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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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n'attaque nullement
Bagration, affirmant que celui-ci a cent mille hommes qui « risquent
de venir l'attaquer », alors que le Russe a tout au plus
quarante mille hommes sous ses ordres. Aussi Napoléon
envoie-t-il à son frère cette mercuriale : « Je
ne puis que vous témoigner mon mécontentement du peu de
renseignements que je tire de vous. Je ne sais ni le nombre des
divisions de Bagration, ni leurs noms, ni l'endroit où il
était, ni les renseignements que vous avez pris à
Grodno, ni ce que vous faites. J'ai cinq ou six colonnes en mouvement
pour intercepter la route de Bagration. Je ne suppose pas que vous
ayez assez peu fait votre devoir pour avoir négligé de
le poursuivre dès le lendemain. J'espère du moins que
le prince Poniatowski – commandant d'un contingent polonais –
l'aura poursuivi... Mes opérations sont arrêtées
par défaut de renseignements en provenance de Grodno... Votre
chef d'état-major n'écrit pas, le prince Poniatowski
n'écrit pas. Il est impossible de faire la guerre ainsi... »
Et l'Empereur ajoute ce sévère post-scriptum : « Vous
me compromettez tout le succès de la campagne à ma
droite. »

    Jérôme
s'est cependant mis en route, mais ses hommes, mal ravitaillés,
meurent de soif. Un régiment de mille neuf cent quatre-vingts
hommes n'en compte plus que deux cent dix ! L'Empereur semble ignorer
les difficultés rencontrées par son frère et, le
lundi 7 juillet, lui adresse cette nouvelle semonce : « Il
faut aller à marche forcée... Vos lettres ne sont pas
d'un style militaire... Vous devez envoyer les rapports en original
comme le roi de Naples et les maréchaux. En quelque lieu que
se trouve Bagration, vous devez le suivre... Les deux ou trois jours
que Votre Majesté (sic) a perdus peuvent sauver Bagration. »

    En effet « Sa
Majesté » n'a pas « suivi »
Bagration dont la situation semblait pourtant périlleuse. Le
prince – nous l'avons dit – aurait été pris
entre deux tenailles, celle du roi de Westphalie et celle de Davout,
qui avait reçu l'ordre de se rabattre sur l'ennemi.

    Le lendemain,
encore un rappel à l'ordre de la part du grand frère :
« Vous ne savez rien, et non seulement vous ne consultez
personne, mais vous vous laissez guider par de petits motifs. »
Une semaine plus tard – il fallait s'y attendre –,
Napoléon met son frère sous les ordres du maréchal
Davout. Il s'agit là d'un fort bon choix. Davout le Terrible
s'est occupé mieux que les autres chefs de corps du
ravitaillement de ses hommes. Chaque soldat devait avoir dans son sac
dix livres de riz. Si l'un d'eux se délestait de ce poids
supplémentaire, il recevait le même poids en sacs de
sable. Ses hommes sont peut-être les seuls de la Grande Armée
à manger à leur faim. Son avant-garde marche déjà
vers la Berezina, cette rivière, qui entrera dans l'Histoire
quelques mois plus tard, lors du tragique retour...

    En dépit
des succès remportés par le maréchal, Jérôme
ne s'incline pas et, en pleine bataille, refuse d'être « placé
dans une situation humiliante en servant sous Davout ».
Aussi, le jeudi 16 juillet – ce soir-là Napoléon
s'apprêtait à quitter Vilna – Jérôme
confie son armée à son chef d'état-major –
et non, selon l'usage, à un commandant de l'un de ses corps.
Furieux, il prend la tête de sa garde royale, fait demi-tour,
repasse le Niémen et met le cap sur son royaume de Westphalie.
Devant une telle désertion, Napoléon, résigné,
se contente de s'exclamer :

    – Quelle
incartade !

    Une incartade qui
permettra à Bagration de descendre vers le sud, de traverser
la Berezina, et de se diriger vers le Dniepr. Il pourra ensuite, en
remontant vers le nord, rejoindre Barclay de Tolly à Smolensk.
Napoléon le constate amèrement en dictant ces lignes à
Berthier : « Tout le fruit de mes manœuvres, et la
plus belle occasion qui se soit présentée à la
guerre, ont échappé par le singulier oubli des
premières notions de la guerre. »

    *****

    Au camp de Drissa,
Alexandre a appris que Bagration était parvenu à éviter
encerclement : « Avec peine, avait rit le prince, nous
sommes sortis de l'abîme infernal où nous nous
trouvions. » Aussi, le tsar, qui se considérait
pourtant comme le commandant en chef, envisage-t-il de quitter
l'armée et de gagner Moscou ou Saint-Pétersbourg.
Cependant, il ne parvient pas à prendre une décision.
C'est une lettre de sa sœur, la grande-duchesse Catherine, qui
le

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