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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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brigade et avait été
mis à la retraite d'office. Précisons qu'il venait, au
surplus, de s'évader de sa prison où le gouvernement
impérial l'avait incarcéré.

    Il se nommait
Claude-François Malet.

    Devenu surveillant
des États pontificaux, il s'était fait rétribuer
à Rome par des tenanciers de maisons de jeu et avait confisqué
à son profit des bateaux de prise. Bref, « un
voleur ! », dira Napoléon en mettant le général
à la retraite.

    Malet se crut
persécuté. Il rongea son frein jusqu'au jour –
c'était en 1807 – où il rencontra une bande de
conspirateurs républicains qui cherchaient un général
pour se mettre à leur tête. Malet eut une révélation.
Il avait enfin trouvé sa voie.

    Désormais,
il conspirerait !

    Sa première
conspiration consistait, lors d'une absence de l'Empereur, à
apposer dans Paris douze mille affiches annonçant que le Sénat
venait de voter la déchéance de Napoléon.
Profitant de la stupeur, on prendrait le pouvoir et l'on créerait
une dictature. Dénoncé par l'un de ses complices, Malet
se retrouva un beau matin dans un cachot de la prison de la Force.
Cela n'empêchera pas notre conspirateur de poursuivre ses
projets... d'autant, plus facilement qu'il avait sous la main ses
codétenues, soit autant de recrues prêtes à tout
et n'ayant pas grand-chose à perdre ! Cette fois, le général
fixa la chute du « tyran », au 29 juin 1809. Ce
jour-là – l'Empereur étant à Schönbrunn
– le gouvernement assisterait en corps au Te Deum , qui
devait être chanté à Notre-Dame pour la prise de
Vienne. Malet conçut l'idée, après s'être
évadé et tandis que ses complices fermeraient les
portes de la basilique, de se présenter en grand uniforme
pendant la cérémonie et d'annoncer à toute
l'assemblée la mort de Napoléon. Selon Malet, la
surprise serait telle que ministres et grands dignitaires
s'empresseraient de donner leur adhésion au nouveau
gouvernement...

    Un détenu,
placé comme « mouton » à la
prison de la Force, dénonça Malet à la police.
Cette fois, le ministre considéra le général
comme un dément et, après l'avoir envoyé à
la prison de Sainte-Pélagie, le fit transférer à
la maison de santé que le Dr Dubuisson, à l'instar du
fameux Belhomme, venait de créer, 303, faubourg Saint-Antoine,
pour les détenus politiques, où les pensionnaires
pouvaient recevoir des visites. Malet se remit à conspirer en
compagnie d'un codétenu, l'abbé Lafon, royaliste
convaincu. Malet était plutôt républicain ,
mais, conspirateur avant tout, estimait que, puisqu'il s'agissait de
supprimer « le Corse », on pouvait s'associer
même avec le diable ! Pour la circonstance, il se souvint qu'il
avait commencé sa carrière militaire en qualité
de mousquetaire du roi Louis XV et accepta de voir figurer dans son
gouvernement des personnalités royalistes qui, soit dit en
passant, ne seraient pas mises au courant de leur nomination. On
prétend que les deux hommes jouaient les noms des ministres
aux échecs... Cette fois, c'est aux troupes de la garnison de
Paris qu'on annoncerait la mort la mort de Napoléon frappé
d'une balle devant Moscou. À l'aide de faux ordres et de
prétendus sénatus-consultes créant un nouveau
gouvernement, on entraînerait la troupe vers la préfecture
de police, l'Hôtel de Ville, l'état-major et les
ministères.

    Et les complices ?

    Ici, Malet eut une
idée de génie. Il fallait créer des complices malgré eux , c'est-à-dire choisir des ennemis de
l'Empire, leur faire croire à la mort de Napoléon en
Russie et à la création d'un nouveau gouvernement. Où
les trouverait-on ? En prison, bien sûr ! Malet pensa tout
d'abord au général Lahorie – Victor Fanneau de
Lahorie – détenu à la Force, sans doute à
tort, pour complicité dans la conspiration du général
Moreau. On lui adjoindrait un autre détenu de la Force, le
général Guidal, accusé, avec plus de raison,
d'avoir voulu vendre Toulon aux Anglais pour trente mille francs.
Puisqu'on ouvrait les portes de la Force, Lafon insistait pour qu'on
rendit la liberté à un pauvre bougre d'agent royaliste,
le Corse Boccheciampe, qui pourrait être de quelque utilité.

    Malet ne pouvant
se présenter seul aux troupes, il fallait deux comparses : un
aide de camp et un commissaire de police. Ils vinrent s'offrir
d'eux-mêmes. Un des compagnons de captivité du général
recevait parfois la visite d'un jeune parent, caporal de la garde

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