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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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ah oui !
    – Tenez-vous tranquille ! je vous l’ai déjà dit, s’écria Adolphe furieux.
    – Comme nous prend’la mouche ! nous nèg’s blancs ! Regardez-nous, vous autr’ ! – Et Sambo singea d’une façon grotesque les manières d’Adolphe. C’est ça des airs, et des grrrâces ! Nous sommes été dans une bonne maison, que je suppose ?
    – J’avais un maître, dit Adolphe, qui aurait pu vous acheter tous, rien qu’en échange de ses vieux rebuts !
    – Seigneur ! pensez un peu, dit Sambo ; nous être gentilhomme ! grande noblesse !
    – J’appartenais à la famille Saint-Clair, reprit Adolphe avec orgueil.
    – Vrai !… Moi vouloir être pendu si eux pas contents se débarrasser de vous ! Une chance, quoi ! Peut-être bien vous va être troqué contre un lot de pots cassés et vieilles théières fêlées ! » dit Sambo, avec une provocante grimace.
    Adolphe, poussé à bout par ces railleries, s’élança sur son adversaire, jurant et le frappant à tour de bras. Les autres riaient, applaudissaient : le tumulte attira le gardien.
    « Qu’y a-t-il, garçons ? À l’ordre ! à l’ordre ! » dit-il comme il entrait, en faisant claquer son long fouet.
    Tous s’enfuirent de différents côtés, excepté Sambo ; enhardi par la faveur dont il jouissait comme bouffon en titre, il maintint son terrain, faisant un plongeon de la tête avec une facétieuse grimace, toutes les fois que le gardien arrivait sur lui.
    « Seigneur maître, c’est pas être nous ; – nous bien tranquilles ; – c’est nouveaux venus, là ; – être méchants, colères ! – toujours après pauv’ monde ! »
    Sur ce, le gardien se tourna vers Tom et Adolphe, distribua, sans plus d’enquête, quelques coups de pieds et de poings ; et, après une recommandation générale d’être bons enfants et de dormir, il s’en alla.
    Tandis que cette scène se passait au dortoir des hommes, jetons un coup d’œil dans l’appartement des femmes. Là, étendues sur le plancher, gisent, en diverses attitudes, d’innombrables créatures endormies, de toutes couleurs, depuis le noir d’ébène jusqu’au blanc de l’ivoire, de tout âge, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Ici, c’est une belle fille de dix ans, dont la mère a été vendue hier, et qui a tant pleuré, sans que personne prit garde à elle, qu’elle a fini par s’endormir. Là, c’est une vieille négresse usée, dont les bras amaigris, les doigts rugueux témoignent de durs travaux : article de rebut, elle sera vendue demain pour ce que l’on en voudra donner. Une cinquantaine d’autres, la tête enveloppée de couvertures, ou bizarrement accoutrées, se groupent alentour. Mais, dans un coin, deux femmes se tiennent à l’écart. L’une, mulâtresse de quarante à cinquante ans, proprement vêtue, a une physionomie aimable et des yeux doux et limpides ; elle porte en turban un beau et fin madras ; sa robe bien ajustée, de belle et bonne étoffe, montre qu’une maîtresse attentive a pourvu à sa toilette. Serrée contre elle, et blottie comme en un nid, est une enfant de quinze ans, – sa fille. C’est une quarteronne au teint clair ; mais sa ressemblance avec sa mère n’en est pas moins frappante : ce sont les mêmes yeux doux et noirs, voilés de long cils, la même chevelure brune opulente et bouclée. Sa mise est aussi d’une grande netteté, et ses mains blanches et délicates n’ont évidemment jamais fait de travaux serviles. Toutes deux doivent être vendues demain, dans le même lot que les domestiques de Saint-Clair. Le propriétaire, auquel le montant de la vente sera transmis, est membre d’une église chrétienne à New-York. Il recevra l’argent, et sans plus y penser se présentera à la table du Seigneur, du Dieu, qui est aussi leur Dieu à elles !
    Suzanne et Emmeline étaient attachées au service personnel d’une pieuse et charitable dame de la Nouvelle-Orléans, qui les avait instruites et élevées avec le plus grand soin. On leur avait enseigné à lire, à écrire ; on les avait entretenues des vérités de la religion, et leur sort avait été aussi heureux qu’il pouvait l’être. Mais le fils unique de leur protectrice, chargé de faire valoir les biens, les avait compromis avec insouciance par une folle prodigalité, et venait de faire faillite. La respectable maison des frères B. et compagnie, de New-York, ayant une des plus fortes créances, les chefs

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