Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
qui lui ai demandé, rétorqua Louis. Mais demain, tu exigeras qu’il se rende à Chambly en ton nom, afin d’aller présenter tes respects à ton cousin de Rouville. Il n’osera pas refuser une requête venant de sa mère, ajouta-t-il dans un sourire satisfait qui accentuait les rides de son visage. L’important, c’est qu’il rencontre la jeune fille. Retourne te coucher, très chère. Tu verras que tout finira par bien se passer.
    Catherine opina gravement, mais elle était loin de partager l’assurance de son mari. Comme elle s’y attendait, son fils n’avait pas oublié Mary et en voulait encore à son père. Charles n’avait eu d’autre choix que d’écrire à sa cousine d’Irlande une déchirante lettre de rupture. Il ignorait toutefois que sa mère avait approuvé cette décision. Plus tard, se rappela madame de Salaberry, ses appréhensions s’étaient confirmées. Elle avait appris que Mary Fortescue avait hérité du tempérament frivole de sa mère, Suzanne de Saint-François. Mais son fils, ébloui par l’amour, ou par ce qu’il avait cru être l’amour, n’avait jamais eu le temps de découvrir à quel point celle qu’il aimait ne lui convenait pas.
    Perplexe, elle regagna sa chambre.
    Son époux se cantonna dans son fauteuil, comme si ce qui venait de se passer était sans importance. Louis avait l’habitude que ses enfants lui obéissent, même s’il fallait pour cela emprunter des moyens détournés.
    Monsieur de Salaberry reprit un livre en cherchant sa page, puis se replongea dans les délices d’une de ses lectures préférées: L’Art de se taire .
    6 . Cher père! C’est si bon de vous revoir!
    7 . Un cousin de ma mère, je crois?
    8 . Que se passe-t-il, père?
    9 . Que voulez-vous dire, père? Que signifie tout cela?
    10 . Mary, mon cher amour.
    11 . Non. Je ne me marierai jamais. Ne comptez pas sur moi pour aller à Chambly!

Chapitre 3
De tristes nouvelles
    Un mois avant ces événements, le duc de Kent et madame de Saint-Laurent étaient de retour à Londres afin de passer l’hiver au palais de Kensington où le prince disposait d’une suite d’appartements. Situé aux environs de la capitale, ce château avait depuis toujours abrité la famille royale. Restaurée au xvii e siècle à grands frais par l’architecte Christopher Wren, la prestigieuse résidence déplaisait pourtant à George III, le roi actuel, qui lui préférait le palais de Saint-James, au cœur de Londres.
    Le matin du 18 novembre 1811, Son Altesse Royale le duc de Kent était à sa table de travail de bonne heure, comme il en avait l’habitude. On venait de lui remettre une missive cachetée de cire noire: une longue lettre provenant des Indes orientales et datant de plusieurs mois. Le courrier qui venait d’aussi loin par mer mettait des semaines, voire des mois avant d’arriver à destination. L’auteur de la lettre était un lieutenant du deuxième bataillon du régiment personnel du prince, un dénommé George Gordon, en poste dans ces contrées éloignées. Dès la lecture des premiers mots, le visage du duc de Kent se décomposa.
    Masulipatam, 7 avril 1811
    Sir,
    La nouvelle de la mort du jeune lieutenant Maurice de Salaberry a été communiquée à Votre Altesse Royale par son frère, et c’est maintenant à mon tour, avec une peine immense, d’annoncer à Votre Altesse Royale le destin implacable du cher ami qui me manquera à jamais, le regretté lieutenant François de Salaberry.
    Au mois de janvier, lorsque nous avons quitté notre dernier poste, monsieur de Salaberry a été atteint d’une crise de foie tellement grave qu’il n’a pu quitter les lieux avec son régiment. Dans le courant du mois, il s’était presque rétabli, mais, hélas, il a été saisi par la dysenterie qui lui a été fatale le 5 avril dernier, il y a deux jours de cela.
    Comme vous avez eu la bonté d’écrire à la famille pour annoncer la mort de son frère Maurice, je ne me crois pas trop imprudent de vous demander d’avoir l’obligeance, puisque vous les connaissez bien, de leur communiquer la triste nouvelle […]
    D’abondantes larmes coulaient sur les joues du

Weitere Kostenlose Bücher