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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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véritable
ravin bourbeux de la Kolocza, mais il parvient cependant à
occuper Borodino, tandis que, à droite, et à huit
reprises – Ney et Junot de front, Davout et Compans de flanc –
partent à l'assaut des trois fortifications « en
flèche » de Bagration. Certains soldats courent au
son de la Marseillaise , comme lorsqu'on « luttait
pour la liberté ». Contre les triples redoutes,
attaques et contre-attaques, effroyables mêlées, charges
infernales, corps à corps se succèdent. Au sein d'une
fumée obscurcissant le ciel, au milieu des boulets, on se bat
avec un acharnement encore jamais atteint. Un sergent, qui va bientôt
être blessé, s'exalte : « La mitraille nous
criblait et les boulets enlevaient nos files... Le soleil brillait
sur nos têtes... La musique, le bruit de la caisse, le canon,
la mousqueterie, les cris des vainqueurs électrisaient l'âme
et la portaient à un sentiment d'ivresse inexprimable... »
Une pluie de feu s'abat sur les isbas du village de Semenovskaïa.
Les arbres sont déchiquetés et les maisons brûlent.

    Le bruit des
canons ennemis était tel, dira de son côté un
officier russe, que nous n'entendions même pas la fusillade –
ce bruit des canons qui « assourdissait »
encore à cinq kilomètres du champ de bataille. Bientôt
Compans, grièvement blessé, abandonne. Davout met
l'épée à la main mais son cheval est tué.
Le maréchal tombe, perd connaissance, revient à lui,
mais c'est Murat qui achèvera le travail. On se bat au fusil,
au sabre, à la baïonnette, à la grenade, certains
font même usage de « leurs poings et de leurs
bâtons ». Du haut d'un remblais, au centre d'une des
Flèches, Bagration admire le courage des grenadiers français
et leur crie : « Bravo !... Bravo!... »,
tandis que de nombreux défenseurs du triple fortin sont
mortellement frappés. Le général Toutchkov et sa
« réserve » placée en embuscade
se battent à l'orée de la forêt d'Outitza. Ils
ont d'ailleurs eu le tort de sortir prématurément de
leur « cachette ».

    Napoléon,
qui ne cesse de prendre des pastilles contre ses maux de gorge, se
fait servir à 10 heures un grog bouillant. Entre deux gorgées,
il ordonne de concentrer le tir de quatre cents canons contre les
redans de Bagration. Enfin, l'une après l'autre, les Flèches
tombent entre les mains de Murat et de Ney. « C'est alors,
nous raconte le Russe Glinka, l'un des combattants de la journée,
que le grand événement eut lieu. Bagration a deviné
les projets de Napoléon : s'emparer de la gauche ennemie, puis
se rabattre vers le centre. Aussi entreprend-il un magnifique exploit
: « Un ordre et toute l'aile gauche russe, dans toute sa
longueur, s'ébranle et court baïonnette au canon. »

    L'assaut est
brisé.

    Non seulement par
le feu nourri de l'artillerie napoléonienne, et par les
charges de la cavalerie de Murat qui balaient le plateau, mais
surtout parce qu'une nouvelle court comme une traînée de
poudre à travers toute l'aile gauche centriste : le prince
Bagration, frappé d'une blessure qui deviendra mortelle,
glisse lentement de son cheval, le tibia fracassé 11 .
On l'entend murmurer :

    – Dites au
général Barclay que le sort de l'armée est entre
ses mains.

    Koutouzov le
remplace par le général Dokhtourov, qui, aussitôt,
demande des renforts, mais l'aide lui sera refusée.

    Il est midi.

    Spectacle
inattendu : « Avant de gagner la plaine, a raconté
von Leissnig, nous nous trouvâmes une fois de plus dans un
creux de terrain où les obus de l'ennemi ne pouvaient nous
atteindre. Toute une foule de vivandiers cossus et de financières
apeurées, ordonnances vantant leurs exploits, avaient trouvé
en cet endroit un asile bienfaisant contre la mitraille impitoyable
et un abri frais et ombragé contre la chaleur de cette
journée. »

    Tandis que le
malheureux Bagration est emporté hors du champ de bataille en
troïka, les Trois Flèches sont occupées par les
troupes françaises. La lutte fait maintenant rage devant le
ruisseau et les isbas en flammes de Semenovskaïa :
« L'imagination la plus fertile, a raconté le
général Mikhaïlovsky, ne peut se représenter
l'effet destructeur de la canonnade qui déferlait. Des
grenades éclataient dans l'air et à terre, et les
boulets sifflaient, pleuvaient de toutes parts, labouraient la terre
de leurs ricochets, faisaient éclater tout ce qu'ils
rencontraient dans leur vol. Les soldats russes considéraient
le

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