Julie et Salaberry
à sa manière dâêtre prévenant, elle voyait que son mari avait lâexpérience de lâintimité avec une femme et cette pensée la rassurait et lâintimidait à la fois. Mais en lisant dans ses yeux le plaisir quâil avait à la contempler, elle découvrit lâheureuse sensation de séduire lâhomme qui était son mari. Il sâétait déshabillé à son tour, ne gar-dant pour tout vêtement quâune chemise qui dévoilait des genoux rugueux et il lâenlaça pour lâembrasser longuement, son corps musclé tout contre elle, avant de la mener vers le lit.
Comme il était encore tôt, la clarté de cette soirée de mai pénétrait dans la chambre tamisée par les rideaux des fenêtres, doux clair-obscur qui jetait des reflets fauves dans les cheveux de Julie.
â Que tu es belle, dit-il en dénouant les rubans du déshabillé. Enlève ça.
Julie était maintenant en chemise, tremblante devant lui. Elle ferma les yeux. Charles la contempla de nouveau puis la caressa longuement, glissant ses mains sous son vêtement, et Julie se laissa porter par cet heureux prélude vers lâinconnu qui éveillait ses sens. Puis, la douceur fit place à une précipitation passionnée. Sans permission, son mari souleva le fin vêtement de nuit brodé avec tant de soin pour la dévêtir totalement. Ses puissantes mains se posèrent sur ses seins avant de les mordiller et elle fut surprise par cet appétit soudain pour son corps, chose quâelle nâaurait pu imaginer, même dans ses pensées les plus audacieuses. Charles murmura des mots anglais quâelle nâarrivait pas à comprendre. Après⦠Oh! Ce quâil fit par la suite était indescriptible et lorsquâil la pénétra, Julie ressentit une douleur vive mais brève, se disant tout à coup quâelle ne pourrait penser à tout cela le lendemain sans rougir. Charles commença à sâagiter furieusement en elle jusquâà ce quâil sâapaise en la serrant très fort. Il soupira, se retira, puis se laissa glisser sur le côté.
Après un court instant, il se retourna vers elle avec un sourire bienheureux, ses doigts jouant dans ses cheveux. Elle avait envie de cacher sa nudité mais nâosait le faire. Comme sâil avait compris, il remonta doucement le drap sur son corps.
«Ainsi, câest cela, lâacte conjugal?» se dit Julie en découvrant cette forme dâintimité avec laquelle elle nâétait pas encore tout à fait à lâaise. Toutes les épouses se prêtaient, au creux dâun lit, à ces gestes nécessaires pour avoir des enfants. Elle se rappela avoir surpris parfois chez des époux des regards langoureux qui en disaient long sur lâamour quâils éprouvaient lâun pour lâautre. Ces mêmes personnes accomplissaient aussi ce rituel sauvage!
â Mon ange, dit alors Charles. Je tâai fait mal sans le vouloir, mais câest toujours ainsi la première fois. Je mâen excuse, jâétais si impatient.
Elle frémit à cette déclaration.
â Ne tâexcuse pas, Charles, câétait agréable.
â Vraiment, ma petite femme? susurra-t-il.
Puis, il recommença à lui prodiguer des caresses, cette fois avec beaucoup plus de douceur, comme pour lâapprivoiser.
Plus tard, après une autre étreinte, il la serra dans ses bras et avant de sâendormir, il chuchota:
â Merci pour ce bonheur.
Ces mots la touchèrent et elle sombra dans le sommeil.
Â
Chapitre 18
On engage les Voltigeurs canadiens
René Boileau attendait une recrue du capitaine de Rouville qui devait venir signer son contrat dâengagement. à sa grande surprise, il connaissait le jeune homme en question. Avec un sourire dâune oreille à lâautre, lâun des frères cadets de Marguerite venait dâentrer dans son étude.
â Ãa parle au diable! Câest bien toi, Godefroi Lareau, recruté par le capitaine de Rouville? Mais assieds-toi!
Blond comme lâétaient tous les Lareau de la paroisse, il devait avoir environ vingt-cinq ans, estima René qui sây perdait dans le compte des naissances et des âges des membres dâune famille qui comptait des dizaines de cou-sins. Godefroi était un cadet, toujours célibataire,
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