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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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parade 21 , suivent Napoléon qui avance à pied, un bâton
ferré à la main. Il faut lire le récit de Denis
Davydov qui, avec ses volontaires, combat aux côtés de
l'armée de Koutouzov : « La Vieille Garde, au
milieu de laquelle se trouve Napoléon, approche... Nous
enfourchons nos montures et nous nous plaçons près de
la grand-route. Apercevant nos bandes bruyantes, l'ennemi arme ses
fusils et continue fièrement sa marche, sans presser le pas.
Tous nos efforts pour détacher un seul soldat de ses colonnes
serrées restent vains : les hommes, comme taillés en
granit, méprisent toutes nos tentatives et restent intacts. Je
n'oublierai jamais la démarche libre, aisée et l'allure
menaçante de ces guerriers éprouvés par tous les
aspects de la mort. Avec leurs bonnets à poil, leurs uniformes
bleus aux sangles blanches, leurs plumages et leurs épaulettes
rouges, ils ressemblent à des pavots dressés sur un
champ de neige. Nos cosaques ont l'habitude de galoper autour de
l'ennemi, lui arrachant des bagages et des canons qui traînent
et encerclent les compagnies éparpillées ou détachées.
Mais ces colonnes-là restent inébranlables. En vain,
les colonels, les officiers, les sous-officiers ou les simples
cosaques foncent-ils sur elles : les colonnes s'avancent l'une après
l'autre nous chassant à coups de feu et se moquant de nos
raids inutiles... La Garde de Napoléon passe parmi nos
cosaques comme un navire armé de cent canons passe parmi les
barques de pêcheurs. »

    Le mercredi 18
novembre, à Doubrovna – bourgade habitée
surtout par des juifs – Napoléon s'installe au château
de la princesse Lubomirska. À une heure du matin, très
abattu, il appelle auprès de lui le général Rapp
:

    – Mes
affaires vont bien mal, lui dit-il, ces pauvres soldats me déchirent
le cœur ; je ne puis cependant y porter remède.

    Certains chefs de
l'armée l'ont profondément déçu :

    – Quels rois
de théâtre, s'exclame-t-il ! Sans énergie, sans
codage, sans force morale ! Comment ai-je pu me méprendre à
ce point ? À quels hommes me suis-je confié ! Pauvre
Ney, avec qui t'ai-je appareillé !

    Il est, en effet,
fort inquiet : on se trouve sans nouvelles de Ney qui commande
toujours l'arrière-garde. Celui qui, rappelons-le, a reçu
le titre de prince de la Moskova est séparé du gros de
l'armée et se trouve entouré par des forces bien
supérieures. Le général Miloradovitch lui envoie
un parlementaire pour le sommer de mettre bas les armes. Devant cette
exigence, Ney hausse les épaules, mais l'officier russe lui
assure qu'on ne lui proposerait rien qui fût indigne de sa
grande valeur :

    – Cette
capitulation est nécessaire, précise-t-il, les autres
corps d'armée vous ont abandonné, et vous êtes en
présence d'une armée de quatre-vingt mille hommes.

    Pour toute
réponse, et sans vergogne, le maréchal Ney fait
prisonnier le parlementaire, puis, ses régiments formés
en colonnes, marche droit à l'ennemi : « La
division Ledru est mise en bataille, nous rapporte Fezensac, et ses
pièces de canon répondent au feu de nombreuses
artilleries russes. Pendant ce temps, je rallie ce qui reste de mon
régiment sur la grand-route où les boulets nous
atteignent encore... »

    Tous regardent
Ney, et personne n'ose l'interroger. Enfin, le maréchal
s'approche de son officier d'état-major :

    – Nous ne
sommes pas bien.

    – Qu'allez-vous
faire, monsieur le Maréchal ?

    – Passez le
Dniepr.

    – Où
est le chemin ?

    – Nous le
trouverons.

    – Et s'il
n'est pas gelé ?

    – Il le
sera.

    En pleine nuit,
Ney se dirige vers le Dniepr, en abandonnant à l'ennemi son
artillerie, des voitures de toutes espèces et les blessés
qui ne peuvent plus marcher. La glace est si peu épaisse que
seul un petit nombre de chevaux parvient sur l'autre rive : « Tout
autour de nous, a raconté le général Freytag, on
voit des malheureux enfoncer avec leurs chevaux dans la glace, jusque
par-dessus leurs épaules, et réclamant de leurs
camarades du secours qu'ils ne peuvent pas leur donner sans s'exposer
à partager leur triste sort. »

    Et Ney reprend sa
marche, mais la nuit suivante, les boulets et la mitraille font à
nouveau de grands ravages parmi ces régiments fantômes.
Un officier supérieure russe leur crie :

    – Rendez-vous,
rendez-vous, toute résistance est inutile !

    – Les
Français combattent, mais ne se rendent pas ! répond le
général Ledru des Essarts.

    Les

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