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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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entourent. Elles sont assez semblables à des cercueils et contiennent des torpilles aériennes ; il s’agit de les décharger.
    — Ce matin, nous avons été séparées des autres et conduites à ce nouveau travail. Notre place est bonne car nous sommes à l’abri, mais ces caisses beaucoup plus grandes que nous et posées étroitement les unes sur les autres nous laissent rêveuses.
    — Dehors, les Russes s’affairent. Nullement pressées de travailler nous attendons.
    — Un grand diable de S.S. grimpe près de nous, se saisit d’une caisse et la bascule au-dehors.
    — Cela a l’air terriblement lourd. Nous poussons des exclamations qu’il prend pour de l’admiration.
    — Une autre caisse suit la première. Devant son air satisfait nous réitérons nos louanges.
    — Fier de sa force, il décharge seul le wagon, tandis qu’assises dans un coin, nous poussons des cris d’encouragement.
    — Et nous rentrons au camp après avoir simplement aligné quelques caisses, sans trop nous presser.
    — En somme, c’est une bonne journée.
    — 10 avril 1945 – nous creusons, ce matin lxxvi , une tranchée à la limite du camp d’aviation.
    — La piste, toute proche, ne tarde pas à s’animer d’une façon inaccoutumée : des camions chargés de munitions, des véhicules de toutes sortes, des avions, porte-avions, la sillonnent sans arrêt ; tout ce matériel est rangé non loin de la place que nous occupons.
    — N’y tenant plus, j’interpelle Isabelle :
    — « Retourne-toi et regarde ! »
    — Mais, désabusée, elle répond simplement :
    « — Ils sont fous ! »
    — Je tiens à mon idée et ajoute d’un ton de regret :
    « — Si seulement nous pouvions prévenir…»
    — Le temps passe et la circulation continue.
    « Voralarm… Voralarm…» ; la sirène commence à mugir…
    — Machinalement, nous levons la tête ; les S.S., inquiets, regardent eux aussi… ; le ciel est limpide et bleu, ils se tranquillisent.
    « Los… Los… Arbeit ; nicht arbeiten, nicht essen…»
    — À nouveau les pelles s’enfoncent dans la terre.
    — « Flieger-Alarm… Flieger-Alarm…» ; la sirène ne s’interrompt plus. Le danger est imminent, nos gardes s’affolent : « Vite… Vite…» il nous faut même laisser les outils.
    — La colonne hâtivement formée s’ébranle au pas de course, en direction du petit bois tout proche ; le vrombissement des avions emplit l’air.
    — Mais on nous fait marcher trop vite ; je me laisse dépasser. Marila se retourne et m’appelle : « Vite, grossen Alarm, Kaputt…»
    — « Je ne peux pas courir… je ne peux plus…»
    — Isabelle, qui déjà soutient Jeannot, me voit prête à tomber ; elle agrippe et m’entraîne ; la course folle continue. Nous atteignons les premiers arbres ; il est temps, les bombes commencent à tomber.
    — Notre petit bois se situe en plein dans la zone de feu ; les projectiles éclatent de tous côtés, à moins de cent mètres de notre abri.
    Instinctivement, nous nous sommes allongées sur le sol qui bouge et, pour nous protéger, nous avons mis nos gamelles sur nos têtes.
    Au-dessus de nous, les avions se mitraillent. Les S.S. sont verts et les Aufseherinnen claquent des dents.
    — Pour ne pas nous quitter, si nous devons mourir, nous nous sommes mises tout près l’une de l’autre. À voix haute et tranquille je récite le chapelet ; Isabelle me répond, calmement.
    — Aucune prisonnière ne songe à avoir peur ; une grande joie nous étreint toutes : « Ils sont là. »
    — L’odeur de brûlé monte ; à travers les arbres, la fumée apparaît épaisse.
    — Le vacarme dure longtemps ; puis, soudain, tout se tait.
    — Une petite Russe s’aventure alors à la lisière du bois ; elle revient lisant un tract grand ouvert. Un S.S. se rue sur elle, le lui enlève et la gifle.
    — Mais il n’a pas vu celui qu’elle a glissé dans sa botte.
    — Nous rentrons au block par des chemins détournés ; les talus sont jonchés de papier. « Propaganda », ricanent les S.S.
    Nos compagnes nous attendent dans les chambres ; elles sont plus mortes que vives et nous croyaient toutes tuées.
    L’autre kommando n’est pas rentré. Une petite Italienne pleure : « Où est ma sœur ? » Notre groupe est au complet, mais nous ignorons ce qu’il est advenu des autres, parties dans une direction opposée.
    Toutes les conduites d’eau sont coupées ;

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