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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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lèvres de Muhavija, elle dit :
    — Pas un mot, écoute-moi.
    Elle murmura la vérité. Quand elle se tut, Muhavija sourit paisiblement. Sur ses traits se lisait cette compréhension née d'une longue solitude et de dures épreuves.
    — Je te l'ai dit hier, Khadija : « Ce sera un enfant. » Tu ne voulais pas m'entendre.
    — Al'lat a voulu que je t'écoute. Mon cœur chante, mais ma tête sait ce qui m'attend. Ce n'est pas un homme de rien qui me défendra à la mâla contre Al Çakhr et sa bande de chouettes haineuses. Âmmar mon époux ne l'a pas pu. Comment cet Ibn `Abdallâh y parviendrait-il, lui qui ne possède pas même son chameau ?
    — À son retour de Sham, ton Muhammad entrera dans Mekka sur un méhari d'or. Il sera celui qui aura sauvé ta caravane, celle d'Abu Nurbel et celle d'Al Sa'ib. D'ici là, chacun saura qui a organisé la razzia.
    — Quand il reviendra dans Mekka, il me verra avec toutes mes rides et...
    — Ne recommence pas à te cacher derrière ton âge, cousine Khadija. Tes rides ne sont pas encore assez creusées pour que je puisse les voir dans la lumière du matin.
    — Qui sait s'il ne reviendra pas avec une épouse ?
    — En ce cas, ce sera à peine une épouse.
    — Tout te paraît tellement facile, Muhavija ! On ne balaye pas ce qui existe avec la queue d'un âne.
    — Précisément. Oublies-tu qui tu es ? Dès l'instant où ce garçon sera ton époux, il portera ta puissance. Et si tu sais le modeler, il deviendra aussi grand qu'un Abu Sofyan al Çakhr. Ou plus encore. Ibn `Abdallâh est fils de rien, mais Abu Talib est son tuteur. Lui n'est pas rien. Il ne souhaitera pas mieux que de mettre sa main dans ta main. Le clan des Hashim se rappellera que Muhammad, le héros, est des leurs. Tu seras la puissance qui leur manque. Tout ceux de la mâla qui détestent Abu Sofyan sans oser le montrer se rangeront à ton côté.
    — Mais lui ? Lui, voudra-t-il de moi ?
    — Lui qui n'a rien, comme tu dis...
    — Je ne te parle pas de puissance et de richesse. Voudra-t-il m'aimer comme je l'aime ? Voudra-t-il de mon corps comme je veux du sien ? Crois-tu que je m'avilirais à aimer un homme que je dégoûterais ? Qui ne me prendrait que pour les chameaux que j'envoie sur les routes ? Je ne suis pas cette femme-là. Al'lat ne peut exiger cela de moi.
    — Ô, cousine chérie ! À quoi bon la torture des mots et des questions ? Si tu lui fais bouillir le sang, tu le sauras comme toutes les femmes l'apprennent de tous les hommes : quand tu seras nue devant lui.
     
    Les mots filèrent toute la matinée entre les cousines. Lorsque le soleil atteignit son zénith, Muhavija était parvenue à conforter Khadija dans sa décision. Avec beaucoup d'entrain, elle la convainquit de ne pas agir à la légère. Il fallait un plan. Elle le proposa. Khadija n'y trouva pas grand-chose à redire.
    Après qu'elles se furent serré les mains et tenues embrassées entre rires et larmes, telles des fillettes se jurant une fidélité éternelle, Khadija fit venir Barrira et Abdonaï devant elle.
    — Ce que je vais vous confier, vous le garderez dans votre tête et votre bouche. Pas un mot ne doit sortir d'ici avant que je le décide, annonça-t-elle.
    Elle leur apprit la nouvelle.
    Sans surprise, Barrira ne fut que cris de joie et tendres larmes. L'air faussement indifférent d'Abdonaï, Khadija s'y attendait aussi, non sans crainte. La colère brilla plus qu'elle ne s'y attendait dans les yeux du Perse. Ce qu'il pensait vraiment, elle le devinait sans peine. Et, quoiqu'elle n'en pût rien montrer, elle partageait un peu de sa douleur.
    Elle apaisa l'émotion de Barrira avant de s'adresser au Perse avec franchise :
    — Tu n'aimes pas ma décision ?
    Abdonaï eut son geste familier. Sa main unique empoigna le cuir recouvrant son moignon et le pressa contre sa poitrine. Cela lui donna la force de tordre ses lèvres en une grimace qui ressemblait à un sourire.
    — Non.
    — Abdonaï ! s'écria Barrira.
    — Non, je ne l'aime pas, répéta le Perse avec sa grimace de guerrier. Mais je m'y attendais. Quand j'ai parlé du piège d'Al Çakhr, hier, je savais. Et tu as raison de la prendre, saïda Khadija.
    — Je ne le veux pas pour le sauver de la vengeance d'Abu Sofyan. Pas seulement.
    — Cela aussi, je le devine, soupira Abdonaï.
    — Si le jeune Ibn `Abdallâh ne veut pas de moi, je serai ridicule devant tout Mekka.
    — Khadjiî !
    D'un geste sec, Khadija fit

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