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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’entre eux de lui préférer une autre femme. Courage donc, tenez-vous-en à cette idée ; portez au pied du trône une pétition de sir Hugh, avec le détail de l’insulte qui vous a été faite ; le comte se jetterait la tête la première dans la Tamise plutôt que d’oser protéger son favori dans une affaire de cette nature. Mais pour le faire avec quelque espoir de succès, il faut vous mettre sérieusement à l’ouvrage. Au lieu de vous amuser ici à tirer des bottes avec le premier écuyer de Leicester, et de vous exposer aux poignards de ses camarades, courez dans le Devonshire, faites signer une pétition à sir Hugh, et cherchez des amis qui puissent vous protéger à la cour.
    – Vous avez raison, Gosling : je suivrai votre avis ; je partirai demain à la pointe du jour.
    – Faites mieux, M. Tressilian ; cette nuit même. Je n’ai jamais désiré voir arriver un voyageur autant que je désire vous voir partir. Mon neveu sera pendu un jour ou l’autre, c’est sa destinée ; mais je ne voudrais pas qu’il le fût pour avoir assassiné un de mes plus honorables hôtes. Il vaut mieux voyager seul la nuit, dit le proverbe, que le jour à côté d’un assassin. Partez, monsieur, partez sur-le-champ, pour votre sûreté. Votre cheval est prêt, je l’ai sellé et bridé moi-même ; et voici votre compte.
    – Il ne monte pas à un noble, dit Tressilian en lui donnant une pièce d’or. Vous remettrez le reste à la gentille Cicily, votre fille, et aux domestiques de l’auberge.
    – Ils profiteront de votre libéralité, monsieur, et vous recevriez les remerciemens de ma fille de sa propre bouche si ce n’était que l’heure s’y oppose.
    – Ne souffrez pas que les voyageurs prennent trop de libertés avec votre fille, mon cher Gosling.
    – Oh ! que j’ai soin d’y avoir l’œil ! Cependant je ne suis pas surpris que vous me fassiez cette observation. Mais dites-moi donc de quel œil la belle dame vous a regardé hier.
    – Elle paraissait plus irritée que confuse, et je crains bien qu’elle ne soit encore dans le délire d’une fatale illusion.
    – Mais en ce cas, monsieur, pourquoi vous faire le champion d’une femme qui ne se soucie pas de vous ? Pourquoi vous exposer au ressentiment du favori d’un favori ? C’est le monstre le plus dangereux qu’ait jamais rencontré chevalier cherchant les aventures.
    – Vous vous trompez, Gosling, vous ne me comprenez pas : je ne désire pas qu’Amy m’accorde une seule pensée ; que je la voie rendue à son père, et tout ce que j’ai à faire en Europe et peut-être dans le monde est complètement fini.
    – Une résolution plus sage serait de boire un verre de vin et de tout oublier. Mais vingt-cinq ans et cinquante ne voient pas ces sortes d’affaires avec les mêmes yeux, surtout quand ces yeux se trouvent dans la tête d’un jeune homme de qualité ou d’un vieil aubergiste. J’ai compassion de vous, M. Tressilian ; mais je ne vois pas en quoi je puis vous servir.
    – Le voici, répondit Tressilian : il ne s’agit que d’avoir l’œil sur ce qui pourra se passer à Cumnor-Place, ce que vous pouvez faire sans donner lieu à aucun soupçon, attendu le grand nombre de personnes qui fréquentent votre auberge, et de m’en informer par écrit, par le moyen de la personne qui vous présentera cette bague de ma part. Regardez-la bien pour la reconnaître ; elle a quelque valeur, et je vous prierai de la conserver alors comme une marque de mon souvenir.
    – Je ne désire aucune récompense, monsieur ; mais il me semble qu’il serait malavisé à moi, dont l’état dépend du public, de me mêler d’une affaire de cette nature, d’une affaire à laquelle je n’ai aucun intérêt.
    – Aucun intérêt, Gosling ! N’êtes-vous pas père ? ne s’agit-il pas de faire rentrer dans le chemin de la vertu une fille égarée dans les sentiers de la honte et du vice ? Quel plus grand intérêt la terre peut-elle offrir à un père ?
    – C’est pourtant vrai, et j’ai pitié de tout mon cœur du pauvre vieillard qui a écorné sa fortune en tenant table ouverte pour l’honneur de son pays, et qui maintenant voit un épervier comme Varney lui ravir une fille qui devait faire la consolation de ses vieux jours. Ce que vous voulez faire est une véritable équipée ; mais n’importe, j’apprendrai à hurler avec les loups, et je vous aiderai dans votre honorable projet de rendre sa fille à un

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