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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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souverain ait jamais eu un serviteur plus fidèle que celui que j’ai trouvé dans le noble comte.
    Un murmure d’approbation s’éleva parmi les seigneurs du parti de Leicester, et les amis de Sussex n’osèrent y opposer qu’un silence respectueux. Les yeux baissés, ils restèrent mortifiés et déconcertés par le triomphe complet et public de leurs antagonistes.
    Le premier usage que fit Leicester de sa rentrée en faveur fut de demander à la reine ses ordres relativement à Varney. Quoiqu’il ne mérite que mon courroux, dit-il, si pourtant il m’était permis d’intercéder…
    – J’avais oublié cette affaire, dit la reine, et je me le reproche. Nous devons rendre justice au plus humble, comme au plus élevé de nos sujets. Nous vous remercions, milord, de nous en avoir rappelé le souvenir. Où est Tressilian ? où est l’accusateur ? Qu’il se présente devant nous.
    Tressilian s’avança, et la salua respectueusement. Sa tournure, comme nous l’avons déjà dit, était pleine de grâce et de noblesse, ce qui n’échappa point aux observations critiques d’Élisabeth. Elle le regarda avec attention, tandis qu’il était debout devant elle, d’un air calme et ferme, mais profondément affligé.
    – Je ne puis m’empêcher de plaindre ce gentilhomme, dit-elle à Leicester ; j’ai pris ce matin des renseignemens sur lui ; j’ai su que c’est un homme instruit, un brave soldat, et il suffit de le voir pour en être convaincu. Nous autres femmes, milord, nous sommes capricieuses dans notre choix. J’aurais dit tout à l’heure, à en juger par les yeux, qu’il n’y avait pas de comparaison à faire entre lui et votre écuyer ; mais ce Varney a la langue dorée, et l’amour s’est introduit dans le cœur de plus d’une femme par les oreilles. – M. Tressilian, la perte d’une flèche n’est pas un arc rompu. Votre tendresse véritable, comme je dois le croire, paraît avoir été mal récompensée ; mais vous êtes un homme instruit, et vous n’ignorez pas que depuis la guerre de Troie jusqu’à nos jours il s’est trouvé plus d’une Cressida trompeuse. Oubliez cette infidèle, et que votre affection ait des yeux plus clairvoyans. Nous vous parlons ainsi plutôt d’après les écrits des doctes auteurs que d’après nos connaissances personnelles, notre rang et notre volonté ayant écarté bien loin de nous les lumières de l’expérience sur cette frivole passion. Quant au père de cette dame, nous adoucirons son chagrin en accordant à son gendre quelque place qui le mettra en état de soutenir honorablement son épouse. Et vous-même, Tressilian, nous ne vous oublierons pas. Suivez notre cour, et vous verrez qu’un vrai Troïlus peut compter sur nos bonnes grâces. Songez à ce que dit cet original de Shakspeare à ce sujet : Ses drôleries me viennent à l’esprit quand je devrais penser à autre chose. Ne sont-ce pas là ses vers ?
    Cresside était à vous par le décret du ciel ;
    Mais Cresside a brisé ce lien solennel.
    Pourquoi porteriez-vous envie à Diomède !
    Les fragmens de ces nœuds sont tout ce qu’il possède {75} .
    Vous souriez, lord Southampton ? peut-être ma mauvaise, mémoire estropie les vers de votre favori. Mais c’en est assez ; qu’il ne soit plus question de cette sotte affaire.
    Tressilian était toujours devant elle, dans l’attitude d’un homme qui voudrait être entendu, mais à qui le respect ferme la bouche. – Eh bien ! ajouta la reine avec quelque impatience, que voulez-vous de plus ? cette fille ne peut vous épouser tous deux. Elle a fait son choix. Ce n’était peut-être pas le meilleur qu’elle pût faire ; mais enfin elle est épouse de Varney.
    – Si cela était, gracieuse souveraine, dit Tressilian, je n’aurais plus rien, à réclamer de votre justice, et toute idée de vengeance s’évanouirait ; mais je voudrais en avoir de meilleures preuves que la parole de Varney.
    – Partout ailleurs où un pareil doute m’insulterait, dit Varney, mon épée…
    – Ton épée ! interrompit Tressilian en jetant sur lui un regard de mépris ; sans le respect que je dois à Sa Majesté, la mienne…
    – Insolens ! s’écria la reine ; silence. Oubliez-vous tous deux où vous êtes ? Voilà le résultat de vos dissensions, milords, dit-elle en regardant tour à tour Leicester et Sussex ; les gens qui vous sont attachés prennent vos sentimens et votre humeur, et jusque dans ma cour, en ma

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