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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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madame, la demoiselle Papineau arrivée tout à l’heure avec une lourde malle que Pierre, l’homme engagé, avait montée à l’étage avec difficulté.
    La servante prit grand soin de ne faire aucun geste brusque, afin de déposer sans encombre le plateau chargé de plusieurs tasses et soucoupes de porcelaine fine, d’un sucrier et d’un petit pichet de lait, en plus de la jolie assiette bleue sur laquelle madame Lareau avait disposé les tran-ches fines d’un gâteau que cette dernière avait fait, le matin même. Sa mission accomplie – un exploit –, un soupir de soulagement secoua Lison.
    Mademoiselle Papineau la dévisagea avec sévérité.
    â€” Doux Jésus! En voilà des manières!
    Lison jeta un regard affolé à sa maîtresse.
    â€” C’est bien, la rassura Marguerite. Tu as très bien rempli ton office. Tu peux t’en retourner.
    La jeune fille ramassa son courage pour faire une rapide révérence et s’enfuit vers la cuisine.
    â€” Rosalie, vous effrayez ma servante, gronda Marguerite en riant.
    â€” Que voulez-vous, ma chère, je me méfie de vos filles, se défendit Rosalie, sentencieuse, se rappelant les misères que Charlotte Troie avait causées à Marguerite, au début de son mariage avec le docteur.
    â€” Rassurez-vous, mademoiselle Rosalie, ma femme est devenue la meilleure des maîtresses de maison, déclara Alexandre, en coulant un regard tendre vers son épouse.
    â€” Je vous l’accorde volontiers, cher docteur, même si les hommes ne s’y entendent guère en matière de tenue de maison.
    Rosalie Papineau aimait avoir le dernier mot.
    â€” Allons! ordonna-t-elle sur le ton d’un général d’armée. Il est temps de s’adonner au plaisir du thé. Hum! Ce gâteau me semble bien appétissant.
    Madame Lareau s’apprêtait à servir, quand Rosalie se leva prestement et lui retira la théière des mains.
    â€” Je vous en prie, chère madame, fit-elle, dans un sourire gracieux. J’adore servir le thé…
    â€” Mère, laissez faire Rosalie, approuva Marguerite, la voix affaiblie par la fatigue d’une fin de grossesse.
    Son dos lui faisait mal et elle n’en pouvait plus d’être assise, aucune position n’étant confortable pour son corps alourdi. Elle aurait voulu allonger ses jambes sur le sofa. Mais comme la demoiselle de Rouville avait insisté, Marguerite avait accepté de la recevoir dans l’intimité d’un thé d’après-midi. Heureusement que sa mère était là pour aider.
    â€” Dans ce cas, dit Julie en souriant à Rosalie, c’est moi qui servirai le gâteau.
    â€” Mais cela ne se fait pas! s’offusqua madame Lareau qui connaissait suffisamment les usages pour savoir qu’une demoiselle du rang de Julie ne servait pas chez les autres.
    â€” Vous croyez? répondit Julie, amusée. Madame Lareau, voici pour vous, ajouta-t-elle en offrant à Victoire une part de gâteau sur une délicate assiette de porcelaine.
    â€” Figurez-vous que maître Joseph Bédard a voyagé avec nous, dit Rosalie une fois le thé servi. Selon les dires de cet avocat, à qui, soit dit en passant, je trouve un air sournois, votre famille se chicane fortement avec le curé. Votre oncle Boileau aurait tous les torts. Ce gâteau est excellent, ajouta-t-elle avec un regard admiratif à madame Lareau tout en prenant une deuxième bouchée de la pâtisserie.
    Victoire reçut le compliment d’un sourire discret, pendant que le docteur réfléchissait aux propos de Rosalie.
    â€” Diable! Un avocat, maintenant. Je n’aurais pas cru notre curé entêté à ce point… Mais peut-être est-ce nécessaire pour régler cette affaire délicate. J’avoue qu’au point où nous en sommes…
    Julie approuva. Dans les conversations, on ne parlait plus que de cela.
    â€” Votre père et moi devons conserver la tête froide, mademoiselle de Rouville, sinon le village sera bientôt à feu et à sang, commenta le docteur qui tentait de demeurer neutre dans cette querelle.
    â€” C’est une situation extrêmement pénible, expliqua Marguerite à Rosalie. Tout le village en souffre et chacun se croit dans l’obligation de choisir son clan: le curé ou les Boileau. Depuis

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