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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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son père quand celui-ci, à Maëstricht, s’était élancé à cru et sans escorte sur le champ de bataille ! Il n’était pas question de le raisonner, mais d’offrir un rempart de son corps à la moindre alerte. Il arracha son pistolet de son étui de fonte et, sautant les obstacles, chevaucha botte à botte, ignorant les regards désapprobateurs du prince.
    La folle dégringolade les amena sur la plaine, suants et émérillonnés comme leurs bêtes. Le chef de meute était à leur portée, entouré de quatre ou cinq sombres silhouettes qui patrouillaient inquiètes autour de lui. Louis répartit ses hommes avec autorité afin de cerner les bêtes, les contourner et les acculer derrière la griffe d’un escarpement qui se détachait du massif à main gauche. C’est alors qu’un coup de feu retentit et ricocha !
    Les chevaux tressaillirent, trépignèrent, l’un se cabra. Les cavaliers se rétablirent, rajustèrent leurs rênes ; les loups s’évaporèrent.
    — Que signifie… ? commença le dauphin.
    — Alerte ! Un guet-apens ! hurla le commissaire se mettant en travers de leur chemin. Majesté, retranchez-vous à couvert de ces rochers, déployez vos tireurs ! Je me porte au-devant de l’ennemi. Sans nouvelles de moi dans le quart d’heure, battez en retraite à bride abattue. Il en va de votre vie !
    Il éperonna les flancs de son étalon qui bondit vers l’ouest tandis que résonnaient d’autres détonations. Il força encore l’allure. Un cavalier zigzaguait dans sa direction. Attitude surprenante. Il noua les rênes sur l’encolure, ajusta l’homme à deux mains, visa la poitrine, serra la détente mais relâcha son index à la seconde où le chien allait claquer. In extremis , il l’avait reconnu !
    — Pistol !
    Ils freinèrent des huit fers, évitant une rencontre brutale.
    — Géraud, que fais-tu par ici ?
    — Toi, enfin !
    Ils tournèrent l’un autour de l’autre de manière à calmer leurs montures. Les échanges de tirs, les cliquetis d’armes confirmaient une rude bataille à proximité.
    — Que se passe-t-il ? s’enquit Lebayle inquiet.
    — Trop long à t’expliquer : trois groupes s’affrontent, rencontrés par hasard, nos hommes et deux bandes rivales, semble-t-il. Par une trouée, j’ai aperçu une escouade qui dévalait la pente, j’allais au-devant d’elle.
    — Celle du dauphin est retranchée, là-bas, dans ce chaos rocheux. Porte-toi à son soutien en te recommandant de moi. Je vais aux nouvelles et je reviens aussitôt.
    — À tes ordres, commissaire ! Sois prudent.
    Ils se séparèrent et filèrent chacun d’un côté en arrachant des mottes d’humus sous leurs sabots. La bataille faisait rage. Il voulait épargner les hommes du gouverneur et les regrouper afin de couvrir la retraite du dauphin. Le chemin longeait une mare verdâtre avant de se heurter, de l’autre côté, à un affleurement rocailleux où s’était embusqué l’un des groupes. Les deux autres s’étripaient au milieu d’une futaie luxuriante qui prolongeait la pièce d’eau. Comment les différencier sans erreur ? Il se posta derrière le fût double d’un hêtre.
    — Gens de Saint-Aignan, ralliez-vous à moi ! s’époumona-t-il.
    Les tirs, les heurts métalliques s’espacèrent un instant. On s’interrogeait sur cette intervention intempestive. Comme rien ne se produisait, le combat reprit. Puis des mouvements s’amorcèrent du côté de la butte. Attentif, le commissaire surveillait de part et d’autre du tronc qui lui assurait une bonne protection. Et fugacement, son attention fut attirée par le visage d’un des protagonistes qui, avec habileté, venait d’embrocher un de ses adversaires et se repliait aussitôt, remplacé par deux complices. Cette figure ne lui était pas inconnue. Il l’avait déjà remarquée en d’autres lieux, mais dans la tourmente, était incapable d’y associer un nom ! Et pourtant, il comprenait que cette identification était importante. Un craquement le mit en alerte. Le temps qu’il braque son pistolet, un brigand utilisait un rocher comme tremplin et sautait à sa hauteur, hache brandie, gueule ouverte ! À bout portant, sans viser, Lebayle fit feu ! La balle explosa le sommet du crâne, pulvérisa la cervelle. Le corps pirouetta sur le côté. La hache poursuivit sa trajectoire rectiligne. Un réflexe lui permit d’en éviter le tranchant en se courbant sur l’encolure de son cheval contre le poitrail

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