La bonne guerre
je vis au grand jour, et je me moque pas mal de
ce que les gens peuvent penser de mon homosexualité. Je ne me cache plus. Quand
j’y repense, cette guerre il fallait la faire. Ç’a sûrement été la dernière. Je
ne crois pas qu’on aura à faire une autre guerre comme celle-là. La guerre est
un terrible mal. Il n’est plus pensable de faire une guerre inutile.
Des généraux
Amiral Gene Laroque
Contre-amiral de la US Navy, il est maintenant en retraite
et dirige le Centre d’information de la défense nationale. « Nous sommes
chargés de surveiller les dépenses du Pentagone. Le groupe est constitué d’officiers
en retraite, et a pour mission d’essayer de freiner l’influence de la stratégie
et de la technique pour que les citoyens puissent avoir leur mot à dire. »
Il travaille au Pentagone depuis sept ans, et a enseigné pendant sept ans dans
des écoles militaires. « Pendant un moment, j’ai été l’adjoint du
directeur aux plans stratégiques. Le pire des boulots. À partir de là tous les
espoirs m’étaient permis : trois étoiles, quatre étoiles. Je suis surpris
qu’ils m’aient promu amiral. Ce n’était pas ce que je souhaitais. »
J’ai grandi dans une petite ville de l’Illinois, sur les
bords de la Kankakee River. Je faisais partie des scouts. Et malgré ma petite
taille j’ai remporté trois médailles. J’étais attiré par le corps d’entraînement
d’officiers de réserve. En 1936, en plein cœur de la Dépression, c’est là que
tout a commencé. Un été, alors que je travaillais à la construction d’une route,
j’ai vu une publicité : « Engagez-vous dans la marine. Visitez Panama
et Cuba au cours d’une croisière de trois mois. Tous frais payés. »
Ils nous ont embarqués sur un vieux cuirassé, l’ Arkansas. Trois cents jeunes étudiants. Ils nous ont fait mettre des uniformes de
marins, avec un galon bleu autour de notre casquette. Nous sommes descendus à
terre, persuadés que nous nous en sortirions mieux avec les filles que les
conscrits, mais nous avons essuyé un échec cuisant. Les membres de l’équipage
étaient allés raconter à toutes les filles de Panama que le galon bleu
signifiait que nous avions une maladie vénérienne.
Il est devenu officier à sa sortie de l’école navale de
Northwestern. Major d’une promotion de mille deux cents il s’est vu accorder l’honneur
de porter l’épée. Il est entré en activité avec le grade d’enseigne de vaisseau.
Au cours de l’été 41 j’ai demandé à être envoyé à Pearl
Harbor. La flotte du Pacifique y était stationnée et le nom avait quelque chose
de romantique. Je faisais partie de l’équipage du USS Mac Donough quand
les Japonais ont attaqué. Vers dix heures nous avons appareillé à la recherche
de la flotte japonaise. C’est une chance que nous ne les ayons pas trouvés, ils
nous auraient sûrement coulés. J’ai passé toute la guerre dans le Pacifique. Quatre
ans.
Ce jour-là j’ai tout d’abord pensé que l’armée de l’air
américaine nous bombardait par erreur. Nous étions tellement fiers, tellement
prétentieux que nous ignorions tout de la puissance des Japonais. Il ne nous
était jamais venu à l’idée qu’ils pourraient avoir l’audace de nous attaquer. Nous
savions que les Japonais ne voyaient pas bien, surtout la nuit – pour nous c’était
un fait acquis. Nous savions qu’ils étaient incapables de construire de bonnes
armes, que leurs équipements étaient minables, qu’ils ne faisaient que nous
imiter. Nous n’avions qu’à quitter le port pour les couler. Il s’est avéré qu’ils
voyaient bien mieux que nous ne le pensions, et que leurs torpilles, contrairement
aux nôtres, étaient efficaces.
Nous les considérions comme des petits métèques, alors que
nous, nous étions les grands hommes blancs. Ils appartenaient à une race
inférieure. Les Allemands avaient la réputation d’être aussi bons guerriers que
techniciens, alors que les Japonais ne faisaient pas le poids. Nous avons
employé des armes atomiques contre ces petits métèques. Il a été question de
les utiliser au Viêt-Nam. Nous avons envisagé d’avoir recours à nos forces
militaires contre des espèces de petits moricauds pour nous procurer notre
pétrole au Moyen-Orient. Je n’ai jamais entendu dire qu’on pourrait utiliser
notre armée contre le Canada pour nous approvisionner en pétrole. Nous sommes
encore persuadés de notre supériorité
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