du chemin il se répétait les mots qu’il avait choisis pour la convaincre de sa bonne foi.
    Enfin, les premières maisons de Chambly apparurent. Ce n’était pas trop tôt. Il était gelé.
    Dans la cour du manoir, il rencontra le docteur Talham qui s’apprêtait à partir après avoir déposé dans sa charrette la petite armoire portative contenant les médicaments et instruments médicaux et qu’il apportait toujours avec lui.
    â€” Quelqu’un est malade? demanda Salaberry avec inquiétude.
    â€” Ah! Major!
    Le docteur venait à sa rencontre.
    â€” Il s’agit de mademoiselle de Rouville. Et je suis inquiet, pour ne rien vous cacher.
    Salaberry blêmit.
    â€” Que voulez-vous dire?
    â€” Elle a toujours eu une certaine tendance à la mélancolie, par contre cet hiver, jusqu’à votre visite en janvier, je dirais, elle m’avait semblé plus vive, plus animée. Elle respirait la joie de vivre. C’était un véritable plaisir que de la voir ainsi et je m’en réjouissais.
    â€” Qu’en est-il aujourd’hui, docteur?
    â€” Elle est extrêmement affaiblie. Je lui ai prescrit un fortifiant. Son visage exprime parfois une tristesse qui me bouleverse et me fait craindre une de ces fâcheuses maladies de langueur, expliqua le docteur.
    La proximité avec ses patients dans des moments où ils étaient le plus vulnérables l’avait rendu sensible à la nature humaine. Il avait appris que les maux du corps dissimulaient parfois ceux de l’âme.
    â€” Je vous avoue que je me demande ce qui s’est passé pour la mettre dans cet état, poursuivit le docteur qui se perdait en conjectures. Mon cher major! J’aurais bien voulu ne pas vous accabler avec ces nouvelles, surtout que je vous sais déjà très éprouvé par la perte de votre frère. Mais quel médecin je fais! se reprit-il en voyant l’officier qui grelottait. Je vous retiens alors que vous êtes gelé.

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