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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Flèches
partent maintenant les de deux cents pièces dirigées
contre la Grande Redoute, sans parler des canons du vice-roi Eugène,
à la droite du dispositif français qui, eux aussi,
pilonnent cette colline qui, aujourd'hui, est absolument écrêtée
par les boulets de l'artillerie française.

    « Dans
l'après-midi, racontera un colonel russe. lorsque le vice-roi
d'Italie se lança dans sa dernière attaque contre notre
redoute, le feu des fusils et des canons déchargés dans
toutes les directions la faisait ressembler à un volcan : les
sabres, les lattes, les baïonnettes, les casques et les
cuirasses brillaient sous les rayons éclatants du soleil
couchant : c'était un spectacle majestueux et terrifiant. »
Au milieu des tourbillons de feu et de fumée, sous la
mitraille qui tombe dru, les hommes de Koutouzov , comme « plantés
sur le terrain », se battent avec une férocité
et un courage que Napoléon ne peut s'empêcher d'admirer.

    – Lorsqu'un
soldat russe est tué, il faut encore le pousser pour qu'il
tombe, dira-t-il.

    Évoquant
plus tard la journée de la Moskova, il le répètera
à Sainte-Hélène :

    – Les Russes
se sont montrés dignes de rester invincibles !

    On voit Dimitri
Bibikov neveu de la princesse Koutouzov, et aide de camp du général
Miloradovitch – lever le bras en pleine bataille pour indiquer
au prince de Wurtemberg l'endroit où se trouve son général.
À cet instant, un boulet lui arrache le bras. En tombant de
son cheval, Bibikov lève l'autre bras et montre de nouveau la
même direction...

    Et la Grande
Redoute résiste toujours !

    Les cadavres et
même les corps des blessés forment un véritable
mur protégeant l'ouvrage. C'est seulement à 4 heures de
l'après-midi – les trois quarts des défenseurs
sont morts sur place – que la batterie Raïevski se tait.
La Grande Redoute est prise à la fois par les cavaliers de
Grouchy et par les baïonnettes du 9e de ligne d'Eugène.
Enfin, la bataille faiblit.

    – Que font
les Russes ? demande l'Empereur.

    – Ils
restent sur place, Sire.

    – Augmentez
le feu, ils en veulent encore, donnez-en !

    Certes, grâce
à la Garde, on pourrait tout achever et faire de Borodino la
grande victoire tant attendue et tant espérée.
Koutouzov pouvait être pris entre les deux ailes françaises
qui débordent alors le centre russe. Des officiers arrivent
successivement près de l'Empereur, lui demandant de faire
donner la Garde toujours massée derrière lui. On entend
le maréchal Lefebvre crier :

    – En avant
toute la Garde !

    L'Empereur se
retourne et se décide enfin :

    – Avancez
donc, foutus fouillons !

    Mais, quelques
instants plus tard, il change d'avis et rapporte l'ordre qu'il s'est
laissé arracher.

    – On
s'étonnera que je n'aie pas fait donner mes réserves
pour obtenir de plus grands résultats, expliquera-t-il ce même
soir. Mais j'ai dû les conserver pour frapper un coup décisif
dans la grande bataille que nous livrera l'ennemi devant Moscou. Le
succès de la journée était assuré. Je
devais songer au succès de la campagne et c'est pour cela que
je garde mes réserves.

    Mais il n'y aura
pas de grande bataille devant Moscou...

    Enfin les canons
cessent de vomir la mort. On s'est battu durant douze heures au
rythme de cent quarante coups de canon à la minute. Et l'on a
brûlé cent quarante mille cartouches. Des records encore
jamais atteints !

    Un lugubre silence
tombe avec la nuit sur le champ de bataille. L'immense plainte
poussée par les trente-cinq mille blessés monte des
collines et de la plaine. Treize mille des blessés russes ne
survivront pas. Et combien parmi les dix mille blessés
français, allemands ou italiens mourront loin de leur pays
!...

    Les survivants ont
faim et soif. En outre, ils frissonnent de froid. Vers chaque bivouac
trouant les ténèbres – des bivouacs où
l'on fait griller de la viande de cheval – les blessés,
les agonisants se meuvent l'ombre, s'avançant péniblement,
semblables à des spectres.

    Le lendemain,
Napoléon tracera ces lignes destinées à
Marie-Louise : « Ma bonne amie, je t'écris sur le
champ de bataille de Borodino. J'ai battu hier les Russes... »
Au même moment, Koutouzov écrivait à sa femme :
« Je me porte bien, mon amie, et je ne suis pas battu :
j'ai gagné la bataille. »

    La victoire russe
de Borodino ? Une victoire morale, peut-être. Comme l'a fort
bien dit l'historien russe, E. Tarlé : « L'armée
russe, dont la

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