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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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idiot, comme projet.
    —    Tu n'en as pas envie ?
    Un bref moment, Edouard posa un regard méfiant sur son camarade. Celui-ci, plus cramoisi que jamais, balbutia :
    —    Pas comme cela, pas avec une... Ce ne serait pas bien.
    —    Voyons, tu ne te conserves tout de même pas intact pour le soir de tes noces? Une bonne confession, en revenant...
    —    Ce n'est pas juste cela. Tu sais que j'aime ta sœur.
    Fallait-il le traiter d'idiot, lui dire de prendre une douche
    froide avec l'espoir que le bon sens lui revienne ?
    —    Comme tu voudras. Tu veux cet... instrument ?
    Sa main droite passa dans sa poche, sortit à demi la petite boîte ronde.
    —    Ne sors pas cette chose dans la rue. C'est illégal. Tu peux la garder, je n'en aurai pas besoin.
    Un instant, Edouard eut envie de dire : «Et si tu te maries à vingt-cinq ans, te contenteras-tu de ton poignet jusque là ? » Il secoua la tête de dépit, songeant que même la main de son ami devait être condamnée à l'inactivité. Autant reprendre le chemin de l'hôtel.
    Comme son père douze ans plus tôt, Édouard demanda une «bonne adresse» à un portier de l'hôtel, tout en lui glissant un pourboire généreux dans la main. L'autre le regarda des pieds à la tête, reconnut le jeune étudiant de bonne famille désireux de s'encanailler et lui suggéra une maison toute proche du Quartier latin. Au moment de quitter la salle à manger de l'hôtel Viger, le garçon regarda son ami et demanda encore :
    —    Tu es certain ?
    —    ... Oui. Tu me connais, je mourrais de honte juste à approcher du confessionnal.
    Vingt minutes plus tard, après avoir marché vers le sud de la rue Saint-Denis, Edouard entra dans une maison bourgeoise de la rue Vitré, située toutefois trop près du port pour se trouver encore dans un quartier respectable. Un colosse l'accueillit un peu froidement, puis le laissa finalement entrer après le paiement d'un sésame. Dans un salon victorien, une douzaine de filles tuaient le temps en attendant l'affluence de ce samedi soir.
    —    Faites votre choix, invita une tenancière affreusement fardée.
    L'abondance de jambes gainées de bas, de cuisses mises en valeur par des culottes de batiste, de poitrines à demi découvertes par des corsets largement échancrés, tout cela lui monta à la tête. Toutes ses mauvaises pensées des dernières années étaient incarnées par ce petit peloton de filles perdues.
    —    N'importe laquelle ?
    —    Ou tout le groupe, si vous en avez les moyens.
    La vieille femme lui adressa une œillade appuyée, émue par l'inexpérience et la candeur de ce jeunot.
    —    Trop, c'est comme trop peu... La Chinoise, là, parle français ?
    —    Non. A peine quelques mots d'anglais. Mais vous pourrez vous faire des signes.
    Elle claqua des doigts, pointa son index sur la jeune asiatique, puis vers l'étage. Celle-ci se dirigea vers l'escalier. Après un nouveau moment d'hésitation, surpris de voir cette transaction se régler si vite, il la suivit.
    Dans une chambre minuscule se trouvait un lit étroit et, dans un coin, un pot d'eau et une bassine de porcelaine. La prostituée s'assit pour enlever ses bas en disant, dans un anglais à peine compréhensible :
    —    Laver.
    —    Pardon ? Ah oui.
    Malgré son inexpérience, la précaution lui parut raisonnable, au point de se promettre de répéter l'opération après.
    Convenait-il de se mettre complètement nu ? A la fin, il garda ses bas car le plancher paraissait un peu froid, et son tricot de corps, puisque la Chinoise paraissait résolue à conserver son corset, une décoration sur son corps gracile. Il dévissa le couvercle du petit contenant cylindrique, sortit le condom, un tube un peu plissé de cuir d'une minceur inimaginable, cousu avec un fil de soie très fin à une extrémité, ouvert et affublé d'un ruban rose à l'autre.
    L'usage de cet accessoire ne faisait pas vraiment mystère et la situation se révélait suffisamment excitante pour le mettre en état de s'en servir. Toutefois, ses doigts un peu tremblants provoquèrent un fou rire chez sa compagne. Elle tendit la main, prit le boyau flasque et entreprit de le glisser elle-même sur le sexe raidi. Le contact de ses doigts, surtout au moment où elle se mit en frais d'attacher le ruban autour des testicules, arracha un « Oh ! » au garçon, en même temps qu'un petit mouvement de recul. Un peu plus et ce petit habit faisait

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