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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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les autres bâtiments avant l’hiver. Je songe aussi à ma sœur, la belle madame Talham, comme on dit au village. Mon vœu le plus cher est de les revoir. Alors, j’me dis que le colonel Salaberry, avec sa femme qui l’attend aussi à Chambly, va tout faire pour qu’on revienne chez nous. Allez, mon Louis, faut dormir.

    Victoire avait convaincu Marguerite de se rendre chez madame de Salaberry. La mère de Godefroi Lareau connaissait les usages de la société. L’obligation de remercier dans les formes l’épouse du lieutenant-colonel de Salaberry, dont l’intervention avait été déterminante pour que son fils ait la vie sauve, en faisait partie. Godefroi leur avait tout raconté. De plus, il était tout à fait séant que Marguerite l’accompagne, en tant qu’épouse du docteur Talham, celui qui avait alerté Salaberry qu’une injustice se préparait. Marguerite devait se rendre à la raison; cette fois, elle ne pouvait se défiler et elle accompagna sa mère au manoir de Rouville.
    â€” Madame de Salaberry est la marraine de ta fille, dit Victoire à Marguerite. Elle attend le retour de son mari comme nous attendons celui de Godefroi, c’est dire que nous partageons tous le même sort. Il me semble que le moment est bien choisi pour lui rendre visite.
    â€” Je n’y arriverai pas, dit Marguerite, butée. Je crois même avoir épuisé toutes les excuses inimaginables pour éviter de me retrouver là-bas. Et vous savez pourquoi.
    â€” Pour vaincre ta peur, tu dois l’affronter, déclara Victoire. Sinon, c’est comme un démon qui s’empare de ton esprit, et qui décide pour toi. Celui que tu crains est absent, toutes les troupes sont sur le pied d’alerte, à ce qu’on dit. L’occasion est belle, elle ne se représentera pas.
    Finalement, ces dames se retrouvèrent assises à déguster la collation offerte par Julie dans le petit salon du manoir, tout en échangeant des compliments sur la beauté de leurs enfants, car la petite Marie-Anne accompagnait sa mère et sa grand-mère.
    â€” Je suis ravie de voir à quel point ma filleule a grandi, dit Julie à Marguerite.
    Peu farouche, l’enfant blonde souriait à sa marraine qui s’extasiait de la voir déjà marcher.
    â€” Comme le temps passe... soupira-t-elle, se rappelant de l’époque, pas si lointaine, où elle se désespérait de ne pas être mariée.
    â€” Votre petit garçon est splendide, la complimenta Victoire.
    Pendant que les mères énuméraient les exploits de leur progéniture, Victoire repassait dans sa tête ce qu’elle allait dire à Julie.
    â€” Madame de Salaberry, j’oubliais de vous transmettre les meilleures salutations de mon mari.
    â€” La santé de monsieur Lareau est-elle bonne? s’inquiéta aimablement Julie.
    â€” Elle se maintient, heureusement, je vous en remercie. Mais il est fort occupé ces jours-ci. Avec tous les hommes valides qui sont à la guerre, il ne reste que les plus jeunes ou les vieillards pour aider au champ.
    Victoire prit une gorgée de thé pour se donner de la contenance.
    â€” J’aimerais vous dire…
    Elle s’arrêta un instant, comme pour se donner un élan, peu habituée de se lancer dans de longs discours.
    â€” Chère madame, je tiens à ce que vous exprimiez à votre mari notre reconnaissance au sujet de notre Godefroi. Vous qui êtes devenue mère, vous pouvez facilement imaginer les craintes et l’angoisse ressenties par une autre mère.
    Une ombre passa sur le visage de Julie. Tout en écoutant Victoire, elle revoyait le docteur et René venus à La Prairie pour supplier son mari d’intervenir, et Charles qui refusait, les accusant de soutenir un lâche. Cette triste histoire avait failli la séparer de ses amis, mais tout était rentré dans l’ordre.
    En recevant le billet de Marguerite, ce matin, elle avait été heureuse de voir que celle-ci ne nourrissait aucune rancune.
    â€” Chère madame Lareau, dit Julie, je sais bien peu de choses sur ces pénibles événements. J’ai été la première à me réjouir de la libération de votre fils; plus d’une fois, j’ai eu l’occasion d’apprécier le caractère honnête de Godefroi.
    â€” Oh! Votre mari a

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