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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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disparurent. Il ne fallait attendre aucun secours de leur part, et personne n’avait intérêt à se mêler à une banale altercation.
    Les deux bretteurs placés sur les ailes simulèrent une attaque simultanée d’intimidation. Géraud les refoula sans difficulté. L’escrime des rues où tous les coups sont permis, et à laquelle il était entraîné, lui serait très inutile. Il para trois nouveaux assauts, ne riposta pas afin de conserver la protection des matériaux empilés. D’un revers sec, il écarta le fer à droite, esquissa deux coups d’estoc en avant qui repoussèrent l’homme à la dague et son voisin, revint en position stable, jarret ployé prêt à se détendre. Constatant un léger relâchement de l’adversaire après cette prise de contact, il décida de garder l’initiative du combat, accrocha les caisses de sa main libre et parant en prime, haute et basse, déséquilibra l’empilement qui bascula avec lenteur vers les deux truands de gauche, obligés de refluer. Il traversa l’impasse en trois bonds, se logea dans le renfoncement d’une porte cochère qui lui assurait une plus grande aisance, tout en le protégeant de ses épais montants de pierre.
    — Belle tactique ! s’exclama le chef. C’est reculer pour mieux succomber, j’aime ça. Nous avons tout notre temps.
    Revenus en place, ses acolytes approuvèrent d’un ricanement. Un panier d’osier avait roulé aux pieds de Géraud qui s’en empara en guise de bouclier. La protection serait médiocre mais non négligeable.
    N’était-ce qu’un fantasme euphorisant, il avait l’impression qu’une main invisible guidait ses gestes avec fermeté et précision ?
    « À moi, Charles de Batz, secondez-moi ! »
    D’un moulinet du couffin, il repoussa les attaques de gauche qui étaient les moins appuyées. Il se fendit vers le balafré, revint sur son acolyte à la dague, rompit pour contrer le dernier en octave et enfin se remit en garde.
    — Ne précipitons rien, mes coquins ! Savourez. Personne ne nous importunera et monsieur finira par se fatiguer de nous démontrer son habile résistance.
    C’était bien ce que craignait Géraud. À ce rythme, il ne tiendrait pas longtemps. Ne manquaient que les chiens pour la curée. L’évocation d’une meute attira un corniaud vagabond et efflanqué au poil collé par la boue. L’animal fila entre les protagonistes quand il comprit qu’il dérangeait, ce qui eut pour effet, le temps d’un cillement, de détourner le regard des assaillants.
    Lebayle en profita pour jaillir, se fendre, perforer le plus proche à hauteur du cœur, se retirer et revenir en garde. Plus que quatre ! Le moribond tomba tout droit en avant et se fracassa les os de la face avec un bruit mat. Mais ça n’avait plus grande importance pour lui.
    Le commissaire para d’un côté, riposta de l’autre par deux brèves quartes autoritaires, fouetta en croix pour repousser un assaut concerté, balança son panier à la figure de l’homme au poignard qu’il avait raté de sa pointe. Emporté par son élan, il dériva jusqu’au milieu de la ruelle, mais du mauvais côté. Ses quatre adversaires s’en réjouirent aussitôt, se relâchèrent et se répartirent, hilares, sur la largeur de la voie, ce qui interdisait à Géraud le moindre espoir de fuite. Quatre, en si peu d’espace, ils allaient se gêner !... mais c’était encore trois de trop. Le haut mur arrière d’un hangar fermait le cul-de-sac et Jurance avait été évincée vers la rue perpendiculaire. L’avenir s’esquissait comme un court épilogue. Combien de temps pourrait-il encore les contenir ?
    L’épée du capitaine d’Artagnan virevoltait avec une belle aisance, comme animée de sa propre énergie. C’est sa résistance physique et sa concentration qui allaient s’émousser. Il argua, cherchant à temporiser :
    — En aucune façon, je n’ai nui ni manqué de respect à votre maîtresse. Ma dépouille ne serait pas un trophée. Qu’êtes-vous venus me réclamer, en vérité ?
    Le chef se relâcha et découvrit ses crocs gâtés :
    — À propos de trophée, comment t’es-tu procuré cette étonnante rapière ? Elle ne passe pas inaperçue avec cette belle garde ciselée.
    — Si c’est l’unique raison de votre opiniâtreté, je peux satisfaire votre curiosité : c’est un aimable présent.
    — Diable ! Les défunts font donc des cadeaux, désormais ? À moins que tu en aies connu l’illustre propriétaire

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