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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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être préparé à tout détruire
afin de ne pas laisser de trophées à l'ennemi.
J'aimerais mieux manger avec mes doigts pendant le reste de la
campagne que de laisser aux Russes une fourchette à mes armes.
Entendez-vous avec Duroc pour ce qui est de mon service mais sans en
parler à personne d'autre. Je n'ai parlé qu'à
vous et à lui. Il faut s'assurer si mes armes et les vôtres
sont en bon états car il faudra se battre.

    On incendie les
voitures qui ne peuvent plus être traînées, on met
le feu à une partie des équipages impériaux, et
l'on enflamme jusqu'aux fourgons contenant les archives, afin
d'atteler le plus possible de chevaux valides aux canons et aux
caissons de munitions. Le 22 novembre, à Tolochire, l'Empereur
signe cet ordre du jour : « Les bagages seront réduits.
Tout officier général ou d'administration qui a encore
plusieurs voitures en brûlera la moitié et remettra les
chevaux au parc d'artillerie » ...qui n'existent plus.

    Le comte Daru
brûle les papiers de l'Empereur, même les traités
les plus secrets. Son secrétaire lui montre un document
enfermé dans une belle boîte de vermeil et lui fait
remarquer :

    – Il n'en
existe point de copie à Paris.

    – C'est
égal, s'exclame Daru : brûlez !

    Le 23 novembre, à
16 heures, l'Empereur arrive à Bohr et ordonne la formation de
quatre compagnies de gardes d'honneur, fortes chacune de cent
cinquante hommes, composées de tous les officiers de cavalerie
montée. C'est l'Escadron sacré, ayant à sa tête
le roi Murat et le général Grouchy rétrogradé
colonel, tandis que les généraux de division sont
transformés en capitaines ou lieutenants. Ce jour-là,
les aigles de tous les corps sont jetées dans les flammes, ces
emblèmes que l'Empereur avait remis à ses soldats au
camp de Boulogne. « Quel tableau que l'incendie des aigles
! » s'exclame Constant en relatant la scène.

    Et la retraite
continue. Les trois quarts des généraux n'ont plus de
chevaux. Sept à huit cents officiers suivent à pied en
marchant dans le plus profond silence.

    *****

    Koutouzov poursuit
sa tactique de harcèlement. Il est tout heureux, en attaquant
l'arrière-garde française, de lui avoir enlevé
deux drapeaux, quarante-cinq canons, six mille prisonniers, dont deux
généraux, et une quantité impressionnante de
bagages. Cependant, le tsar n'est pas satisfait et écrit au
feld-maréchal une lettre sévère : « Je
vois avec regret que l'espoir de soulager la tristesse générale
causée par la perte de Moscou, en barrant à l'ennemi la
route du retour, est totalement perdu. Votre inaction
incompréhensible après l'heureux combat de Taroutino,
qui nous fit perdre tous les profits qu'il présageait, et
votre retraite inutile et nuisible jusqu'à Gontcharovo, après
la bataille de Malo-Iaroslavetz, ont anéanti tous les
avantages de notre situation, car vous aviez toute la possibilité
de faire précipiter la retraite de l'ennemi à Viasma et
de cette manière couper la route au moins à trois corps
d'armée de Davout, de Ney et du vice-roi qui combattaient
là... »

    « À
présent, poursuit-il, à cause de vos négligences,
vous exposez le corps d'armée du comte de Wittgenstein à
un danger manifeste, car Napoléon, ayant laissé devant
vous les trois corps d'armée mentionnés qui sont les
seuls que vous poursuivez, sera en état de renforcer par Sa
Garde l'ancien corps de Saint-Cyr et d'attaquer le comte de
Wittgenstein avec des forces supérieures. »

    L'intendant de
l'armée napoléonienne Louis-Guillaume de Puybusque sera
fait prisonnier et, dans une longue conversation avec celui-ci, le
maréchal Koutouzov semble répondre au tsar, en
déclarant à son captif :

    – J'ai fait
périr vos chevaux de faim, sur la route de Viasma à
Smolensk, je savais par là que ce qui vous resterait
d'artillerie, vous seriez forcés de me l'abandonner dans cette
dernière ville : la chose est arrivée comme je l'avais
prévue. En partant de Smolensk, vous ne pouviez plus m'opposer
ni cavalerie ni artillerie ; mon avant-garde vous attendit près
de Krasnoé, avec cinquante pièces de canon. Voulant
vous détruire sans éprouver de résistance,
j'avais ordonné de ne tirer que sur les queues de colonnes et
de n'envoyer la cavalerie que sur des corps ébranlés :
votre Bonaparte m'a servi au-delà de mes espérances, en
mettant une journée d'intervalle entre chacun de mes corps
d'armée. Sans que mes troupes aient quitté

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