Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
mais ils me semblent moins complexes que celui-là.
    Une demi-heure plus tard, Fulgence quittait la pièce avec de grandes enveloppes de papier sous le bras, résolu à mobiliser ses meilleurs employés dès le lendemain. Les premiers modèles seraient en vitrine en novembre, juste à temps pour que les hommes à la recherche d'un cadeau de Noël somptueux puissent s'y intéresser.
    Quant à Thomas, après une journée de plus de douze heures, il éteignit enfin les dernières lumières électriques du troisième étage de son vaste commerce.
    Lors de son retour au domicile de la rue Scott, Édouard produisit son petit effet. Quand le garçon passa la tête dans la porte du petit salon, Eugénie le reçut avec un :
    —    Qu'est-ce que tu as encore fait ?
    Le ton et les sourcils froncés trahissaient l'agacement de la sœur aînée habituée à ses folles équipées plutôt que l'inquiétude. Cependant, la brunette qui feuilletait une revue de mode en sa compagnie commença par un «Oh! Mon Dieu ! » puis elle se leva précipitamment pour le prendre par le bras en disant:
    —    Édouard, venez vous asseoir... Eugénie, il faut appeler un médecin.
    —    Il a reçu une pierre, expliqua Fernand Dupire en réponse au regard interrogateur de la jeune fille de la maison.
    —    L'assemblée de Bourassa ? Je lui avais dit que cela tournerait mal. Mais il n'écoute personne.
    Elise Caron conduisit le blessé vers un fauteuil. Il se laissa
    faire en exagérant sa faiblesse. Elle répéta :
    —    Il faut un médecin. Téléphone à mon père, il sera là dans un instant.
    —    Voyons, il suffit de le débarbouiller un peu, rétorqua Eugénie, agacée par la mauvaise comédie.
    —    ... Madame votre mère ne se trouve pas à la maison? demanda Fernand, résolu à s'en tenir à la lettre de la directive formulée par Thomas Picard un peu plus tôt au magasin.
    —    Elle se prélasse dans son bain.
    L'aînée se rendit compte que son frère risquait de tacher le fauteuil avec son sang, soupira d'impatience avant de capituler:
    —    Bon, je vais m'occuper de lui. Attendez-moi un instant.
    —    Je vais vous accompagner, décréta le visiteur.
    Ils quittèrent la pièce ensemble. Demeurée seule avec le blessé, la brune Élise se pencha sur lui, souleva un peu ses cheveux afin de voir la blessure.
    —    Cela doit faire très mal, souffla-t-elle.
    —    C'est atroce...
    Les doigts de la jeune fille s'attardaient sur les cheveux. Elle continua avec sollicitude :
    —    Tout de même, ce serait plus prudent d'appeler un médecin. Avec une blessure à la tête, on ne sait jamais. Je peux m'en occuper. Où se trouve le téléphone ?
    —    Non, non, ne me laissez pas seul, Élise. On dirait que ma vue se brouille...
    Comme pour s'assurer que la jeune fille se trouvait toujours là, Édouard tendit une main hésitante, l'agita un moment dans le vide, puis la posa sur sa poitrine. Le visage de celle-ci exprima le plus grand désarroi, elle se recula un peu. Les doigts curieux purent néanmoins apprécier la courbe douce et tiède d'un sein à travers la robe légère. Il tâta l'air
    encore un moment tout en insistant :
    —Je vous aperçois à peine, ne vous dérobez pas...
    Les joues cramoisies, elle demeura à une distance prudente, tout en saisissant la main coupable dans la sienne. C'était là son premier « mauvais toucher », dont les religieuses du couvent parlaient à voix basse avec dégoût. Le plaisir de ce contact la troublait moins que l'obligation où elle se trouvait désormais d'aborder le sujet avec son confesseur. Il lui faudrait des heures avant de décider si l'expérience s'était révélée agréable. Dans l'affirmative, la confession n'en serait que plus gênante.
    Au même moment, dans la cuisine, Eugénie dénicha une pièce de tissu à peu près propre. La présence de Fernand Dupire, tout près d'elle, devenait agaçante. A la fin, il osa proposer :
    —    Si vous le permettez, je demanderais à monsieur votre père de venir ici.
    —    Ne dites pas de bêtises, vous êtes toujours dans la maison. Mettez plutôt de l'eau dans cette cuvette, et suivez-moi.
    Elle lui tendait un petit récipient de porcelaine. Le garçon le prit machinalement, se pencha sur l'évier et profita du fait qu'elle ne voyait plus son visage rougissant pour préciser d'une voix hésitante :
    —    ... Je veux dire lui demander de venir vous voir.
    Fernand

Weitere Kostenlose Bücher