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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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racontera les nouvelles attaques menées
contre la Grande Redoute où Barclay s'est réinstallé
solidement. « Une fumée dense, épaisse,
recouvrit alors tout l'espace entre nous et les Russes ; on ne
voyait, dans l'obscurité, que les éclairs des coups de
canon. On aurait dit que l'enfer ouvrait ses portes et nous plongeait
dans l'obscurité du chaos : les sabres eux-mêmes
émettaient une lumière falote... Du village de Gorki,
nous étions témoins de cet assaut sanglant... On se
tirait dessus, on se transperçait à la baïonnette
on se sabrait de tous côtés... »

    Le capitaine
Heinrich Brandt, de la légion polonaise de la fistule regrette
de ne pouvoir décrire « l'impression que produisit
sur nous l'aspect de la Redoute de Raïevski. C'est là
chose impossible ! Ce que l'imagination peut rêver d'effroyable
était dépassé par ce spectacle. Des hommes et
des chevaux vivants, mutilés, morts, jetés les uns sur
les autres par six ou par huit couvraient les abris tout autour.
Pendant que nous avancions, on emportait le général de
Caulaincourt – le frère du grand écuyer –
qui dans cette attaque, était tombé mortellement blessé
dans l'intérieur de la Redoute, et il passa devant nous, porté
par plusieurs cavaliers sur un manteau blanc de cuirassiers qu'il
couvrait de grandes taches de sang ».

    Le comte de Ségur
se tient près de l'Empereur lorsqu'on vient lui annoncer la
mort du général de Caulaincourt. « Le grand
écuyer, frère du malheureux général
écoutait : il fut d'abord saisi ; mais bientôt il se
raidit contre le malheur et, sans les larmes qui se succédaient
silencieusement sur sa figure, on l'eût cru impassible.
L'Empereur lui dit : « Vous avez entendu, voulez-vous vous
retirer ? » Il accompagna ces mots d'une exclamation de
douleur. Mais, en ce moment, nous avancions contre l'ennemi : le
grand écuyer ne répondit rien ; il ne se retirait pas ;
seulement il se découvrit à demi pour remercier et
refuser. »

    Sans cesse,
maréchaux, généraux, aides de champ, supplient
l'Empereur de faire donner la Garde « pour en finir ».
Chaque fois, il secoue la tête, chaque fois il répond :

    – La journée
sera longue, il faut savoir attendre... Le temps entre dans tout,
c'est l'élément dont toutes choses se composent... Rien
n'est débrouillé !

    Rapp, tout
ensanglanté – il a quatre balles dans le corps, en
outre, un biscaïen l'a frappé à la hanche et jeté
au bas de son cheval – est porté près de son
maître.

    – Alors,
Rapp, que fait-on là-haut ? lui demande-t-il.

    – Il
faudrait la Garde pour achever !

    – Non ! je
m'en garderai bien ! Je ne veux pas la faire démolir, je
gagnerai la bataille sans elle.

    – Sire,
supplie Daru de son côté, on s'écrie de toutes
parts que l'instant de faire donner la Garde est venu...

    – Et s'il y
a une deuxième bataille demain, riposte Napoléon, avec
quoi la livrerai-je ?

    On espère
cependant qu'il se réveillera, cédera aux supplications
et lancera l'ordre célèbre :

    – Faites
donner la Garde !

    Quelques murmures
se font entendre près de lui. Il les fait taire :

    – Nous
sommes à huit cents lieues de Paris et aux portes de Moscou.

    Enfin, son regard
s'anime... Mais il se contente d'envoyer vers la fournaise soixante
pièces de l'artillerie de la Garde. Il refusera ainsi, jusqu'à
la fin, de voir ses chers grognards s'enfoncer dans l'épouvantable
mêlée – et pourtant les Trois Flèches
manquent d'être reprises par les Russes. Ney et Murat s'y
maintiendront grâce à la division Friant qui n'a pas
encore combattu et entre dans la bataille comme à la parade.
Mais Friant tombe, sérieusement blessé et ses régiments
reculent. Le roi de Naples, dont l'uniforme est méconnaissable,
se précipite sur le colonel qui commande la retraite à
son régiment :

    – Que
faites-vous ? lui crie-t-il.

    L'officier lui
montre la terre couverte de morts, car la moitié de son unité
a été massacrée.

    – Vous voyez
bien qu'on ne peut plus tenir ici !

    – Eh ! j'y
reste bien, moi !

    – C'est
juste, répond froidement le colonel. Soldats ! Allons nous
faire tuer !

    – Soldats de
Friant, vous êtes des héros ! hurle Murat.

    Et le roi de
Naples se jette dans la mêlée, semblable « à
l'un de ces plus terribles dieux de l'Olympe ». Le
régiment le suit et s'élance dans des nuages de poudre
vers la fournaise aux cris de « Vive Murat ! ».
Enfin l'ennemi est repoussé et, des Trois

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