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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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officiers d'ordonnance,
officiers d'état-major couvraient les routes. Il attendait
avec une impatience toujours nouvelle les rapports des corps en
marche. Ses premières paroles à tous ceux qui
arrivaient étaient toujours : "Combien a-t-on fait de
prisonniers ?'' »

    En attendant de
reprendre la route, les troupes se concentrent. Cette armée
européenne, nous l'avons dit, comptait un contingent espagnol
! Coignet, qui vient d'être nommé sous-lieutenant, a été
mis à la tête de sept cents hommes, dont cent
trente-trois soldats de Joseph-Napoléon, autrement dit du roi
d'Espagne. Il n'a même pas un sergent avec lui pour l'aider
dans sa mission, et ici il faut reproduire son texte pittoresque :
« Je marche jusqu'à midi et, sortant du bois, je
trouve un parc de vaches en train de paître dans un pré.
Voilà mes soldats espagnols qui prennent leur gamelle et vont
traire les vaches pour les remplir ; il fallut les attendre. Le soir,
ils campaient toujours avant la nuit et, toutes les fois qu'ils
trouvaient des vaches, il fallait s'arrêter. Comme c'est
amusant pour moi ! Enfin, l'arrivée dans des bois très
éloignés des villes. Des parties considérables
se trouvaient détruites par les flammes. Une forêt
incendiée longeait ma droite, et je m'aperçois qu'une
partie de mes troupes prend à droite dans ce bois brûlé.
Je pars au galop pour les faire rentrer sur la route. Quelle est ma
surprise de voir ces soldats faire volte-face et
tirer sur moi ! Je suis contraint de lâcher prise. C'est un
rude complot des soldats de Joseph-Napoléon, tous espagnols. Dans ces cent trente-trois, pas un seul
Français ne s'était mêlé avec ces
brigands...

    Les déserteurs
seront retrouvés et arrêtés. On placera devant
eux une urne avec cent trente-trois billets blancs ou noirs. Celui
qui tirait un billet blanc était mis d'un côté,
et celui qui tirait un billet noir était mis de l'autre.
Lorsque tout fût fini, le colonel leur annonça :

    – Vous
avez volé, vous avez mis le feu, vous avez fait feu sur votre
officier ; la loi vous condamne à la peine de mort ; vous
allez subir votre peine... Je pourrais tous vous faire fusiller ;
j'en épargne la moitié, que cela serve d'exemple !
Commandant, faites charger les armes par votre bataillon. Mon adjoint
va commander le feu.

    « On en
fusilla soixante-deux – ceux qui avait choisi les billets noirs
– conclut Coignet. Dieu, quelle scène ! Je partis de
suite, le cœur navré, voilà mon étrenne de
lieutenant ! »

    Et le mauvais
temps se poursuit : orages, foudres, pluies, chaleur étouffante,
froid glacial, bivouacs inondés, lacs de boue, bourbier où
l'on s'enlise... Mais cela n'empêche nullement l'Empereur de se
montrer optimiste.

    – Avant
deux mois, annonce-t-il à Caulaincourt, la Russie me demandera
la paix. Les grands propriétaires seront effrayés,
plusieurs ruinés. L'empereur Alexandre sera très
embarassé, car les Russes, au fond, ne se soucient pas des
Polonais.

    Certains familiers
de Napoléon sont étonnés en constatant le
comportement de leur dieu à Vilna : « Ils
s'étonnaient de ne plus trouver leur chef insensible aux
ardeurs d'une température brûlante. Ils se montraient
l'un à l'autre avec regret le nouvel embonpoint dont son corps
était surchargé, signe précurseur d'un
affaiblissement prématuré. »

    Le 11 juillet,
l'Empereur fait partir pour Gloubokoje, sur la route de Vitebsk, des
relais, son landau et quelques fourgons, mais il quittera Vilna
seulement le jeudi 16 juillet au soir, pour atteindre le couvent des
carmélites de Gloubokoje le samedi 18 au début de
l'après-midi. À 19 heures il monte l'Embelli et
parcourt les environs de la ville avant de se mettre au lit.

    *****

    Et le tsar ?

    En quittant Vilna,
Alexandre avait décidé de se rendre auprès des
forces de Barclay de Tolly qui se sont repliées jusqu'au camp
fortifié de Drissa, créé par le général
prussien Phull. Cet ami du tsar avait dressé, en 1806, le plan
destiné à vaincre Napoléon, un plan qu'il
qualifiait « d'infaillible »... Et la Prusse
avait été écrasée à Iéna !
Le désastre fit, paraît-il, rire le général
Phull « comme un fou ». Son cerveau était
assurément quelque peu dérangé... Cette fois,
son plan établi afin d'arrêter l'invasion napoléonienne
était vite devenu impraticable face aux écrasantes
forces européennes. On avait donc décidé de
battre en retraite et la décision avait été
accueillie

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