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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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s’est emparé de la maison de Beauport! Vivement l’arrivée d’Édouard! Plus encore que mon mariage, la présence de mon frère devrait finir par consoler ma mère.
    â€” Quelles sont les nouvelles à ce propos?
    â€” Aucune. Ce qui est étrange, c’est que nous sommes sans nouvelles du duc depuis deux ans. Il faut dire que mon père ne lui pardonne pas d’avoir appris la mort de Chevalier par les voies officielles et, depuis, il refuse de lui écrire. Figure-toi qu’il s’est même adressé à Prévost pour le supplier d’intervenir en haut lieu afin de ramener Édouard. Depuis, il ne cesse de me chanter les louanges de ce noble gentilhomme.
    â€” Rien pour te plaire, commenta Juchereau-Duchesnay avec un sourire en coin.
    â€” My goodness! Tu me connais bien, Juchereau, déclara le commandant des Voltigeurs en gratifiant son cousin d’une tape amicale dans le dos. Mais je crois surtout que père a inutilement offensé le duc en agissant ainsi.
    â€” Et toi, tu ne te fais aucun reproche?
    Juchereau-Duchesnay rappelait ainsi à Salaberry sa lettre rageuse au duc après avoir appris la nouvelle de la mort de Chevalier.
    â€” J’ai agi sous l’impulsion du moment et je le regrette, fit Salaberry, l’air sincèrement désolé. Mais je vais écrire à Son Altesse Royale pour lui annoncer mon mariage afin d’atténuer la mésentente.
    â€” Et Édouard finira par revenir, ajouta Juchereau-Duchesnay.
    â€” Le pauvre! Je ne suis pas certain que ce retour forcé lui plaise. Il commence une brillante carrière chez les ingénieurs royaux.
    â€” Mais songe surtout à ta mère, Salaberry. Elle n’a pas vu grandir Maurice et François. Pour elle, Édouard n’est encore qu’un petit garçon sans poils au menton. Lorsqu’elle sera mieux, Édouard pourra repartir. Il n’a pas encore vingt ans.
    â€” C’est pourquoi je prie pour qu’il revienne vite. Cela dit, il faut que je te laisse, mon vieux! Ah! Je te jure que je ne sais plus où donner de la tête, se plaignit Salaberry. Sais-tu que je n’ai pas revu ma fiancée depuis des semaines? Et nous sommes déjà le 11 avril. Tu arriveras à Québec deux jours avant moi. Pour ma part, j’ai rendez-vous avec Prévost le 15. Il me remettra les confirmations officielles concernant les Voltigeurs. Mais partons, je suis en retard!
    Salaberry enfila sa veste d’uniforme. À l’angle de la rue Notre-Dame, il continua vers l’ouest jusqu’à l’église du même nom, sur la place d’Armes, Juchereau-Duchesnay se dirigeant vers l’est, à la recherche d’une voiture en direction de Québec.

    Au Montreal Hotel , ou chez Dillon, comme disaient communément les Montréalistes, Ovide de Rouville était installé devant une pinte de bière.
    â€” Me voici, fit Salaberry en se laissant tomber sur une chaise de bois cependant qu’un homme cintré d’un tablier se présentait à la table.
    â€” I will have the same thing , fit-il en désignant le verre d’Ovide. What kind of beer do you have 23 ?
    â€” Nous avons les bières de monsieur Molson, Sir, répondit le commis en français. Je peux vous offrir une bière en fût ou en bouteille: bière forte, ale douce, bière de table ou petite bière.
    â€” Je pendrai une pinte de bière douce, commanda le commandant des Voltigeurs avant d’ajouter, à l’intention de son futur beau-frère: Viger n’est pas encore arrivé? Si vous le permettez, Rouville, nous l’attendrons. Ce que j’ai à vous dire le concerne également.
    Une fois servi, Salaberry resta silencieux quelques minutes en savourant la bière à laquelle il associa un sentiment de réconfort, bien apprécié au cœur de son existence agitée des dernières semaines.
    â€” Alors, heureux d’être au service du roi comme le fut votre père autrefois?
    â€” Au service du roi?
    Ovide affichait un manque d’enthousiasme si évident que Salaberry en demeura bouche bée.
    Il aurait voulu se persuader que son futur beau-frère était de la même étoffe que le colonel de Rouville, mais il en doutait fortement, comme il doutait des capacités d’Ovide à commander. Dire qu’il n’avait pas le choix de le compter

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