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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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d’Odelltown, lui expliqua son mari. Huit cents hommes d’infanterie et trois cents cavaliers, sous les ordres de Pike et Clarke. Nous partons vers Lacolle sur-le-champ. Je te laisse Antoine. Il veillera sur Jeanne et toi. Si tu as besoin de me joindre, il se chargera de faire la commission.
    â€” L’ennemi risque-t-il d’arriver jusqu’ici? demanda-t-elle avec effroi.
    â€” Nous le repousserons et il ne viendra pas, la rassura Salaberry.
    Il s’approcha de sa femme et la serra dans ses bras.
    â€” Mais j’aimerais que tu regagnes Chambly avec nos domestiques. Fais préparer tes effets et va passer quelques jours chez ton père.
    â€” Charles, est-ce vraiment nécessaire que je reparte par des chemins boueux et mauvais? Il pleut sans cesse et nous arriverons trempés.
    â€” Je serais plus tranquille de te savoir à Chambly, dit-il en l’entraînant à l’abri des regards indiscrets.
    Il la contempla un instant. Un de ses doigts s’enroulait autour d’une mèche de ses cheveux et descendait lentement jusqu’à ses épaules, puis sa main caressa l’arrondi de son ventre et il l’embrassa longuement. Julie s’accrocha à cette bouche rude comme pour l’empêcher de partir, mais Salaberry mit fin au baiser.
    â€” D’ailleurs, tu n’as pas le choix. Tu pars, c’est un ordre, ajouta tendrement son mari avant de la laisser.
    Les yeux de Julie s’embuaient. La réalité de la guerre apparaissait tout d’un coup et une peur sourde vint se nicher dans le creux de son estomac. Que deviendrait-elle si Charles ne rentrait pas? Elle avait besoin qu’il reste auprès d’elle, qu’il les protège, elle et leur enfant.
    â€” Jure que tu reviendras, supplia-t-elle en s’accrochant à lui.
    â€” Jamais je ne pourrai te promettre une telle chose, mon ange. Un général ne peut rester à l’arrière de ses troupes, c’est lui qui les mène au combat. Mais tu sais que j’ai deux excellentes raisons de tenir à la vie, ajouta-t-il en la caressant du regard. Prie pour moi et Dieu veillera à ce que nous soyons ensemble dans quelques jours.
    Â«Charles a-t-il déjà oublié de quelle manière Dieu a veillé sur ses frères?» ne put s’empêcher de penser Julie.
    â€” Je partirai à Chambly, mais dès que les nouvelles seront bonnes, je reviendrai à Saint-Philippe, s’écria-t-elle avant que son mari ne disparaisse, la laissant seule avec sa peur au milieu de la cuisine.

    Dans les compagnies de Voltigeurs et celles des milices qui marchaient sur le chemin d’Odelltown en direction du village de Lacolle, une rumeur se répandit à la vitesse de l’éclair. On disait qu’il y avait onze mille Américains massés sur la frontière dans la région du lac Champlain et qu’un grand nombre d’entre eux avaient franchi la rivière Lacolle pour ensuite remonter la rivière Chambly. La troupe canadienne qui avançait vers eux ne comprenait que deux cents hommes.
    En réalité, les Américains étaient six cent cinquante, et les Voltigeurs, une centaine, mais leurs Indiens alliés qui les accompagnaient étaient deux fois plus nombreux et d’une redoutable efficacité.
    â€” Les Yankees les craignent plus que tout, expliqua Godefroi à Louis Charland.
    â€” Je les comprends. À moi aussi, ils me font peur.
    â€” Bien au contraire! Grâce à eux, nous gagnerons la guerre.
    Godefroi avançait en sifflotant, déterminé à flanquer une sacrée frousse aux Yankees. Mais son enthousiasme n’était plus partagé par le sergent Peltier qui ne cessait de se lamenter.
    â€” En voilà une belle vie! Satanés Voltigeurs! Se faire crier des ordres par la tête du matin au soir, abattre des arbres en travers des routes, le ventre creux; démolir des ponts, pour ensuite repasser dans les chemins ruinés par nos soins afin d’aller crier sus à l’ennemi. Et en plus, avoir un incapable pour capitaine. La peste soit de ce pendard!
    Godefroi ignorait que Peltier devait partager avec le capitaine les profits d’un certain commerce, mais concédait volontiers au sergent qu’il n’avait pas tout faux à propos du capitaine de Rouville. Ce dernier était peut-être le beau-frère du major – il se corrigea, car

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