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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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exclamé Worozov, que ce monstre de Napoléon
puisse maintenant éviter la mort ou la captivité !

    Le soir du
mercredi 25 novembre, l'Empereur s'installé dans la métairie
du Vieux-Borissov où demeure le baron Korsach, l'intendant de
la famille Radziwill. La maison – je l'ai appris lors de mon
passage – a été démolie pendant la
dernière guerre et, sur ses poutres, on pouvait encore lire
les noms que certains membres de la suite impériale avaient
gravés au couteau, comme les soldats de Bonaparte sur les murs
de Philae...

    Napoléon,
accompagné de Caulaincourt, s'avance sur la partie du pont de
Borissov qui n'a pas sauté.

    L'ouvrage a été
détruit à trois endroits. Il ne sera pas reconstruit.
Aujourd'hui, un autre pont a pris sa place, à vingt mètres
en aval. Mais l'on devine encore, sous l'eau, les chevalets calcinés
du pont incendié par les Russes le 23 novembre 1812.

    Les deux hommes
s'arrêtent sur la première brèche. Au-dessous
d'eux roule le flot noir de la Bérézina dont les eaux –
elles ne sont pas encore prises par le gel – charrient
d'énormes glaçons. Des îlots bas divisent la
rivière en de multiples bras et les rives marécageuses
portent la distance à franchir à plus de sept cents
mètres. En face d'eux, sur la rive droite – vers la
route qui conduit actuellement à la gare de Borissov –
les batteries de l'amiral Tchitchagov tiennent sous leurs feux
l'emplacement de l'ancien pont. Il ne peut donc être question
de reconstruire l'ouvrage et de franchir la rivière à
cet endroit d'autant plus que les Russes occupent la rive droite. Il
faut donc chercher un gué tout en « battant
l'estrade » à Borissov même, afin de faire
croire aux Russes que l'on se prépare à réparer
à la fois le pont détruit et à ménager un
autre passage en descendant la rivière vers le Dniepr.

    Trouver un gué
! Et rapidement, car le temps presse.

    Si l'amiral
Tchitchagov se contente d'observer les Français, Wittgenstein,
lui, peut d'un instant à l'autre attaquer violemment le corps
de Victor, tandis qu'il est loisible à Koutotzov, s'il voulait
bien avancer à marche forcée, de se lancer à
l'assaut à la fois de l'arrière-garde et du flanc
gauche de la Grande Armée – ou plutôt de ses
débris.

    C'est alors
qu'intervient un hasard miraculeux. Le général
Corbineau remonte avec sa brigade fantôme les rives boisées
de la rivière et se cache dans la forêt. Sous le
couvert, il rencontre un paysan lituanien dont le cheval est trempé
jusqu'au poitrail. Il y a donc dans ce secteur un gué. Le
paysan – de gré ou de force – accepte de conduire
le général devant un endroit situé à cinq
lieues au-dessus de Borissov, devant le village de Studianka et en
face du hameau de Bytchi. Là, en dépit d'un rive droite
marécageuse – elle est aujourd'hui assainie et plantée
d'arbres –, on peut, en effet, traverser la Bérézina
en ayant seulement de l'eau jusqu'aux aisselles. Sur l'autre rive, on
voit une chaussée qui traverse un marais qui, étant
gelé, semble praticable.

    Corbineau se jette
courageusement dans l'eau glacée, perd soixante-dix cavaliers
emportés par le courant, mais la majeure partie de sa brigade
parvient à prendre pied sur la rive droite de la rivière.
Il est donc possible, pour rejoindre la rivière, de construire
à cet endroit des ponts sur chevalets. Napoléon donne
l'ordre aussitôt au général du corps du génie
Eblé et au général Dode, commandant le génie
du corps de Victor, de se mettre au travail, tandis que l'on
continuera à « amuser » les Russes
devant Borissov.

    Dès la nuit
du mercredi 25 au jeudi 26 novembre, quatre cents pionniers se
trouvent à pied d'œuvre et, complètement nus, de
l'eau jusqu'aux épaules, se mettent à construire des
chevalets grâce aux poutres des maisons abattues de Studianka,
et à les poser sur le lit fangeux de la Bérézina
– et cela sans prendre garde aux glaçons que charrie la
rivière. Quelques-uns tombent morts et disparaissent dans le
courant, mais le spectacle de cette fin tragique n'amollit nullement
l'énergie de leurs camarades.

    L'Empereur a fait
placer en batterie quarante canons destinés à protéger
les travaux. Pour encourager les pontonniers, il les excite lui-même
en mettant « le pied sur chaque planche qui vient d'être
posée ». Un témoin remarque que Napoléon
« a l'air d'être fatigué et inquiet ».
On le serait à moins !

    Cependant, de
l'autre côté de la

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