La bonne guerre
entreprises de roulements à billes, avaient
pratiquement anéanti la 8 e armée aérienne pour plusieurs mois tellement
ses pertes avaient été importantes. À la fin de la guerre les Allemands étaient
de nouveau en mesure d’exporter des roulements à billes. Les attaques que nous
avions dirigées contre leurs usines d’aviation avaient été un échec total. Dans
les mois qui ont suivi les fameux bombardements du printemps 1944, leur
production a augmenté de façon considérable.
Il y avait trois raisons à cela. D’abord les machines-outils
étaient quasi invulnérables. Elles étaient enfouies sous des gravats mais il
suffisait d’un jour ou deux pour les dégager. Ensuite il était tout à fait
possible de déplacer la production et d’installer les machines dans des écoles
ou dans des églises. Elle se réorganisait bien plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer.
Les Allemands ont découvert qu’il n’était pas nécessaire de concentrer la
production dans une seule usine. Ils ont également découvert un grand nombre de
solutions de rechange. Ainsi une grande partie de l’équipement a été modifiée
pour limiter l’emploi des roulements à billes. Enfin il était aisé de reprendre
en main les directions des entreprises qui avaient manqué d’efficacité et d’organisation.
Les attaques menées contre les industries aéronautiques n’ont
pas eu l’effet escompté. La responsabilité de la production avait été enlevée à
Hermann Göring, à cause de son incompétence, et avait été confiée au ministère
de Speer, qui était nettement plus efficace. Ce changement a entièrement
compensé les dégâts causés par les bombardiers.
Il s’est produit quelque chose de similaire avec le
bombardement de Hambourg. Comme le centre de la ville avait été entièrement
détruit, de nombreuses personnes se sont retrouvées dans l’incapacité de
poursuivre leur activité professionnelle : les employés de restaurant, les
artistes de cabaret, le personnel des banques, les enseignants et les
commerçants. Tous ces gens pouvaient alors être utilisés dans les usines d’armement
de la périphérie.
Il y avait en gros deux stratégies. Celle des Anglais qui
bombardaient la nuit le centre des villes, pour la simple raison que c’était la
seule chose qui leur était accessible. Evidemment ce sont les quartiers
populaires qui ont le plus souffert. Les classes moyennes habitaient dans les
banlieues et n’ont pratiquement pas été touchées. C’est le sort qu’ont connu la
plupart des villes, aussi bien celles de nos alliés que les villes allemandes. En
général les pauvres habitent le centre et les nantis les banlieues résidentielles.
C’est sur l’East End de Londres que la Luftwaffe a concentré ses attaques. Ou
sur une ville ouvrière comme Coventry. C’était exactement la même chose qui se
passait dans les villes allemandes.
La stratégie des Américains consistait à faire des raids de
jour. Nos objectifs étaient les usines. Nos bombardements n’étaient pas
suffisamment précis et, dans la plupart des cas nous ne parvenions pas à les
toucher. On racontait en 1945 qu’on avait surtout réussi à anéantir l’agriculture
allemande.
Je ne voudrais pas exagérer. Nous avons quand même touché
certaines grosses usines. Dans le centre de l’Allemagne il y avait une usine de
production de carburants de synthèse que nous avons bombardée avec succès à
plusieurs reprises. Ces attaques contre les entrepôts de pétrole allemands ont
considérablement handicapé la mobilité des forces terrestres. Il faut bien dire
qu’elles n’ont réussi que parce qu’il s’agissait d’une gigantesque usine qui
couvrait plusieurs hectares, et que nous l’avons bombardée à plusieurs reprises.
Des centaines de milliers d’Allemands étaient en permanence employés à la
réparation de cette usine.
Pour la plupart des gens la guerre s’est terminée pendant l’été
1945. Pour nous elle s’est continuée pendant tout l’automne par des discussions
avec l’armée de l’air. Bien sûr ils étaient loin d’être satisfaits des chiffres
que nous leur communiquions au fur et à mesure que nous les avions. Leur
première réaction était de les réfuter, leur deuxième de les faire disparaître.
Nous sommes arrivés à la conclusion suivante : la
guerre avait été gagnée grâce à la progression systématique des troupes à travers
la France et l’Allemagne, aidée bien sûr par
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