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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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parmi ses capitaines! Ce cousin, si différent des Juchereau-Duchesnay sur qui il pouvait compter les yeux fermés. La famille avait ses bons et ses mauvais côtés, comme il l’avait écrit à son père qui ne cessait de lui recommander l’un ou l’autre des membres de leur parenté, même la plus éloignée:
    Il est trop difficile de commander à des membres de sa propre famille… et je me vois placé dans une situation insoutenable où l’on discute mes ordres, ou pire, où l’on refuse de m’obéir. Convenez, dear father , que ce n’est pas de cette manière que j’arriverai à former de bons soldats.
    Son père, qui voulait diriger les Voltigeurs par procuration, nuisait parfois à son commandant.
    â€” Ah! Viger.
    Salaberry se leva pour faire signe au jeune homme qui le cherchait du regard. C’était presque impossible de s’y retrouver dans cette salle enfumée.
    â€” Enfin, vous voici! Alors, que dites-vous de mon offre?
    â€” Major de Salaberry, je suis à vos ordres, lui répondit Jacques Viger avec un enthousiasme qui réchauffa le cœur de Salaberry, bien plus que la bière.
    Cet homme déterminé plaisait beaucoup à Salaberry qui, sous des apparences de bon viveur, faisait montre d’esprit et de rigueur. Comme il l’avait annoncé à Rouville, ce qu’il avait à dire les concernait tous les deux:
    â€” Messieurs, vous êtes autorisé à commencer le recrutement de votre compagnie. Votre commission certifiant votre titre de capitaine vous sera confirmée lorsque vous aurez déniché trente-six volontaires. Je vous ai choisi comme capitaine puisque vous répondez aux exigences de la fonction: vous avez de l’instruction et une bonne connaissance de l’anglais. Comme vous le savez, la plupart des ordres seront rédigés et devront même être donnés dans cette langue.
    â€” Mazette! commenta Viger. Ce n’est pas une mince affaire que ces Voltigeurs.
    En examinant les deux hommes assis en face de lui, Salaberry entrevit soudain l’immensité de sa tâche. Pourtant, il n’avait pas le choix. Il devait faire de Rouville et de Viger – des hommes habitués au confort douillet de leur foyer et dont la pire épreuve avait sûrement été quelques coups de baguette sur les doigts lorsqu’ils étaient au séminaire – des officiers dignes de ce nom. À leur tour, ces officiers auraient la charge d’entraîner des hommes pour en faire des soldats, et ce, en l’espace de quelques mois. Comme si le fait de respirer un peu de poudre sur un champ de bataille pouvait miraculeusement transformer un homme en soldat!
    Il poursuivit ses explications.
    â€” Les engagements devront être dûment signés chez les notaires qui ont en main les formulaires. Et à chacune des recrues, vous remettrez la somme de quatre livres.
    â€” Mais avec quel argent? demanda Ovide, décontenancé.
    â€” À titre de capitaine, c’est vous qui assumez cette dépense. L’armée compensera plus tard par une allocation. Si vous manquez d’argent, je verrai ce que je peux faire.
    Ã€ Québec, Salaberry avait déjà pourvu à l’engagement de plusieurs hommes.
    â€” Et les hardes? demanda Viger.
    â€” Nous allons fournir l’uniforme complet: redingote, veste, pantalon, souliers de bœuf, casque et fourrure d’ours, capote, couverture, havresac, sac d’ordonnance et fusil, répondit Salaberry. Par ailleurs, je vous conseille de recommander à vos recrues de se munir d’une couverture, si elles en ont les moyens. Rien n’est plus rare qu’une couverture, en temps de guerre. All right? L’entraînement des premières recrues débutera dans quelques jours à Chambly. Mais je doute que les compagnies soient complètes d’ici là. Quoiqu’à Québec, le recrutement va bon train.
    Â«Eh bien! se dit Ovide. Me voilà embarqué dans une belle gabare.»
    â€” C’est bon, dit-il en faisant mine de partir. Si vous le permettez, messieurs, je vous laisse.
    â€” Vous ne restez pas? Je croyais que nous souperions ensemble. J’ai même invité Viger à se joindre à nous.
    Salaberry aurait voulu profiter de l’occasion pour faire plus ample connaissance avec Ovide. Peut-être arriverait-il à se

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