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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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homme ordinaire.
    — Moi, je vois Lisa ! lui reprocha-t-il. Que veux-tu ? Serais-tu souffrante ?
    Elle plaça son index en travers de ses lèvres, cligna de l’œil droit, en ferma le gauche à demi. Sidéré, du Cauzé la laissa entrer. La carrée d’un grand mâle au coucher ne fleurait pas le printemps ! Et sans doute en était-il de même des princes et des rois… Les pauvres gens n’ont pas l’exclusivité du fumet.
    — Que se passe-t-il, Lisa ?
    — Rien de grave, rassure-toi. Je voulais juste t’avertir que le géant de la nuit était revenu chez Affinius, accompagné d’un flandrin aussi démesuré. Je me suis dit que cela pourrait t’intéresser pour ton enquête.
    — Quelle enquête ?
    — Toi, un ami de d’Artagnan, t’es pas venu t’installer aux Muses par hasard, et ton compère Lebayle m’y a pas introduite en garçon dans l’unique raison de m’ éducailler  !
    — Que vas-tu imaginer ?
    — Chut ! Qu’est-ce qu’on décide ?
    — Ce « on » est bien singulier. Je te remercie du renseignement, j’y vais seul, retourne te coucher.
    — Je ne saurais y retourner car je m’étais pas encore mise au lit.
    — Et pourquoi cela ?
    — J’étudiais, moi, monsieur, pour avoir une tête bien remplie. Si tu chasses ton informatrice, il se pourrait que son chagrin fasse beaucoup d’bruit.
    — Chantage ! Tu vas… bon, je…
    Honteux, Jean-Charles venait de se rendre compte de sa tenue indécente. Il rafla ses culottes de peau sur le dossier de l’unique chaise et sauta dedans. De même, Lisa n’avait pas pensé à la sienne et s’en moquait, tant pis si elle avait des pattes de héron. La curiosité était la plus forte. C’était sans importance sauf s’ils croisaient quelqu’un, elle serait trahie. Mais qui pouvaient-ils rencontrer à cette heure avancée ?... Ils sortirent pieds nus, redescendirent au rez-de-chaussée, se faufilèrent derrière la portière de grosse toile, parcoururent à tâtons l’étroit couloir, atteignirent la porte vitrée, délimitée à travers le rideau par la lueur des bougies.
    Les paroles étaient en effet plus audibles que les fois précédentes, mais les propos à peine plus compréhensibles. Il était question de Hollande, ce qui paraissait logique, de par l’origine de la famille Van den Enden. Les deux autres étaient-ils des compatriotes ?... Sans doute pas puisqu’ils s’exprimaient en français. Du Cauzé était intrigué par la voix du troisième personnage. Était-ce une ressemblance ou avait-il déjà entendu ce timbre quelque part ? Le ton confidentiel n’aidait pas à l’identification. Le verbe d’Affinius était reconnaissable, la voix rauque caractérisait le géant des premières visites…
    Que n’aurait-il pas donné pour qu’un pli du rideau laisse entrevoir les comploteurs !...
    Pourquoi avait-il pensé ce terme… comploteurs ? Collusion et mauvaises intentions étaient-elles possibles ? Mais dans quel but ?... Les entretiens nocturnes épisodiques par les arrières de la propriété le laisseraient supposer à un esprit soupçonneux. Mais ce n’était peut-être qu’une innocente rencontre amicale à l’insu de l’autoritaire Catherine Medaëns.
    Cependant, ce n’était pas Leibniz (qui avait tenté de détourner Louis XIV de la Hollande vers des conquêtes égyptiennes), ni Spinoza, l’illustre élève qui n’avait pas la carrure des deux inconnus. Des gens de cette stature ne couraient pas les rues. Il n’en connaissait guère et le seul qu’il ait côtoyé se trouvait être de l’entourage du roi ; le rapport était improbable…
    « Bœuf », avait-il capté à deux reprises et « quille » dans la même phrase. Un bœuf à la broche à l’occasion d’une fête quelconque, organisée dans le jardin avec jeu de quilles et autres distractions ?... Cela pouvait paraître puéril, mais Affinius souhaitait peut-être organiser des festivités à l’intention de ses élèves de dernière année… On n’était qu’en automne, il s’y prenait fichtrement en avance ! À moins que ce soit en vue de la nouvelle année ?... Supputations gratuites et sans fondements.
    Lisa, transie, s’était pelotonnée contre le flanc de Nazelle. Sans y prêter attention, il lui frictionna les épaules. Ses os pointaient sous sa chemise. Ce n’était qu’une grignette malgré la bonne chère de l’école. L’avantage était qu’ainsi elle passerait plus longtemps pour un garçon

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