Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
Vom Netzwerk:
il aurait été mêlé, ce qui lui aurait coûté sa charge de Grand Veneur par une accumulation d’intrigues.
    — On comprend mieux les ressentiments du roi envers un personnage aussi odieux et imbu de lui-même. Il n’a que ce qu’il mérite… Il me vient une pensée soudaine !... N’aurait-il pas, d’une manière ou d’une autre, contribué, au côté du duc de Monmouth, à la mort de monsieur d’Artagnan ?
    — C’est plus facile lorsqu’un individu est en disgrâce, de faire haro sur le baudet et de vider son sac, chargé d’actes réels et imaginaires. Je n’en sais pas davantage, Géraud, désolé. Je vais tâcher de me renseigner.
    — Je t’en remercie, Eusèbe. Je dois me remettre en route au plus tôt, le devoir l’exige. Je te promets de venir t’importuner plus souvent.
    — J’y compte bien.
    Ils se donnèrent une fraternelle accolade et Lebayle quitta le siège de la Gazette . Il hésita à se rendre à l’hôtel des Muses pour visiter Lisa. Il avait très envie de la revoir, au risque qu’elle lui reproche sa trop courte apparition et cette nouvelle séparation. Il ne pouvait pas non plus rencontrer du Cauzé de Nazelle sans risque de la croiser, le cœur serré. Il remit cette double entrevue à son retour de Normandie, d’autant que, dans l’immédiat, il avait en tête de rechercher quelqu’un qui pourrait lui être utile : Pistol. Il se dirigea vers la demeure de celui-ci à Saint-Germain-des-Prés et le surprit au moment où il s’apprêtait à sortir.
    — Quelle heureuse coïncidence ! s’exclama le dessinateur ravi. Plus desséché qu’un os de seiche, je me demandais avec qui j’allais partager une bonne bouteille.
    — Je t’accompagne volontiers, mais ne tremperai que les lèvres, je viens à l’instant de me désaltérer avec mon vieil ami Eusèbe Renaudot.
    Pistol ne se formalisa pas. Il entraîna son compère vers la taverne la plus proche. Ils s’installèrent dans le petit jardin à l’arrière de l’établissement, sous l’ombre fraîche d’une tonnelle.
    — Je suais sang et eau sur mes croquis de Maëstricht dans la touffeur de mon petit domaine privé chez cette charmante… cousine, exposé en plein sud. Ne sommes-nous pas mieux ici ?
    Sur l’acquiescement de Géraud, il commanda un pichet. Ils se racontèrent leurs entreprises depuis le retour du siège. Les conquêtes féminines de Pistol assombrirent un peu Géraud qui revint de ce fait à son principal sujet de préoccupation.
    — J’ai besoin de ton aide, toi qui es introduit dans les services de Vauban. Eusèbe m’a dévoilé les actes les moins glorieux du chevalier de Rohan, surtout ceux à l’encontre du roi. Aurais-tu capté quelques échos de ses frasques à Maëstricht ?
    — Je vais me renseigner et d’abord du côté de ses chers amis de jeunesse : de Guiche, Lesdiguières et Tréville, fouiner par les quartiers mal famés car depuis son retour à Paris il n’a pas manqué de défrayer la conversation 7 . Rohan est aux abois.
    — Je te sais gré de m’épargner cette recherche fastidieuse.
    — Ce sera un plaisir. À ce propos, connais-tu la devise de sa famille ?... Non ? « Roi ne puis, prince ne daigne ! Rohan suis ! » Pas ordinaire, n’est-ce pas ? Et quelle vanité démesurée.
    — Il faudrait inventer un terme signifiant « au-delà de tout orgueil ».
    — Louis de Rohan aurait pu se tenir toute sa vie à la droite du roi et amasser fortune, honneurs et célébrité. Par fatuité et inconséquence, il s’est trop compromis, a gâché sa dernière chance de réhabilitation, perdant de vue sa propre devise et… Que se passe-t-il, Géraud ?
    — Continue à parler, mais de banalités…
    Lebayle avait tiré son chapeau sur sa joue droite pour se dissimuler des trois individus qui venaient d’apparaître et s’installaient à l’autre extrémité de la longue tonnelle. Le coude sur la table, il se pencha vers Pistol :
    — Celui que tu vois de profil, avec sa face grêlée et perforée de part en part, c’est l’un des bretteurs de la veuve de Sainte-Croix.
    — Diable ! Je ne pense pas qu’il t’ait remarqué. Tu as eu le bon réflexe. La rencontre est fortuite.
    — Sinon, il m’aurait déjà provoqué. À trois contre deux – et tu n’as pas d’épée – notre affaire était réglée. Je me demande ce qu’il est venu manigancer si tôt à Paris… Je m’éclipse ; on se donne signe de vie à mon retour de

Weitere Kostenlose Bücher