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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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de surprendre le roi dans son sommeil ?
    — Cela se pourrait… à cette restriction près qu’ils sont guettés et attendus là-haut par nos mousquetaires, à l’affût, nuit et jour.
    — Tu me rassures à peine, se laissa-t-il aller à la familiarité. Cependant, je saisis mieux l’insistance du roi pour appeler une personne assermentée, recommandée par monsieur le lieutenant de police La Reynie. C’est flatteur pour moi, mais l’habit est d’autant plus lourd sur mes épaules.
    — Ces multiples galeries 3 , creusées dans le calcaire gris, dont l’origine est les carrières de pierre situées aux alentours de la ville. À l’instar de nombreuses cités, des passages permettent de relier Maëstricht avec l’extérieur. L’entrée principale – je me suis informé – est appelée : de l’église , on comprend pourquoi. Le grand rocher contre lequel s’appuie le mur méridional du couvent des Récollets conserve aussi un accès stratégique. Une troisième entrée…
    — C’est une véritable termitière !
    — La comparaison est pertinente. Une troisième entrée conduit sous Lictenberg et les villages avoisinants. J’ai découvert un autre puits, proche d’un effondrement qui est encombré d’arbres enchevêtrés, donc inutilisable en l’état. Des issues aboutissent au chemin de halage, gagnent la rive gauche de la Joar et permettent un approvisionnement clandestin. Un accès aux carrières de Neder-Kanne se situe entre les granges et se prolonge dans la hauteur à laquelle est adossé le château.
    Sidéré, Géraud était encore sonné comme s’il avait reçu un coup de gourdin derrière la tête. Pistol était fichtrement bien renseigné ! Fichtrement…
    — Mais alors, se troubla-t-il, Sa Majesté court, en pleine conscience, des dangers considérables depuis le début de ce siège !
    — Disons trois ou quatre semaines, tout au plus… car auparavant, le péril était latent pendant la guerre et nous n’en soupçonnions pas l’existence.
    — Nous ?
    — Messieurs Vauban, d’Artagnan, ses seconds, les généraux et le roi, bien entendu…
    — Et toi ?
    — Oui, votre humble serviteur, à cause de son incurable curiosité. C’est la reprise de la demi-lune et l’étrange fin de d’Artagnan qui m’ont incité à fouiller. J’en ai référé à monsieur Vauban qui m’a imposé un silence absolu.
    — Si bien que, comme une cancanière, tu t’es empressé de venir me le chanter.
    — Afin que l’enquête avance au plus vite, que tu te tiennes sur tes gardes parce que nous sommes entourés de vilains traîtres, parce que j’ignore si le conseil de guerre te révélera quelque chose et dans quels délais. Il y a urgence, grande urgence à conclure !
    Géraud s’abîma dans une profonde réflexion. Le roi, via monsieur de La Reynie, l’avait fait accourir dans le but d’éclaircir les circonstances de la mort de son capitaine des mousquetaires, mais des gens de son entourage ne voyaient peut-être pas l’initiative d’un œil favorable, pour des raisons aussi diverses qu’obscures. Cela signifiait-il que le roi se méfiait de certains personnages de son état-major ?... Parmi ses alliés ? Monmouth, par exemple ?... ou d’autres ?
    On campait sur une poudrière !
    1 - Sept mètres environ.

    2 - Fouger : fouiller le sol à coups de boutoir (sanglier).

    3 - Redécouvertes par un architecte au XIX e siècle.

V
    P ISTOL ENTRAÎNA L EBAYLE jusqu’à ce qu’il appelait « son antre » car il avait d’autres « documents » à lui soumettre. Celui-ci n’hésita qu’un instant devant l’air finaud et mystérieux de son interlocuteur.
    Ils gravirent le flanc de la colline Saint-Pierre, traversèrent le campement des mousquetaires, puis celui des régiments du roi, les parcages de chevaux, et l’intendance. Ils s’enfoncèrent dans le bois clairsemé jusqu’à un chaos de rochers énormes comme tombés d’un charroi céleste. Un passage étroit permettait d’atteindre une cavité, close par une grille sommaire constituée de branchages tressés : l’antre ! Pistol vérifia qu’aucun curieux, aucun indésirable n’avait tenté d’y pénétrer pendant son absence. Rassuré, il dénoua la corde qui servait de cadenas. Une courte pente donnait accès à un espace voûté, encombré d’objets hétéroclites où l’on pouvait se tenir debout à quatre ou cinq personnes.
    — Mon domaine privé, calme, isolé, frais et plus

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